Le coup d’envoi de la première étape de la Mini Transat EuroChef a été donné ce lundi 27 septembre, à 15h30. Propulsés par un flux de nord-ouest soufflant entre 16 et 20 nœuds, les 90 concurrents en lice ont alors quitté Les Sables d’Olonne pour rejoindre Santa Cruz de La Palma, avec un total de 1 350 milles à parcourir et presque autant de pièges à déjouer. En l’occurrence, ceux qui vont jalonner la traversée du golfe de Gascogne s’annoncent relativement complexes, et pourraient bien avoir un impact déterminant sur la suite de la course. Pour accrocher le bon wagon, les marins vont donc devoir réussir à s’amariner puis à trouver le bon rythme rapidement, mais aussi et surtout à être bien en phase avec les éléments pour ne pas engranger de retard avant le passage du cap Finisterre. Un cap où les premiers peuvent espérer débuter un grand schuss au portant quand les suivants risquent, eux, de devoir composer avec des conditions plus incertaines.

Le stress des grands jours était largement palpable, ce matin, sur le ponton du Vendée Globe. « On a tous pris rendez-vous pour ce départ il y a maintenant deux ans. Cette fois, on y est ! On rentre dans le vif du sujet et ça fait quelque-chose. Je ne sais d’ailleurs pas vraiment bien quoi. Le monde, le bruit, les encouragements… Les sentiments se bousculent. C’est, concrètement, le début d’une grande et belle aventure humaine. On s’est tous énormément préparé pour la course, mais la seule chose pour laquelle on n’a pas pu le faire, c’est pour l’émotion du départ. Ce qui est sûr, c’est que l’on a tous vraiment très envie d’y aller ! », a commenté Basile Bourgnon (975 – Edenred), peu avant de larguer les amarres. Un avis partagé par Léo Debiesse (966 – Les Alphas). « Il y a de l’excitation et un petit peu d’appréhension mais pour ma part, je suis globalement serein. Le bateau est prêt, la navigation aussi. Je sais où je vais. J’ai un plan très clair en tête. A présent, il va falloir s’amariner et se mettre dans le match le plus vite possible », a déclaré le marin originaire des Cévennes. De fait, les premières 72 heures de course s’annoncent relativement cruciales avec, dans l’ordre chronologique, un affaiblissement du vent dans la soirée, un virement important à placer la nuit prochaine en bordure de dorsale pour éviter de tomber dans la molle, un passage de front à négocier dans la nuit de mardi à mercredi, puis une bascule de vent à aller chercher pour se faufiler au mieux entre le cap Finisterre et le DTS (Disposition de Séparation de Trafic) éponyme.

Une traversée du golfe de Gascogne cruciale

« La traversée du golfe de Gascogne promet d’être assez compliquée en termes de stratégie. Il va falloir manœuvrer aux bons moments. Être rapide aussi. On va clairement avoir peu de temps pour se reposer jusqu’au passage de la pointe nord-ouest de la Galice, mais ça va être intéressant. Le jeu va très intéressant, mais surtout très ouvert. C’est d’autant plus vrai qu’après la latitude de Vigo, deux scénarii sont aujourd’hui possibles. Le premier pourrait nous faire descendre assez vite au portant jusqu’aux Canaries. Le second pourrait être un peu plus laborieux, avec beaucoup d’incertitudes. Il va donc falloir être dans la course tout de suite, et ne pas traîner pour rejoindre le cap Finisterre », a indiqué Pierre Le Roy (1019 – TeamWork), l’un des grands favoris de cette 23e édition dans la catégorie des prototypes. Ne pas rater son entrée en matière, tel est manifestement le mot d’ordre pour l’ensemble des 90 solitaires en lice, ce que confirme Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo) : « Réussir à « dégolfer » rapidement sera assurément un point clé de cette première étape car après le cap Finisterre, la flotte risque de s’étirer par devant. Ce ne sera toutefois pas si simple de bien tirer son épingle du jeu. Il faudra notamment être prudent lors du passage du front annoncé dans la nuit de mardi. Celui-ci devrait être assez costaud, au près, avec des rafales à 30 nœuds, mais aussi et surtout beaucoup de mer. Il faudra faire attention à ne pas casser ».

