Les Havrais Noël Racine / Ludovic Sénéchal (JPK 10.30 – Foggy Dew) et Alex Ozon (Sun Fast 3300 – Sapristi) ont franchi la ligne d’arrivée de la 2e étape de la Transquadra Madère Martinique ce samedi après-midi à 16h41 heure métropole pour le duo de Normands et 2 minutes plus tard pour le solitaire charentais. Ils l’emportent a priori aussi en temps compensé, dans leurs classements respectifs : doubles Atlantique et solitaires.
Pour Noël Racine et Ludovic Sénéchal (Foggy Dew) le classement général semble être également acquis. Quant à Alex Ozon (Sapristi) ce sera à confirmer une fois que ses concurrents directs seront eux aussi amarrés au Marin.
Quoiqu’il en soit, ces trois marins-là ont réalisé une course magnifique et engagée. Bravo à eux !

Quel spectacle ! Deux vainqueurs au coude à coude, un final pimenté d’un grain, une jolie cuiller par l’intérieur de la part de Noël Racine et Ludovic Sénéchal (Foggy Dew) qui terminent ainsi cette 2e étape de la Transquadra Madère Martinique grands vainqueurs au scratch. Un leadership qu’ils ont d’ailleurs tenu quasiment de bout en bout depuis Madère, même si Alex Ozon (Sapristi) avait réussi à le leur emprunter la nuit dernière, avec son talent et son énergie. Bref, ils sont arrivés épuisés, heureux, bien sûr, même s’il va falloir un peu de temps de décompression et de repos pour vraiment déguster ces victoires décrochées de haute lutte après 14 jours de course difficile.

Récits.

Alexandre Ozon (Sapristi)

Tu dis que tu es épuisé depuis deux jours déjà…

« Je suis allé beaucoup plus loin que ce que je pensais. Dès le départ on est partis fort ! J’ai pas mal envoyé… et au bout de deux jours et demi de course j’ai eu des problèmes de support de pilote. Je suis passé sur le pilote n°2 : il marche moins bien, j’ai donc perdu confiance. J’ai passé du temps à chercher des solutions pour ça. J’avais aussi des problèmes de réception de fichiers météo.
Alors, quand j’ai vu l’option très nord de Noël et Ludovic, c’était trop tard pour moi. Foggy Dew, c’est un magicien du plan d’eau ! Moi j’étais accaparé par mes problèmes de fixation de pilote… J’ai eu un peu peur que Pierrick Penven (Zéphyrin) et Paolo Mangione (Ciao Ciao) passent, surtout qu’ils sont très bons en stratégie et ils vont vite. Après, j’ai quand même réussi à contourner les systèmes météo. Difficilement, mais c’était le seul moyen. J’ai mûlé… »

Pas de gros soucis techniques ?

« Je n’ai pas eu de soucis techniques, à part le support de pilote. Même les spis sont ok, et pourtant j’ai tiré dessus ! Le dernier grain on a pris 36,5 nœuds avec Foggy Dew : on était à fond ! Je suis monté à 20,6 nœuds, le pont était sous l’eau… Et là tu ne lâches plus la barre et… tu ne sais pas ce qui va se passer ! Tant que ça tient, ça tient et si ça se barre en sucette… ça se barre en sucette ! Et on est resté comme ça tout le grain. J’étais GV haute et sous spi lourd. »
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Deux Transquadra et a priori deux victoires : c’est quoi la suite ?

« Houlà là on va attendre les autres déjà et, surtout, là je vais me reposer (vous avez bien entendu, il l’a dit ! ndlr). La nuit dernière encore je n’ai pas dormi… mais j’ai réussi à passer devant Noël et Ludovic. Donc, au programme : 10 jours de vacances avec ma famille ! »

Heureux ?

« Oui ! Mais très frustré d’avoir été contraint de jouer une option nord. Après deux ans de Covid, tu attends de surfer dans les alizés en claquettes et en short. Il n’a pas fait beau, il y avait des grains, il faisait froid. C’était tout le temps humide… Ce n’était vraiment pas ce que l’on était venus chercher. Sur une Transat Jacques Vabre, une Route du Rhum ok, mais nous ce que l’on veut, c’est s’éclater dans les alizés !
En fait, pour moi, ce n’était pas une transat. On a fait une grosse régate avec du jeu stratégique. C’était assez particulier !

Ce que j’ai adoré en revanche, c’est qu’on était quatre bateaux à faire tout le tour, et on s’y est tenu, et ça a marché ! On a fait un sacré tour quand même ! Dès le départ, il fallait y aller surtout que statistiquement ça ne passe jamais par le nord…

Noël Racine et Ludovic Sénéchal (Foggy Dew)

En tête du début à la fin, c’est le scenario envisagé ?

« Le scenario météo, je l’avais bien en tête dès le départ : c’était de partir contourner le premier système dépressionnaire (car il n’y avait pas de vent en dessous). Ça nous amenait au sud des Açores. Ensuite, il y avait la 2e dépression qui descendait sud-est et j’avais décidé de la contourner par le nord aussi. De faire le grand tour. Après, il fallait ajuster la trajectoire en fonction de l’évolution de ces systèmes pour faire le moins de chemin possible, mais pour nous, il n’y avait pas d’ambigüité. »

Il n’y a jamais eu de doutes ?

« Un peu quand même… Et puis Noël a dit on y va ! On joue la gagne, donc on y va à fond. C’est Noël qui gère la stratégie. Il a fait une nav’ magnifique ! J’étais content de ma stratégie, mais c’est Ludo qui règle les voiles. Il fait ça très bien. Moi, je sais dire où il faut aller et lui, il sait comment il faut y aller. »

Le duo parfait ?

« On s’est quand même tapé sur la gueule de temps en temps. A cause de la fatigue. C’est tout de suite plus tendu quand on n’a pas dormi depuis 24h. »

Vous avez beaucoup tiré sur les machines ?

« Oui ! Ce n’est pas la croisière s’amuse ! Le jour ça allait encore, mais les nuits… Et elles sont longues les nuits. Il n’y avait pas de lune, on ne voyait rien. C’était dur. Fatiguant. On n’a même pas eu deux jours sympas, parce que quand on a commencé à débouler du haut de la dépression, on a tout de suite eu des grains, violents. Ce matin, on en a eu un à 36 nœuds… »

Pas de gros soucis techniques ?

« Aucune casse ! J’ai juste perdu une écoute de spi, dans un affalage. Les voiles sont nickel. Un petit problème sur le palonnier de pilote qu’il fallait recaler tous les deux jours. »

Heureux ?

« Il faut décompresser… mais oui ! C’est l’aboutissement de quatre ans de préparation. C’était la course que l’on voulait gagner absolument. Ou au moins faire un podium, absolument. J’ai acheté ce bateau pour ça. Ce n’est pas la Route du Rhum, mais c’est un accomplissement. »

Après ?

« Faire un peu de croisière ici et je ramène ensuite le bateau, par la mer au printemps. Avec une escale aux Açores. Ensuite le bateau part en chantier. Et la prochaine course sera la Drheam Cup. »

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