Rarement dans l’histoire de la course le match a été aussi serré chez les bateaux de Série. Jusqu’au bout une grosse partie de la flotte a régaté au contact, et jusqu’au bout (ou presque) il aura fallu patienter pour connaître le trio gagnant (avant jury). En effet, si Hugo Dhallenne a frappé fort en terminant 2e et 1er des deux étapes, s’imposant ainsi avec force et panache, les deuxième et troisième places ont été nettement plus disputées. Finalement, et au terme d’un insoutenable suspense, l’Italien Alberto Riva (993 – EdiliziAcrobatica) et l’Allemand Melwin Fink (920 – SignForCom) complètent le podium des bateaux de Série de cette 23e édition de la Mini Transat EuroChef.

Déjà impressionnant de maîtrise lors de la première étape, Hugo Dhallenne a confirmé son rang de favori lors de la seconde. Pour lui, les choses avaient pourtant bien mal débuté, avec une option à l’ouest qui, très rapidement, s’est avérée chaotique. « Quand on s’est rendu-compte que ça passait au sud, ça a été un peu la douche froide. Il a fallu rester fort dans la tête. Pour ma part, j’avoue que j’ai bien craqué puis j’ai décidé de traverser la piste pour aller au sud. Le hic c’est qu’une fois que j’y suis arrivé, les alizés profonds ont littéralement disparu. Ça a de nouveau été la douche froide mais je me suis accroché. J’ai donné, donné et donné jusqu’au bout », a commenté le Bretillien qui, après avoir compté près de 120 milles de retard et être passé par la 38e place au pointage au neuvième jour de course, n’a eu de cesse de grappiller des milles sur ses concurrents pour finalement opérer un retour fracassant à la première place à 350 milles de l’arrivée en Guadeloupe. « J’ai dormi par tranches de 20 minutes entre 10h et 14h, c’est-à-dire au moment de la journée où il faisait le plus chaud. Lors des deux derniers jours, j’ai seulement dormi deux fois 30 minutes. Je ne me suis vraiment pas ménagé. J’ai donné, donné, donné », a confirmé le skipper du Maxi 6.50 aux couleurs du Yacht Club de Saint-Lunaire. Il l’avait dit avant même le départ, le succès sur une épreuve telle que la Mini Transat passerait par aller vite et vite tout le temps, mais aussi par le fait d’être solide mentalement, ce qu’il a fait avec brio.

Une « remontada » fracassante

« Il n’y a grand-chose à dire concernant la victoire de Hugo. Il a gagné et il mérite largement sa place. Il est littéralement revenu du diable Vauvert après avoir compté un retard conséquent à la mi-parcours et surtout après voir rallongé considérablement sa route. Il est certain qu’il nous a bien tous poussés dans nos retranchements. Pour ma part, lorsque je l’ai vu remonter chaque jour au classement, je me suis demandé comment il faisait et j’avoue que ça a été un vrai cauchemar, surtout lorsqu’il a fini par me doubler à moins de 48 heures de l’arrivée », a commenté Alberto Riva, bluffé par les cadences infernales tenues par son concurrent sur les 2 700 milles théoriques du parcours, mais évidemment heureux de terminer à la deuxième place de l’épreuve après une 11eplace dans la première manche. « C’est une belle surprise. Je suis très heureux de cette place, mais je suis surtout content d’avoir traversé l’Atlantique. Ça a été une expérience incroyable », a ajouté le navigateur italien, confirmant ainsi lui aussi son statut d’homme fort du circuit Mini 6.50 après notamment un sans-faute dans la Puru Challenge Race en août dernier.

Pour 16 petites minutes…

Si lui et Hugo étaient clairement attendu sur l’épreuve, la belle surprise restera assurément Melwin Fink. Le benjamin de la course, du haut de ses 19 ans, a naturellement marqué l’évènement en s’imposant à l’issue des 1 350 milles entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma. Une étape marquée par une escale en Galice, des réclamations et la réduction de 24 heures pour une large majorité de concurrents à leurs temps de course par le jury international qui a forcément laissé des traces au sein de la hiérarchie, ruinant d’emblée les espoirs de performance de certains. Le jeune allemand, lui, bénéficiait de 1h52 d’avance sur son dauphin et de plus de 13 heures sur le reste de la concurrence avant d’entamer le « véritable » grand saut. A la fois beaucoup et peu à l’échelle d’une transatlantique. Forcément, lorsqu’il a enquillé l’option ouest, ce qu’a aussi fait une grande partie des gros bras du circuit, il a vite compris que son avance était en train de fondre. « J’ai commis beaucoup d’erreurs. La météo a été assez complexe et je n’ai pas fait la course idéale sur le plan stratégique. Je suis allé à l’ouest alors que c’est l’option sud qu’il fallait privilégier. Ça a été dur à encaisser mentalement. Je ne pensais pas réussir à sauver le podium. Lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’étais persuadé que j’allais terminer 7e, 8e ou 9e. Je suis évidement super heureux de ma place ! », a relaté le skipper de SignForCom, 22e à Saint-François. Le fait est qu’il a quand même eu chaud aux fesses puisqu’au final, il ne devance Léo Debiesse (966 – Les Alphas) que de 16 petites minutes au classement général. Un écart dérisoire après un total de plus de 26 jours de course en cumulé. Beau joueur, le Lozérien, qui a passé quasiment toute la nuit sa montre en main avec l’espoir de terminer 3e avant de voir arriver Melwin forcément un peu trop tôt à son goût, est venu saluer et féliciter son adversaire. Preuve que l’esprit Mini est bel et bien vivant et que cette course réserve toujours son lot de surprises !

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