François Gabart reprend la mer
Le 7 novembre, trois mois seulement après sa mise à l’eau à Concarneau, le Trimaran SVR Lazartigue, véritable bateau-volant, prendra le départ de la Transat Jacques-Vabre, sa première course au large. À son bord, François Gabart fera son grand retour à la compétition dans la catégorie Ultim. Avec à ses côtés, Tom Laperche, jeune prodige de la voile.
Le décollage est prévu le dimanche 7 novembre au large du Havre. Direction Fort-de-France, en Martinique. Pour les bateaux de la catégorie Ultim, celle des géants des mers, 7500 milles à parcourir, deux passages de l’Équateur, deux passages dans le Pot-au-Noir. Les meilleurs sont attendus après 16 ou 17 jours de mer. Parmi les cinq Ultim au départ de cette 15e édition de la Transat Jacques-Vabre, le Trimaran SVR Lazartigue attirera forcément l’attention. Sorti des ateliers de MerConcept où il a été entièrement conçu et assemblé, le grand vaisseau bleu capri, prendra son premier départ avec son design unique sans aucune aspérité pour mieux pénétrer l’air, son mât de 36 m posé sur une coque de 32 m de long et 23 m de large, son cockpit où des volants de karting remplacent la traditionnelle barre.
« Continuer d’apprendre »
Mis à l’eau en juillet dernier, baptisé en septembre par sa marraine Mélanie Laurent, le timing fut particulièrement serré pour espérer prendre le départ de la Transat Jacques-Vabre. Une première victoire. « L’objectif est d’abord de terminer la course, explique Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2012 et détenteur du record du Tour du monde en solitaire depuis 2017 (42j). Nous ne serons clairement pas les favoris car d’autres équipes ont beaucoup plus d’expérience sur leur propre bateau. Nous allons continuer de découvrir le nôtre pendant la course. Nous serons probablement l’équipage qui va le plus apprendre pendant la course. À nous de faire en sorte que cet apprentissage soit très rapide pour pouvoir aller jouer la gagne. »
Tom Laperche, une étoile prête à briller
À 13 ans, Tom Laperche traversait pour la première fois l’Atlantique sur le voilier de son père Philippe, de retour de la Route du Rhum. Moins de 10 ans plus tard, alors qu’il n’a encore que 24 ans, le Morbihannais a été choisi comme co-skipper du Trimaran SVR Lazartigue pour la Transat Jacques-Vabre, aux côtés de François Gabart. « Naviguer avec François, sur un nouveau trimaran, c’est des choses dont on rêve forcément, confie le jeune marin, diplômé de l’école d’ingénieur de l’Université de Technologie de Compiègne. C’est à la fois une fierté et une reconnaissance d’avoir été choisi. Savoir que l’on me fait confiance pour cette course au large est très fort. J’ai les yeux qui brillent. C’est un privilège de naviguer sur cette nouvelle génération de bateaux qui volent. Pour cette Transat Jacques Vabre, il y a beaucoup d’inconnues, beaucoup de réglages, beaucoup de réflexion et ça crée beaucoup d’excitation. Je vais forcément découvrir beaucoup de choses mais je suis confiant. Pour moi qui viens de la classe Figaro (deux podiums sur la Solitaire du Figaro en 2020 et 2021), évoluer sur un bateau comme le Trimaran SVR Lazartigue, c’est un peu comme passer du kart à une formule 1. »
Un bateau pensé pour voler
Conçu et assemblé par MerConcept, entièrement maître d’ouvrage du bateau, le Trimaran SVR Lazartigue appartient à la nouvelle génération de bateaux volants où l’aérodynamisme tient une place au moins aussi importante que l’hydrodynamisme. Le développement de nouvelles technologies dans tous les domaines de la conception, font du Trimaran SVR Lazartigue un bateau unique et révolutionnaire. « Notre ambition était de concevoir un bateau fiable, rapide, et adapté au solitaire et en équipage en toutes circonstances, qu’il s’agisse des grandes classiques de la course au large, d’une campagne de records, ou d’une course autour du monde, explique le skipper du trimaran et fondateur de MerConcept. Au sein de l’équipe, la philosophie était de réaliser un bateau où la performance, la sécurité et l’esthétisme tiennent une place primordiale. »
Des pointes à 48 nœuds !
Les premières navigations du Trimaran ont rassuré l’équipe. « Le bateau a un potentiel énorme, s’enthousiasme Gabart. Sur certaines navigations, nous avons atteint des vitesses assez extraordinaires avec des pointes à 48 noeuds (près de 100km/h). Il faut maintenant continuer à travailler pour mieux le comprendre. Nous avons beaucoup de systèmes innovants, il faut donc le fiabiliser. On apprend tous les jours. L’objectif est d’être capable de tenir des vitesses moyennes autour des 40 nœuds pendant des heures, des journées, et même, j’en rêve, des semaines. Ce bateau est exclusivement pensé pour le vol au large. Nous vivons une révolution extraordinaire. »