Rien de pire qu’un marin IMOCA coincé à terre… Demandez à Pip Hare, la révélation britannique du dernier Vendée Globe qui n’a pas participé à la Transat Jacques Vabre mais prépare son nouveau bateau pour la saison prochaine…

Toute nouvelle en IMOCA l’an dernier, Pip a terminé 19ème du Vendée Globe et navigue désormais à bord de l’ancien Bureau Vallée 2 de Louis Burton (ex-Banque Populaire VIII) et la navigatrice ne cache pas sa hâte de retrouver la compétition l’année prochaine.

Nous lui avons demandé comment elle avait vécu cette Transat Jacques Vabre à terre et elle a résumé cela sans hésitation en un seul mot : « horrible » ; depuis sa ville de Poole, située au sud de l’Angleterre.

“C’était intéressant pour moi d’être de l’autre côté de la barrière,” ajoute-t-elle…“mais la première chose que je faisais le matin en me réveillant, c’était d’aller voir sur la cartographie ce qu’il s’était passé sur l’eau durant la nuit. »

S’est-elle alors sentie détachée de ce qui se déroulait sur l’Atlantique ? « Je pense que oui quand même », admet-elle. « J’ai surtout, imaginé un peu où je serais allée sur le plan d’eau et où je me serais située dans l’histoire de cette course mais c’était vraiment plus un sentiment de quelqu’un qui observe cela de l’extérieur. »

Autre concurrente du Vendée Globe, Clarisse Crémer a conquis le cœur des Français en devenant la femme la plus rapide autour du monde en solitaire. La navigatrice est aussi actuellement “entre deux bateaux”. En effet, Banque Populaire a fait l’acquisition pour elle de l’actuel APIVIA en vue du prochain Vendée Globe mais celui-ci ne sera disponible qu’après la Route du Rhum-Destination Guadeloupe de novembre 2022. En attendant, elle fait déjà connaissance avec sa future monture en convoyant le bateau, en équipage, de la Martinique à Lorient.

Pour la navigatrice de 31 ans, originaire de Paris, le fait de ne pas prendre part à cette transat en double a été une bonne occasion de se reposer. “Au début, c’était un petit peu frustrant de rester à quai et de voir tout le monde partir prendre le départ,” déclare-t-elle. “Mais c’est aussi l’occasion pour moi de me reposer après une année chargée avec le Vendée Globe et The Ocean Race Europe. J’essaye donc d’en tirer le meilleur parti et de penser aux aspects positifs.”

Clarisse Crémer affirme que le fait de se retrouver hors de l’intensité de la course n’a fait que confirmer son engouement pour sa discipline. « Je pense que ce qui est bien, c’est d’avoir la possibilité d’appuyer sur le bouton « pause » et de prendre quelques semaines, voire quelques mois, pour ne pas faire que de la voile, de la voile, de la voile tout le temps”, explique-t-elle.

“C’est naturel pour moi de dire « oui » à chaque opportunité de naviguer mais, d’une certaine manière, je suis maintenant obligée de me reposer et c’est une très bonne chose. En ce moment, je suis sûre de ma passion pour la voile, et plus que jamais auparavant, car le fait de ne pas être sur l’eau m’a bien montré à quel point j’aime ça. »

Alors que certains skippers IMOCA comme Boris Herrmann, Maxime Sorel et Pip Hare n’ont pas participé aux courses de la saison, Kevin Escoffier a fait un tout autre choix. En effet, il naviguait cette année aux côtés d’Armel Le Cléac’h à bord du maxi-trimaran Banque Populaire XI et le tandem a décroché la troisième place de la Transat Jacques Vabre, en catégorie Ultime.

En attendant la livraison de son nouvel IMOCA, toujours aux couleurs de PRB, Kevin Escoffier affirme avoir surveillé de près les 60 pieds sur la course. « Il est certain que j’ai également suivi la course des IMOCA », déclare-t-il. « Même si je courais en Ultime, j’ai bien vu que les bateaux mis à l’eau pour le Vendée Globe 2020-21 sont de plus en plus rapides. Je pense qu’à chaque fois que nous pensons avoir atteint les limites d’un monocoque, nous voyons ces bateaux battre des records de vitesses au près, au reaching ou au portant.”

Kevin est aussi convaincu que naviguer sur d’autres supports est l’une des meilleures choses à faire pour un skipper IMOCA en attente d’un nouveau bateau. “Je pense vraiment qu’il est important dans notre sport de pouvoir découvrir différents types de bateaux afin d’aller chercher de nouvelles sensations, » déclare-t-il. “Nous avons des bateaux de plus en plus techniques au sein de la Classe IMOCA. Il y a de plus en plus de données à bord, mais pour trouver comment atteindre les derniers pourcentages de performance, ceux qui feront aller le bateau plus vite que les autres, il est essentiel d’ajouter des sensations aux chiffres. Chaque fois que vous naviguez sur de grands bateaux, comme les Ultimes ou les Ocean Fifty, vous découvrez de nouvelles choses qui vous aideront ensuite à aller plus vite sur votre IMOCA.”

Pip Hare a aussi toujours cherché à aller le plus possible sur l’eau, notamment pour renforcer sa confiance en elle. Aussi, le fait de rester à terre lors des courses entraîne pour elle un sentiment de doute qu’elle a hâte d’écarter. « Le plus important pour moi, c’est que ma confiance se développe grâce au temps passé sur l’eau », déclare-t-elle. « De ce point de vue, cela a vraiment été une lutte pour moi de ne pas faire cette course (la Transat Jacques Vabre). Je sais que c’était la meilleure chose à faire – de ne pas la faire – mais j’ai l’impression d’avoir raté une occasion d’engranger des milles, et aussi de l’expérience et l’opportunité tout simplement de faire partie de cette course. »

La Britannique de 47 ans, qui s’est rendue en France pour le départ de la course au Havre, dit avoir regardé de près certains marins de la course qu’elle affrontera sur le prochain Vendée Globe. L’un d’entre eux est Romain Attanasio, qui s’est familiarisé avec son nouveau foiler, Fortinet-Best Western, anciennement Malizia II. « J’ai beaucoup observé Romain parce qu’il a vécu, comme moi, une transition rapide avec un nouveau bateau après le Vendée Globe, » confie-t-elle.

L’année prochaine, Pip sera à nouveau présente au sein de la flotte IMOCA à bord de l’ancien Bureau Vallée 2, désormais Medallia. En attendant, celle qui a remis son nouveau bateau à l’eau au mois de mars après un chantier de trois mois et une mise à niveau des compétences sur un foiler, partira probablement au Portugal pour s’entraîner en début de saison. Elle s’alignera ensuite au départ de la Bermudes 1000 Race en mai, de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne en juin, de la Round Britain and Ireland Race en équipage en août, du Défi Azimut – Lorient Agglomération en septembre, et enfin, de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en novembre. « Tout cela explique pourquoi je ne me suis pas précipitée pour faire la Transat Jacques Vabre ! ”, résume-t-elle un peu essoufflée.

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