Quoi de mieux, aux prémices de l’automne, qu’un petit tour en Andalousie ? Cadix, cité antique et bouillon multiculturel, sera la ville hôte du Spain Sail Grand Prix, dernier acte européen de cette saison 2. Les huit équipes internationales, emmenées d’une courte tête par Nathan Outteridge et son clan japonais, ont rendez-vous dans l’arène espagnole les 9 et 10 octobre prochains. Côté français, Quentin Delapierre fera ses grands débuts à la barre du F50 tricolore.

Nous ne sommes plus en Méditerranée puisqu’il faut passer le détroit de Gibraltar depuis la Grande Bleue pour accéder à ce promontoire rocheux ouvert sur l’océan Atlantique. C’est dans la baie de cette ville qui fut le port d’attache de Christophe Colomb, qu’auront lieu les débats entre les huit équipes internationales, toutes remontées à bloc pour tenter de s’immiscer sur le podium aujourd’hui occupé par les Japonais, les Américains et les vainqueurs australiens de la saison 1.

Une hiérarchie encore fragile

Sixième des huit actes de la saison 2 – il ne restera que l’Australie mi-décembre et San Francisco fin mars 2022 -, le Spain Sail Grand Prix permettra-t-il à un des teams de porter l’estocade finale ? Rien n’est certain. Jusqu’ici, aucune d’elle n’a réussi d’échappée spectaculaire. A l’exception des Néo-zélandais et des Danois, toutes sont parvenues à se qualifier en finale. Record détenu par les Australiens de Tom Slingsby, quatre fois finalistes, devant les Japonais et les Américains (3) suivis des Français, des Espagnols et des Britanniques (2). Deux équipes se partagent ex-aequo le plus grand nombre de victoires : les Japonais, en tête au général et les Australiens qui pointent pourtant à la 3e place. Tous les équipages ont également connu des contre performances, d’où un classement qui reste aussi fragile qu’un vol de F50 dans les petits airs. Mathématiquement, tout le monde peut encore rêver d’intégrer le brelan d’as, celui qui s’affrontera à San Francisco pour la grande finale.

Nouveau départ pour les Français

Du côté du France SailGP Team, le nouveau pilote Quentin Delapierre prend ses marques dans la baie de Cadix. En attendant de voir ses premiers bords en confrontation vendredi (courses d’entraînement), samedi et dimanche, le spécialiste du Nacra17, 8e aux derniers JO de Tokyo (avec Manon Audinet) a commencé à s’acclimater à son nouvel univers.

Il y a deux semaines, direction l’Irlande en compagnie de Leigh McMillan et de François Morvan pour une journée et demie de simulateur. « Ces séances ont été très précieuses pour me familiariser avec les commandes du bateau, parce qu’il y a vraiment des boutons partout, mais aussi pour comprendre les timings de chaque manœuvre et travailler sur la communication avec le régleur d’aile et le contrôleur de vol, mon but étant de ne rien changer à leur fonctionnement habituel et de m’adapter », raconte Quentin. Présent à Cadix depuis jeudi dernier, le jeune barreur a fait la connaissance de l’équipe technique et participé au montage du F50. Mais c’est hier, lundi, que Quentin s‘est retrouvé dans le grand bain, à l’occasion d’une première navigation dans 15 nœuds de vent et un gros clapot mal rangé. « Je pense que cette première nav’ restera à vie dans ma tête ! » confie t-il, enthousiaste. « Ce bateau, c’est de la folie, tu vas à une vitesse dingue, tu te demandes comment tous les systèmes fonctionnent, c’était hallucinant ! Au début, on a fait des choses simples, de la ligne droite, puis on a envoyé quelques manœuvres pour que j’intègre bien les séquences. J’ai essayé de m’appliquer dans la communication, dans les ‘call’ (consignes, prises de décision) pour qu’ils aient confiance en moi et qu’ils arrivent à me suivre sur chaque rotation, chaque mouvement du bateau. A la fin, on a fait quelques départs. J’ai voulu rapidement qu’on mette de l’intensité autour d’un parcours pour me rendre compte de ce que c’est, et ne pas être cueilli à froid quand les régates commenceront. Au final, je crois que ça s’est bien passé ! »

Les navigations vont se poursuivre toute la semaine. Vendredi, ce sera répétition générale avec les traditionnelles manches d’entraînement, avant le lancement de la compétition samedi à 16h30.

S’il est encore trop tôt pour parler météo, il est probable que le temps perturbé de l’automne qui sévit en Europe ces derniers jours perdure et pimente le jeu en baie de Cadix…
Le 6e homme est une 6e femme

Il y a du nouveau dans ce 6e Grand Prix. SailGP vient de franchir un pas supplémentaire en faveur de la mixité. Après l’obligation faite aux équipes d’intégrer des navigatrices, ces dernières auront désormais leur place à bord en tant que 6e équipier. Chez les Français, c’est Amélie Riou qui inaugurera cette nouvelle disposition : elle participera activement à l’ensemble des entraînements et des régates de Cadix.

La sauvegarde de la nature au premier plan

SailGP poursuit également sa mission en faveur de l’environnement via son programme Race for the Future. Cadix, ville maritime et portuaire, agit déjà largement en ce sens. SailGP s’associe à Life Blue Natura, un projet émanant d’un programme européen pour la lutte contre le changement climatique, qui milite en faveur du « carbone bleu ». Avec l’Université de Cadix, Life Blue Natura sera l’opérateur de plusieurs actions de sensibilisation sur l’importance des écosystèmes marins (herbiers, algues, mangroves) auprès des équipes de SailGP et de 120 écoliers de Cadix. Pendant les régates, une campagne d’observation des mammifères marins sera également organisée.
BONUS

Cadix est connue en France comme point de départ du record de la Route de la Découverte, à destination de San Salvador, dans les Caraïbes (l’île où a atterri Christophe Colomb en 1492). En équipage, ce record est détenu par deux des membres de France SailGP Team : Thierry Douillard et François Morvan (avec Spindrift en 2013). Cadix est aussi un des hauts lieux de la voile olympique, où sont organisés de nombreux championnats internationaux. Un des derniers en date, le championnat du monde de RS:X, avait offert un podium à la planchiste française Charline Picon, peu avant sa performance aux Jeux Olympiques de Tokyo (médaillée d’argent).
Comment suivre le Spain Sail Grand Prix ?

Samedi et dimanche, de 16h30 à 18h00, les régates seront commentées en direct sur Canal+ Sport par Hélène Cougoule et son consultant Frédéric Le Peutrec, grand spécialiste du multicoque.

CLASSEMENT GÉNÉRAL PROVISOIRE APRÈS 5 ACTES

  1. JAPAN / Nathan Outteridge / 37 points
  2. UNITED STATES / Jimmy Spithill / 35 points
  3. AUSTRALIA / Tom Slingsby / 35 points
  4. GREAT BRITAIN / Ben Ainslie / 32 points
  5. SPAIN / Phil Robertson / 31 points
  6. NEW ZEALAND / Peter Burling / 30 points
  7. DENMARK / Nicolai Sehested / 28 points
  8. FRANCE / Quentin Delapierre / 28 points

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