Pour plus de femmes à bord des foilers !
Cette saison, SailGP a lancé un vaste programme “le Women Pathway”, parcours professionnel pour intégrer les femmes dans l’univers des F50, leur faire découvrir le support et le circuit sous toutes ses facettes. Dans chacune des huit équipes internationales, des athlètes féminines de haut niveau oeuvrent sur toute la chaîne du dispositif : préparation des bateaux, manutention, entraînement sur l’eau à tous les postes. SailGP France passe à la vitesse supérieure en proposant un programme de navigation dans le but de constituer un véritable pool de navigatrices spécialistes du foil.
Amélie Riou et Hélène Noesmoen officient déjà avec les Français depuis le début de la saison 2. Double championne du Monde d’IQFoil, Hélène, 29 ans, est présente (et très active) à Saint-Tropez. « Il y a tout cet apprentissage auprès de grands experts, que ce soit les navigants ou les techniciens. Quand je suis arrivée aux Bermudes, sur le lieu de la Coupe, il y avait tout cet environnement de cadors. En tant que femme, si on veut aller chercher les compets avec de la densité, du haut niveau, de la concurrence, c’est dans l’olympisme qu’il faut aller. Mais ensuite, en voile professionnelle, on a très peu d’opportunités, encore moins quand on est planchiste. On n’est jamais appelé ! ».
Créer un vivier de navigantes
En 2019, avec Marie Riou comme contrôleuse de vol, SailGP France avait créé un précédent. Aujourd’hui, les Français veulent continuer sur cette lancée et compléter le dispositif de formation. Bruno Dubois, team manager de France SailGP : « j’ai demandé à l’association Team France (émanation de l’ancien syndicat de Franck Cammas pour l’America’s Cup) dont je fais partie, de prendre en charge le développement féminin en dehors de ce que nous faisons dans notre équipe, pour leur permettre de naviguer davantage entre les évènements du championnat SailGP. Jusqu’au mois de mars, nous allons organiser plusieurs sessions d’une semaine en WASZP (dériveur à foil) à l’ENVSN. Mais également en G32 sur l’ancien Norauto. L’objectif est de créer un pool de navigantes et d’avoir une athlète à bord du F50 en 2022. Idéalement, l’idée serait d’avoir une personne en plus pour assurer la stratégie, surveiller les priorités, donner des infos tactiques. Nous échangeons avec Russell Coutts (CEO de SailGP) sur l’intérêt de naviguer à six à l’avenir. L’organisation d’une ligue féminine en F50 est aussi évoquée. Dans tous les cas, il faut bien qu’on démarre de quelque part et ce n’est pas en les laissant dans les semi-rigides qu’on va y arriver. On veut de bonnes régleuses d’aile, des barreuses… »
Hélène Noesmoen ne peut qu’acquiescer, tout en dressant ce bilan : « Aujourd’hui, en foil, si on cherche les meilleurs navigants au monde, ce sont souvent des hommes. C’est toute une expérience qui a été prise et la marge de niveau entre hommes et femmes est maintenant énorme. Si on emmène des femmes sur ces compétitions sans avoir pris le temps de les former, on sera tout de suite jugées comme contre-performantes, peu fiables. Il faut élargir au maximum le nombre de femmes à qui on va apporter ces connaissances ».
Combler le décalage d’expérience sur les supports à foil
La médaillée de bronze olympique en 470 Aloïse Retornaz, invitée ce week-end à Saint-Tropez au sein de l’équipe tricolore, abonde dans ce sens : « Les filles ont du retard sur les supports à foil. Plus on attend, pire ça va être. Il y a d’autres supports volants qui existent. Il va falloir passer des heures à naviguer en vol. C’est différent de ce dont on a l’habitude. Au-delà de la gestion du vent, de la navigation qui sont des préalables, il y a toute une technique qu’il faut apprendre à maîtriser. Il faut du temps pour cela et trouver des moyens pour faire naviguer les filles. En tout cas, moi, ça me fait rêver ! ».
Sa barreuse Camille Lecointre également présente au France Sail Grand Prix (deux fois médaillée de bronze aux JO, triple championne d’Europe et Championne du Monde de 470) est sur la même longueur d’ondes : « On part de loin, on n’a pas l’expérience de bateaux qui vont aussi vite. Il y a déjà un gap important entre les garçons et les filles sur ce genre de support. Il faut qu’on essaye de trouver des solutions pour assurer notre rôle à bord. Il y a des étapes à passer avant de pouvoir intégrer un team sur l’eau. Il faut apprendre à naviguer sur des catas plus petits ou sur d’autres supports. La volonté d’intégrer des filles dans cet univers est une initiative importante. C’est pour cela que je suis là, ça ne se refuse pas ! Il faut faire avancer le schmilblick ! »