Ne pas prendre trop de retard

Si mettre le curseur au bon endroit entre « préservation du matériel » et « vitesse » sera, comme toujours, l’une de clés de la réussite lors de cette Mini Transat EuroChef. Trouver le bon tempo en sera une autre. « Donner du rythme aux bons moments est clairement la consigne que je me suis donné cette année. C’est ce qui m’avait manqué il y a deux ans », a relaté Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre), 6e en 2019, bien conscient de la nécessité d’être en phase avec les éléments et de placer les siestes dans les périodes les plus propices. « Si de petits écarts se créent avant le DST du cap Finisterre, il y a de grandes chances qu’ils s’agrandissent énormément dans les alizés portugais. Il va falloir être dans le bon wagon », a ajouté le marin franco-italien qui n’a pas raté son départ puisqu’il a enroulé la bouée de dégagement en deuxième position derrière Irina Gracheva (800 – Path) chez les Proto. « La Mini Transat est une course au temps. Au-delà de la place, ce qui va compter, c’est d’arriver aux Canaries avec peu ou pas de retard. On sait que gagner la première étape n’est jamais suffisant pour gagner l’épreuve, en revanche on sait que prendre du temps peut ensuite rendre les choses compliquées », a rappelé Léo Débiesse, actuellement lancé à la poursuite de la triplette Brieuc Lebec (914 – Velotrade) – Lennart Burke (943 – Vorpommern) – Julie Simon (963 – Dynamips), auteure d’un très joli début de course. Une course dont le dénouement est, à date, attendu dans la nuit de dimanche à lundi pour les premiers.

ILS ONT DIT

Gauthier Verdon (879 – TGS France) :

« Je ressens un mélange d’excitation et d’appréhension. Je suis super content de partir car pour moi, c’est l’aboutissement de deux ans de préparation. Je pense que cette étape va être intéressante pour rentrer un peu dans l’esprit de la transat. La première étape, c’est dix jours de navigation. Ça, je connais. En revanche, je ne connais pas les Canaries. Je vais faire attention à ne pas casser et à faire une route propre ».

Lucas Valenza-Troubat (606 – Six Saucisses) :

« Je suis un peu tendu. C’est ma nature mais je fais au mieux. Je sais que ça ira mieux deux heures après le départ, une fois dans ma course. Les routages ne sont pas très calés sur ce qu’il faudra faire en fonction des timings des deux fronts à passer. Tout va se goupiller dans les premières nuits. Je vais essayer de naviguer propre, de me faire plaisir et de ne rien casser pour profiter à l’arrivée, aux Canaries ».

Arno Biston (551 – Bahia Express) :

« J’ai trop hâte d’y aller mais à la fois, je suis mitigé sur le départ. Ça va être sympa pour les proches mais d’un autre côté, j’ai envie d’être déjà au Portugal. J’appréhende plutôt bien la première étape. Je pense que ça va être sympa. C’est casse-bateaux parce que la mer est courte, mais ça ne va pas durer trop longtemps. On sera au près donc il y a peu de chance qu’on fasse des erreurs si le bateau est bien préparé. Ça ne me fait pas très peur ».

Antoine Bos (825 – Rhino) :

« Je suis tendu mais concentré et confiant. Je suis prêt, le bateau est prêt, y’a plus qu’a. Hier, je me suis reposé. On a eu un brief météo et ensuite, j’ai préparé mes salades pour les deux premiers jours. J’essaie de ne pas trop penser à ce qui va se passer après, sinon je me fais des nœuds à la tête. Je commence à psychoter. A me dire que ça va être comme ci ou comme ça. On va prendre le départ, passer la première nuit et après on avisera. Si on peut avoir une grande glissade du cap Finisterre jusqu’aux Canaries, je prends ! »

Romain Bigot (802 – Impulso) :

« Je suis un peu stressé. Le premier briefing météo nous a mis un peu dans le bain. Il reste quelques points flous, mais globalement on sait à peu près comment ça va partir donc c’est assez rassurant. Le jour du départ, c’est toujours impressionnant. Un gros choc d’adrénaline. Malgré le report, j’ai quand même quelques copains, mes parents et ma dernière sœur qui sont restés. Ça va être musclé au tout début, et ça va aller decrescendo. C’est plutôt pas mal dans ce sens-là vu qu’après le départ, c’est le moment où on est le plus en forme. Ça va nous amariner pour la deuxième ou troisième nuit où ça va être plus costaud. Mais ça ne me fait pas plus peur que ça. Je n’ai pas vraiment d’objectif précis, plutôt prendre mes marques sur le bateau. C’est ma première transat. On ne va pas aller tout péter. Ce qui compte, c’est vraiment d’arriver aux Canaries ».

Colombine Blondet (759 – DareWomen) :

« Je n’aime pas du tout le près dans 30 nœuds. Ce n’est pas du tout mon truc, mais ça va le faire. Ça devrait se calmer après le cap Finisterre, ce sera sûrement plus agréable. Mon objectif est d’arriver aux Canaries et surtout en Guadeloupe, sans tout casser ».

Nicolas Cousi (533 – Telerys Communication) :

« Je me sens un peu stressé même si je suis relativement serein sur la préparation du bateau. On sait ce qu’on va avoir au niveau météo. Maintenant, il ne faut pas faire de conneries et réussir à partir le plus vite possible pour ne pas trop se faire larguer par les autres petits copains. Mon objectif est d’essayer de ne pas me faire décrocher au cap Finisterre parce que la météo est un peu incertaine et il ne faudrait pas rater le wagon. J’aime bien ce genre de conditions car on ne peut pas faire de grosse différence. Du coup on peut manger et dormir facilement ».

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