Un front, deux tactiques
Après avoir quitté les Sables d’Olonne hier en milieu d’après-midi, propulsés par un flux de nord-ouest soufflant entre 15 et 20 nœuds sur une mer relativement formée, les 90 marins de la 23e Mini Transat EuroChef ont, comme prévu, vu le vent s’affaiblir quelques heures après le départ. Les uns et les autres ont alors tricoté pour conserver un maximum de vitesse, en évitant notamment une zone de molle située dans le sud du golfe de Gascogne. Ce mardi, tous restent relativement groupés et cherchent à se positionner au mieux avant le passage d’un front annoncé en deuxième partie de nuit prochaine. Un front qui pourrait bien creuser de premiers écarts significatifs au sein de la flotte.
Partis hier sur les coups de 15h30 pour la première étape de l’épreuve (1 350 milles entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma), les 90 marins de la 23e Mini Transat sont entrés rapidement dans le vif du sujet, avec notamment des conditions de mer qui ont mis à mal les estomacs dès la sortie du chenal de Port Olona. Certains concurrents, tels que Tim Darni (432 – So’Kanaa jus 100% naturel) – par ailleurs confronté à de petits soucis d’électroniques -, ou Nicolas Guibal (758 – Les œuvres de Pen Bron) sont, ce mardi, sujets à un mal de mer persistant, mais ils s’accrochent malgré tout. Ils le savent, s’amariner est généralement l’affaire de deux ou trois jours. Le plus dur est toutefois à venir avec, dès la nuit prochaine, le passage d’un front sur leur route. A la clé, des rafales à 30-35 nœuds, au près, sur une mer croisée. La situation ne sera assurément pas la plus agréable et la plus confortable pour les marins, tant et si bien que certains ont d’ailleurs déjà fait le choix de prendre la tangente pour éviter le plus gros du mauvais temps en mettant le cap au sud.
Les riches encore plus riches ?
Premier à virer en début d’après-midi, Franck Lauvray (346 – Alice) a rapidement été imité par Pierre Meilhat (485 – Le Goût de la Vie), François Champion (Porsche Taycan) ou encore Hugo Picard (1014 – SVB Team). D’ici à ce soir, il est plus que probable que la grande majorité de la flotte ait fait de même, en faisant toutefois attention de ne pas trop descendre au sud, au risque d’être trop ralentie. Car si la prudence reste mère de sûreté, la course continue et ceux qui, à l’inverse, auront fait le choix de rentrer dans le front seront aussi les premiers à récupérer la bascule du vent au nord-ouest. Il y a fort à parier que les leaders n’hésitent pas trop et foncent droit devant. Reste que s’ils ont gros à gagner, il leur faudra évidemment préserver au mieux leur matériel pour ne pas trainer de handicap lors de la suite de l’étape.
De premiers écarts à attendre
Quid du pointage dans l’immédiat ? Irina Gracheva (800 – Path), championne de France de course au large en titre, mène impeccablement la danse chez les Proto. La navigatrice russe devance toutefois d’une courte tête seulement Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo). Ce dernier pourrait toutefois bientôt tirer avantage de son positionnement un plus nord par rapport à son adversaire, mais il doit aussi surveiller Victor Turpin (850 – Pays d’Iroise), Pierre Le Roy (1019 – TeamWork), Sébastien Pebelier (787 – Decosail) ou encore Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre). Tous restent en embuscade, à moins de cinq milles de la leader, et tous sont très à l’aise dans les conditions toniques.
Chez les bateaux de Série, la bataille bat son plein également. L’avantage est actuellement donné à Gaël Ledoux (886 – Haltoflame – Ilots.site), mais derrière lui, ça se bouscule au portillon. Pour preuve, Georges Kick (529 – Black Mamba), le doyen de l’épreuve pointé en 65e position, ferme la marche avec moins de 14 milles de retard. Pas sûr, toutefois, que dans 24 heures, les écarts soient toujours aussi faibles…