Deux transatlantiques pour monter en puissance
Un aller-retour en Guadeloupe, une qualification pour la Route du Rhum et l’occasion de tester et fiabiliser tous les aspects modifiés pendant le chantier d’hiver… En l’espace de trois semaines, l’Ultime a navigué environ 7 600 milles. Armel Le Cléac’h et le Team Banque Populaire ont ainsi engrangé une expérience précieuse à quatre semaines de la première compétition de l’année, la Finistère Atlantique.
La sensation d’avoir franchi un cap. Le mercredi 4 mai dernier, il avait quitté Lorient afin de rejoindre la Guadeloupe 8 jours plus tard en ‘faux solo’ (avec trois équipiers et un mediaman). Le retour a eu lieu le samedi 21 mai dernier en équipage (6 personnes) jusqu’à Horta, aux Açores. Là, le skipper a pris la barre, seul, pour effectuer sa qualification pour la Route du Rhum et rallier Lorient.
Au total, environ 7 600 milles ont été parcourus, soit l’équivalent de deux transatlantiques. « Le bilan est très positif et nous n’avons eu aucun problème technique à signaler, souligne le skipper. Nous continuons à dérouler notre planning et notre job-list comme nous l’avions prévu ». Plus que jamais, il savoure « le privilège de naviguer à bord d’un tel bateau » et le « plaisir pris à chaque navigation ». « On tutoie les 30 nœuds de vitesse avec seulement 15 nœuds de vent, tout en se sentant en sécurité à bord. C’est particulièrement grisant ! »
« Gagner en fluidité et en performance »
Une façon d’entrer de plain-pied dans la deuxième saison du Maxi Banque Populaire XI, mis à l’eau il y a un an. Ces longues navigations ont eu valeur de « tests grandeur nature » dixit le marin et ont permis de « constater les améliorations réalisées lors du chantier d’hiver ». Plusieurs aspects ont ainsi été optimisés : la performance – avec l’amélioration de la qualité des foils et des appendices -, l’ergonomie et le confort (aménagement de la zone de vie, siège de veille afin d’être adapté au solitaire) ainsi que des « petits détails » en matière d’électronique, d’hydraulique, de mécanique et de gréement.
« Cela nous permet de gagner en fluidité et de rendre le fonctionnement global plus agréable », atteste Armel. En matière de performance, justement, le Maxi Banque Populaire XI a montré l’étendue de ses capacités. « Nous avons eu des conditions variées, ce qui nous a permis d’utiliser toutes les voiles. On a eu jusqu’à 30-35 nœuds de vent au portant, en vent de travers et le bateau arrive à conserver une vitesse moyenne conséquente ».
En solo, une première réussie
Un constat qui se confirme autant en équipage qu’en solitaire. Si Armel Le Cléac’h a effectué l’intégralité des navigations depuis la mise à l’eau du bateau l’an dernier, il n’avait encore jamais pris la barre seul à bord de cet Ultime. Le trajet Horta-Lorient – 1 500 milles parcourus en l’espace de trois jours – marque donc la suite de ce que le Breton appelle « la mise en orbite » du Maxi Banque Populaire XI. « Tout s’est fait de façon très progressive. Pendant les premières heures, je me disais qu’il fallait être encore plus concentré. Et j’ai rapidement constaté que tout ce que nous avons réalisé jusque-là me servait beaucoup » assure Armel.
Un collectif rôdé pour la Finistère Atlantique
Avant ces dernières nuits en solitaire, c’est en équipage qu’il avait effectué la première partie du retour. Six personnes étaient donc à bord : Sébastien Josse, skipper remplaçant et membre de la cellule performance, Ronan Lucas (directeur du Team Banque Populaire), Pierre-Emmanuel Hérissé (directeur technique) ainsi que deux autres marins d’expérience, Thierry Chabagny – figariste de renom et notamment détenteur du Trophée Jules Verne avec Loïck Peyron sur Banque Populaire V en 2012 – et Quentin Ponroy, dessinateur de voiles à North Sails et régatier confirmé. « C’était important de naviguer en mode course et que l’on trouve ensemble nos marques à bord ». Un collectif rôdé pour la première course de l’année : la Finistère Atlantique, une boucle d’environ 3 600 milles entre Concarneau, les Canaries et les Açores.
« Cette course, c’est la prochaine étape. Après avoir progressé et poussé davantage notre connaissance du bateau, il n’y a rien de mieux que de se confronter aux autres », assure Armel. Et le marin de prévenir : « il convient de rester humble. Nous savons que nos adversaires ont aussi beaucoup travaillé ces derniers mois. La Finistère Atlantique permettra de donner un premier aperçu des forces en présence et du niveau de préparation de chacun ».
D’ici le départ, le vendredi 1er juillet prochain à Concarneau, le programme sera studieux pour le Team Banque Populaire. Le bateau sera immobilisé dans les deux prochaines semaines. « Il y a certains détails que l’on doit encore optimiser », souligne Armel. Ensuite, un stage aura lieu à Port-La-Forêt avec les autres Ultimes. Puis, direction Concarneau pour le départ de la course. Avec l’enthousiasme toujours intact, Armel l’assure : « on a déjà hâte d’y être »