Chaud devant pour les Modernes !
L’établissement en début d’après-midi d’une jolie brise thermique de secteur Ouest a permis l’ouverture en fanfare de ces 23ème Voiles de Saint-Tropez, avec une première belle entame pour les 5 catégories de voiliers Modernes jaugés IRC B, C, D, E et F. Cinq départs harmonieusement scandés sous le Portalet, aux allures portantes vers le large, sur une onde légèrement clapotante. Déjà les premiers affrontements en tête de chaque groupe, à l’image du long bord à bord tout au long du parcours entre le grand sloop Solano et le Grand Soleil 48 ASAP en lutte pour le Trophée North Sails. Prompt à se mêler au spectacle, les ténors du groupe IRC C, que couronne le Trophée BMW, à l’image du TP 52 Nanoq, du Ker46 Daguet 3, ou du 52 pieds Allemands Rafale, venaient titiller les plus grandes unités pour offrir cet étonnant brassage de spis à chaque passage névralgique de la course. Le joyeux retour à terre des équipages, accompagné des musiques émanant du Village des Voiles, lançait la fête à terre, à laquelle se mêlait naturellement les équipages des voiliers Classiques déjà prêts à en découdre à leur tour dès demain.
Modernes : 19 milles ventés à souhait en hors d’oeuvre des Voiles
130 voiliers Modernes ont donc lancé d’admirable manière cette belle semaine sportive des Voiles. 19 milles étaient au menu proposé par les équipes du Principal Race officer George Korhel vers Pampelonne et retour par la Moutte, cette balise de haut fond à l’entrée du golfe. L’accélération du vent d’Ouest Sud Ouest a favorisé les bateaux partis en dernier et c’est un joli regroupement façon embouteillage de toutes les classes auquel on assistait au passage de la Moutte peu après le départ. De la glisse, des allures variées pour accompagner la rotation progressive du vent au Nord Ouest, et de longs bords de portant sur une mer peu agitée par le vent de terre offraient aux coureurs matière à se faire plaisir en tirant au maximum sur leurs machines. Nanoq, le redoutable TP 52 barré par le champion Australien Tom Slingsby, ne laissait à personne le soin de franchir le premier la ligne d’arrivée en temps réel, tout groupe confondu, devançant de quelques minute seulement un autre protagoniste des IRC C, le Swan 50 Mathilde M et l’IRC B Solano.
Demain les Classiques!
Près de 80 bateaux de tradition, dont 21 voiliers de plus de cent ans, constituent la flotte des voiliers Classiques en lice dès demain dans le golfe. Une vingtaine de voiliers gréés aurique, avec cette grand voile quadrangulaire non symétrique, répartis en deux groupes A et B lanceront les débats. La catégorie des Grands Tradition, dont certaines unités dépassent les 40 mètres hors tout, aligne cette année pas moins de 12 inscrits arborant des silhouettes remarquables : goélettes, ketchs, cotres ou yawls. Cette journée de mardi marquera également le coup d’envoi du Trophée Rolex, ouvert cette année à la classe des Epoque Aurique A.
Du coté des « invités », une classe singulière au regard de leur petite taille et de leurs gréements, 5 sublimes voiliers régatent aux Voiles. Chacun offre aux regards une page d’histoire maritime, d’imagination architecturale au service de l’élégance mais aussi de la performance. Ainsi, la reproduction du Houari marseillais Alcyon 1871 trouvera-t’elle en Dainty (Westmascott 1923), le plus petit voilier de la flotte avec ses 8,12 mètres, Djinn (Nevis 1938), Jap, le cotre aurique signé Fife (1898) et le sloop IOD Bermudien Josephine dessiné par le maitre des métriques Danois Bjarne Aas, matière à régater au plus haut niveau du plaisir régatier.
