Une édition anniversaire exceptionnellement dure
Ce ne sont pas forcément les vainqueurs qui ont levé les bras haut vers le ciel sur la ligne d’arrivée de cette 10e Transquadra Madère Martinique. Pourquoi ? Parce que si la compétition est bien le fil rouge que suivent tous les quadrasailors, ce que ces amateurs (très) éclairés ont trouvé sur cette transat, c’est la puissance de l’aventure. Les conditions météo très dures rencontrées tout au long de ces deux semaines de traversée ont en effet élevé cette édition anniversaire au rang de véritable défi humain.
C’est « La plus belle aventure de ma vie », lâchait Paolo Mangione (Ciao Ciao) avec humilité et émotion à son arrivée. « Dans un sport où tu risques ta vie, il y a bien sûr la compétition, mais il y a surtout une dimension humaine unique de bienveillance, de solidarité, d’humilité, d’engagement. Cet état d’esprit, je l’ai découvert sur la Transquadra, j’en suis vraiment heureux et touché », analyse le régatier émérite Bernard Mallaret (Euro-Voiles).
« Si on ne veut pas de stress, des montées d’adrénaline, on ne vient pas sur la Transquadra ! Ça fait partie des joies de la voile. Il y a beaucoup d’amoureux de la voile qui aimeraient faire cette course, nous avons la chance de pouvoir y participer. Avec une bande de copains extraordinaires en plus. C’est …magnifique ! », positive l’expérimenté Philippe Gaudru (Jokari).
Tous sonnés par la dureté de la course
Et pourtant, ils sont tous bel et bien arrivés sonnés et épuisés par la dureté de ces deux semaines de course : ils n’ont eu aucun répit. Ils étaient venus, la fleur au tangon, chercher soleil et alizés, ils ont été cueillis par deux dépressions suivies d’une chaine de grains scélérats.
Même les plus aguerris ont souffert : « il y a eu zéro plaisir », lance Olivier Grassi (Grassi Boats), « même sur la Route du Rhum ou la Québec – Saint Malo, c’était moins dur… ».
Tous sont absolument unanimes.
Bref, s’il ne fallait retenir qu’un qualificatif pour cette 10e Transquadra Madère Martinique : ce serait « dure ».
Victoires magistrales et humbles à la fois
Cette édition aura aussi été marquée par des victoires magistrales : celle notamment des Normands Noël Racine et Ludovic Sénéchal (JOK 10.30 – Foggy Dew) incontestables leaders de cette 2e étape. Ils l’emporteraient au général avec 10h35 d’avance sur les performants et discrets bizuths de l’Atlantique (vainqueurs de la 1ere étape) Jean Passini et Dominique Dubeau (JPK 10.10 – SNA Numerobis).
Les très affûtés Gérard Quenot/Jérôme Apolda (Blue Skies) complètent ce podium.
Noël Racine : « C’est l’aboutissement de quatre ans de préparation. C’était la course que l’on voulait gagner, absolument. Ou au moins faire un podium. J’ai acheté ce bateau pour ça. Ce n’est pas la Route du Rhum, mais c’est un accomplissement. »
Engagé, sans limite, explosif… Alex Ozon (Sun Fast 3300 – Sapristi) décrocherait, à sa façon et sans grande surprise, la palme en solitaire, avec son brio et son humilité habituels. Compétiteur dans l’âme, le Charentais élude cependant les questions sur sa victoire. Pour lui, l’essentiel n’est pas là. Son plaisir, c’est de repousser ses limites, pas de récolter des lauriers.
Le Brestois Pierrick Penven (Sun Fast 3200 – Zéphyrin), l’un des artisans de la route de l’extrême nord grimpe avec bonheur sur la 2e marche de ce podium solitaire, complété par le Corse Arnaud Vuillemin (JPK 10.10 – Jubilations Corses), brillant vainqueur de la première étape.
Radieux et étonnés de leur performance, Antoine et Julien Lacombe (JPK 10.10 – Bidibulle) devraient grimper sur la plus haute marche du podium double Méditerranée. La flotte de sudistes a bataillé de façon relativement groupée sur cette transat. Les deux frères ont su mettre le curseur suffisamment haut tout au long de cette traversée, tout en jouant finement avec les règles IRC : ils avaient ainsi fait le choix de ne pas prendre de génois pour gagner quelques points de rating. Pari gagnant.
Deux fois vainqueurs en temps réel, Bruno Maerten et Olivier Guillerot, à la barre de leur Figaro 2 « Shamrock V », ont été de grands animateurs de cette flotte. Ils terminent 2e de ce classement général compensé, suivis du duo Jean-Christophe Petit/Grégoire Comby (Sun Fast 3200 – Gilolo).
Antoine et Julien Lacombe : « C’était notre première transat. Cette course, c’est vraiment l’aventure d’une vie. On a acheté le bateau pour ça. Le projet est extrêmement réussi, on est super contents. Avec, en plus, un résultat sportif au-delà de nos espérances ! »
A 14h ce lundi, la moitié de la flotte (34 bateaux) est à quai, au Marin. La majorité des concurrents encore en course n’est plus qu’à 200 milles du but, mais cette fin de parcours reste jalonnée de grains salés…
Classements généraux provisoires en temps compensé
Double Méditerranée
1er Antoine et Julien Lacombe (JPK 10.10 – Bidibulle) en 24j 23h 39min 54s
2e Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Figaro 2 – Shamrock V) en 25j 04h 41min 26s
3e Jean-Christophe Petit/Grégoire Comby (Sun Fast 3200 – Gilolo) en 25j 05h 49min 46s
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Double Atlantique
1er Noël Racine et Ludovic Sénéchal (JOK 10.30 – Foggy Dew) en 20j 22h 03min 49s
2e Jean Passini et Dominique Dubeau (JPK 10.10 – SNA Numerobis) en 21j 12h 38min 20s
3e Gérard Quenot/Jérôme Apolda (JPK 10.30 – Blue Skies) en 21j 12h 38min 20s
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Solitaire
1er Alex Ozon (Sun fast 3300 – Sapristi) en 20j 23h 48min 06s
2e Pierrick Penven (Sun Fast 3200 – Zéphyrin) en 21j 01h 41min 14s
3e Arnaud Vuillemin (JPK 10.10 – Jubilations Corses) en 21j 06h 34min 26s
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