Proto : Trois leaders dans un mouchoir de poche
Tanguy Bouroullec – Fabio Muzzolini – Pierre Le Roy : tel est finalement, dans l’ordre, le tiercé gagnant (avant jury) chez les Proto de la première étape de la 23e Mini Transat EuroChef. Et quelle étape ! Marquée par une traversée du golfe de Gascogne tonique, un débordement du cap Finisterre déterminant qui a permis à une petite bande de quatre de prendre la poudre d’escampette, mais aussi par un remarquable finish avec un écart de moins de 1h10 entre les trois leaders, celle-ci a assurément tenu toutes ses promesses !
Le scénario de cette première étape (1 350 milles entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma) s’est révélé complètement dément, pratiquement du début à la fin. Tout a commencé dans le golfe de Gascogne, et en particulier lors de la deuxième nuit, avec le passage d’un front qui a rapidement créé de premiers écarts au sein de la flotte, et permis à un petit groupe de quatre de se démarquer avant de carrément s’échapper au passage du cap Finisterre. « Le « dégolfage » n’a vraiment pas été simple. On savait que ce serait un passage crucial mais on ne s’attendait pas à ce que la porte se ferme à ce point juste derrière nous. On a eu de la chance pour ça », a relaté Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo). Un étonnement partagé par Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre) : « C’est fou que l’on ait été que quatre à passer sous la dorsale. Je ne pensais pas que la route allait se barrer comme ça après nous ».
Des écarts colossaux sur le reste du peloton
De fait, quand ces deux-là, accompagnés de Pierre Le Roy (1019 – TeamWork) et Irina Gracheva (800 – Path), ont réussi à se faufiler dans un trou de souris avant, ensuite, d’attraper les alizés portugais puis de glisser plein gaz en direction des Canaries, leurs adversaires de la catégorie des Proto se sont littéralement fait piéger dans la molle. Pire, ils ont ensuite dû négocier le passage d’un deuxième front, plus actif encore que le premier, qui les tous poussés à prendre la décision d’aller s’abriter dans différents ports galiciens, et ainsi de mettre un temps leur course entre parenthèses durant près d’une vingtaine d’heures. « C’est sûr que pour le classement général en Proto, tout ça a fait un trou », a commenté le vainqueur de ce premier acte (avant jury) dont la quasi-totalité des concurrents se trouve encore à plus de 600 milles de l’arrivée, ce mardi matin.
L’invité surprise
Le match s’est donc joué à quatre lors de ce premier round, et il a tenu ses promesses jusque dans les dernières longueurs. En effet, si l’on a un temps imaginé que Pierre Le Roy avait fait le break et filait tout droit vers la victoire après un joli coup tactique à la pointe nord-ouest ibérique, Tanguy Bouroullec est parvenu à reprendre les commandes au nord de l’archipel de Madère, avant de se faire chatouiller les moustaches au niveau de la porte virtuelle positionnée à proximité des îles Selvagens par Fabio Muzzolini. « A cet endroit, pour moi, ça a clairement été la surprise de voir apparaître Tartine sans Beurre à l’AIS. J’ai même pensé que mon système déconnait car la veille, j’avais 40 milles d’avance sur lui », a expliqué le skipper de Tollec PM/Pogo, sidéré par un tel retour en force de son rival franco-italien.
Une histoire d’angle et de pression
Décalé de 45 milles puis de 60 milles plus à l’Est que ses deux principaux adversaires, ce dernier a non seulement bénéficié d’un meilleur angle d’attaque mais aussi de davantage de pression lors de la dernière nuit avant l’arrivée. Ainsi, après avoir compté jusqu’à 56 milles de retard sur les deux leaders, il s’est ainsi parfaitement replacé dans le jeu, avant de finir par s’intercaler entre eux. « J’ai espéré faire le même coup qu’Axel Tréhin il y a deux ans, mais non… Pour moi, en tous les cas, c’est génial d’arriver en deuxième position. Ma crainte, c’était de laisser trop de temps aux premiers sur cette étape. Aujourd’hui, tout est encore possible et ça, c’est génial ! », a commenté Fabio qui, au final, termine 1 heure et 3 minutes derrière le premier, et 5 minutes et 52 secondes devant le troisième.
Une heure, bien peu à l’échelle d’une transat
« Je ne comprends pas bien comment les deux autres, et en particulier Fabio, m’ont repris tant de milles. Je suis curieux de voir la cartographie pour bien comprendre ce qui s’est passé », a indiqué le skipper de TeamWork qui, pour sa part, s’était envolé au large du Portugal et avait compté jusqu’à 45 milles d’avance sur son dauphin avant de voir son avance fondre et même complètement disparaître. « A l’arrivée, on est grosso-modo à égalité. C’est parfait avant la suite », a assuré le Lillois. Un avis partagé par Tanguy Bouroullec : « Ça promet une belle deuxième étape ! Le match reste ouvert. Une heure, à l’échelle d’une transat, ce n’est rien et Irina (Gracheva) n’est pas très loin non plus ! », a résumé le Finistérien.