Portrait du jour :
L’homme qui murmure à l’oreille du vent
Tom Slingsby est aux Voiles ! L’homme qui murmure à l’oreille du vent, né le 5 septembre 1984 à Sydney, est l’un des marins les plus titrés au monde, ayant remporté une médaille d’or olympique, neuf championnats du monde, la Coupe de l’America et établi de nombreux records mondiaux, en plus d’avoir été sacré marin de l’année 2010. Il a dominé la classe Laser entre 2006 et 2012, remportant six titres mondiaux durant cette période, son dernier championnat coïncidant avec sa médaille d’or olympique dans cette épreuve aux Jeux de Londres. Pour ses exploits en 2012, il a été nommé athlète de l’année par l’Institut australien du sport et a reçu la médaille de l’Ordre d’Australie. Peu après les Jeux olympiques de 2012, il a rejoint ORACLE TEAM USA en tant que stratège, contribuant à organiser l’un des plus grands retours dans l’histoire du sport lorsque l’équipe a remporté la Coupe de l’America en 2013. Il a ensuite gagnée la course à la voile Sydney Hobart 2016 avant de revenir dans l’équipe américaine en tant que tacticien et directeur d’équipe pour la 35e America’s Cup. En décembre 2019, il a décroché son premier titre mondial dans la classe Moth après avoir dominé la compétition et remporté toutes les courses sauf une. Il navigue à Saint-Tropez à bord du TP 52 Nanoq en IRC C. « C’est la première fois que je viens aux Voiles. J’officie en tant que stratège à bord du TP 52 Nanoq, avec un équipage danois et le Prince Frederik à la barre. Le bateau, lancé en 2008 est très compétitif et magnifique à voir naviguer. Je suis très heureux d’être ici et je pense que l’on va bien s’amuser… »
Au programme demain :
Son poids en Rhum
La pesée en Rhum Mount Gay de l’Amiral Satan 2021, Carl Ollivier, est programmée pour demain Mardi 28 septembre 2021 en public et au Village des Voiles de Saint-Tropez. Il s’agit d’une initiative initiée en 2019 par Lionel Péan, qui couronne le vainqueur du Trophée du bailli de Suffren en catégorie Classique, tout en rendant hommage au fameux bailli, dénommé Satan par ses éternels adversaires Britanniques. Pas analogie, le vainqueur catégorie Moderne se voit attribuer le Trophée Jedi. Le parcours de la 21ème édition du Trophée, mystérieusement dénommée la « Trilogie SUFFREN » aura lieu sur la terrasse de la Société Nautique de Saint-Tropez le vendredi 1er octobre prochain à 19h.
Ils ont dit :
Maxime Sorel, Eileen 1938
Le Cancalais Maxime Sorel a été l’une des révélations du dernier Vendée Globe, en signant à 34 ans une plus qu’honorable dixième place pour sa première participation. Il a lancé la construction d’un prototype Imoca, avec pour objectif la prochaine Route du Rhum et le Vendée Globe 2024.
« C’est une grande première pour moi, cette participation aux Voiles. Je découvre cette ambiance qui fait la réputation de l’événement. Mon nouveau bateau Imoca est en construction. Je ne participerai donc pas à la Transat Jacques Vabre, ce qui me laisse un peu de temps pour répondre à ce type d’invitation. Je rencontre beaucoup de monde, issu de tous les types de voiles. Je navigue sur un classique, Eileen 1938. Je suis barreur. Le bateau est très lourd, tout en étant très régatier dans ses aménagements. Les sensations de barre sont étonnantes. On ne retrouve pas l’impression de puissance des bateaux modernes, mais on fait de la conduite, sans électronique. Tout fonctionne aux sensations. Un vrai retour aux sources. Tous ces Classiques sont magnifiques. A terre, on voit le bal des équipages aux couleurs de leur team. De très bonnes ondes. Je n’ai pas la culture de l’équipage et du yachting mais je navigue un peu sur la Bisquine de Cancale et j’aime cette ambiance d’équipage, avec le plaisir de régater. »
Pjotr Lezhnin, J/99 Space Jockey
Il sera l’un des concurrents à suivre cette semaine en IRC E, le J/99 Balte Space Jockey, skippé par le Russe Pjotr Lezhnin, vainqueur de la Giraglia dans son groupe IRC. « Nous avons un équipage mixte, homme/Femme et de diverses nationalités. L’idée est de prendre du plaisir ici à Saint-Tropez dans ce groupe très compétitif des IRC E. Le J/99 est très performant à toutes les allures, et dans tous les types de vent. On a donc une belle carte à jouer ici. J’ai beaucoup navigué en Europe du Nord, Allemagne et pays baltes. En Méditerranée, la saison se prolonge jusqu’aux portes de l’hiver et c’est très agréable. Le mélange des genres ici est fascinant, avec les Classiques et les modernes… Le J/99, plan Johnston, est un bateau très polyvalent, entre croisière et course…»