Complications en vue au nord
Ce jeudi, les concurrents les plus au sud de la flotte de la 23e Mini Transat EuroChef ont clairement mis le clignotant à droite. Tous ou presque font maintenant route directe sur les Antilles, propulsés par un alizé de nord-est, certes, un peu mollasson, mais qui leur permet cependant de tenir des vitesses moyennes comprises entre 8,5 et 10,5 nœuds quand leurs adversaires, plus au nord, composent avec un vent en « gruyère » et se préparent à vivre des heures délicates, notamment dans la journée de demain. En cause, une grosse zone de molle plantée pile-poile sur leur route qui pourrait bien complètement chambouler la donne.
Désormais, le groupe des sudistes, qui évolue plus ou moins à la latitude du Cap Vert, a clairement obliqué sa trajectoire à l’ouest. Il profite à présent d’un angle de progression intéressant et cavale en route directe vers la Guadeloupe, toujours distante de 1 700 milles après bientôt six jours de course. Sur zone, l’alizé de nord-est est un peu paresseux et souffle entre 13 et 17 nœuds en fonction des différents moments de la journée. Si on est encore loin des longs surfs endiablés et des pointes à des vitesses supersoniques, cela permet toutefois aux marins d’afficher des moyennes comprises entre 8,5 et 10,5 nœuds dans le bon sens et, par conséquent, de réduire les écarts au pointage avec le groupe des nordistes. Pour preuve, chez les Proto, Arno Biston (551 – Bahia Express) qui pointait hier à 13 heures en 12e position avec un écart de 126 milles au premier, caracole aujourd’hui à la même heure à la 3e place à une cinquantaine de milles du leader, François Champion (945 – Porsche Taycan. Même chose, mais dans une moindre mesure, chez les bateaux de Série ou le paquet emmené par Jean Cruse (910 – Ini Mini Myni Mo), Quentin Riché (947 – Race for Pure Ocean) et Marine Legendre (902 – EY – Pile Poil) grappille doucement mais sûrement des milles sur ses rivaux situés à l’extrême opposé du plan d’eau. Des rivaux parmi lesquels Melwin Fink (920 – SignForCom) qui occupe, pour l’heure, la première place au pointage et confirme qu’il est capable de tenir des cadences élevées, mais aussi l’intégralité des marins figurant actuellement dans le Top 10 du classement général provisoire établi après la première étape, exception faite d’Anne-Claire Le Berre (1005 – Rendez-Vous Equilibre).
Inversion de la tendance à venir
Cette tendance ne devrait faire que s’accentuer dans les heures à venir, et en particulier dans la journée de demain, puisqu’à partir de 33° ou 34° Ouest, les partisans de la route la plus tendue vont butter dans une zone de molle qui s’étale largement au beau milieu de l’Atlantique. « Plus les concurrents seront au nord, plus ils seront impactés », avance Christian Dumard, le consultant météo de la course dont les fichiers laissent entrevoir entre 18 et 36 heures délicates pour les marins concernés. En clair, on peut donc s’attendre à voir la hiérarchie actuelle largement chamboulée puisque lorsqu’une partie de la flotte va peiner à avancer, l’autre va continuer de cavaler bon train. Quid de ceux qui se trouvent entre les deux ? Difficile à dire. Certains essaient en ce moment de filer au sud pour éviter l’arrêt buffet mais leur angle de descente n’est pas idéal. D’autres, comme François Champion, peuvent encore avoir l’espoir de ne pas se faire piéger, mais ça risque d’être ric-rac. Bref, on l’aura compris, d’ici à demain, la donne risque bien d’être grandement modifiée et certains risquent, à ce stade de la course, de laisser quelques plumes, même si le chemin jusqu’à Saint-François promet d’être encore long. Les derniers routages ne voient en effet pas les premiers Proto sur place avant le samedi 13 novembre au matin, et les premiers Séries pas avant le dimanche 14 au soir.
A retenir par ailleurs
Dans les petits faits de course du jour, ce qu’il faut noter, ce sont les problèmes de pilote automatique rencontrés par Lucas Valenza-Troubat (606 – Six Saucisses) et Felip Moll Marques (588 – Alleva). Pour l’un comme pour l’autre, tout va bien à bord autrement.