Partie d’échecs océanique
Ce matin, la flotte était toujours très étalée en latéral ; plus de 50 milles séparaient Jesse Fielding (opportunity – State Street Marathon sailing) au nord de la flotte d’Arthur Hubert (MonAtoutEnergie.fr) marin le plus septentrional. Avec une portée AIS* de 5 milles, impossible pour les concurrents de placer précisément les pions sur cet échiquier océanique et donc d’anticiper les potentiels déplacements de leurs adversaires. Il faut faire sa route, rester concentré sur ses trajectoires et surtout essayer de se reposer avant d’attaquer la dernière ligne droite. Tous témoignent aujourd’hui d’une fatigue inexorablement accumulée au fil des jours et de ce mois de course intense à l’instar de Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) : « Je dors, je dors, et le corps ne récupère plus aussi bien. Je patauge dans la semoule. Quand je me réveille, je ne suis pas opérationnel. C’est dur. Les nuits en mer commencent à être longues, ça devient interminable, le soleil met du temps à se lever, ça n’aide pas le cerveau à se réveiller ».
*AIS pour Automatic Identification System. Ce système permet d’émettre et de recevoir les données de positionnement, cap, vitesse,… des bateaux. Ces informations sont reçues par tous les capteurs AIS alentours.
Emportés par la houle
En mer, les surfs sous spi s’enchaînent. La grande houle qui propulse les Figaro Bénéteau 3 modifie le vent apparent forçant les marins à rester à la barre et aux réglages.
La flotte divisée jusqu’en milieu de journée s’est regroupée à la faveur d’un premier empannage. Tout reste encore à faire pour les 34 solitaires en course. L’approche des côtes bretonnes va certainement se révéler piégeuse. Les prévisions météo que les marins ont embarquées, il y a 5 jours, à Roscoff sont désormais obsolètes et surtout les hommes et femmes déjà usés par 3 jours de course vont devoir redoubler d’attention pour ne rien manquer des effets de sites inhérents à l’atterrage.
Achille Nebout (Primeo Énergie – Amarris) « Les fichiers commencent à être loin de la réalité, ça va être compliqué à la fin. Demain, il faudra prendre en compte le vent thermique, la pétole près des côtes bretonnes. Je me suis bien reposé, c’est un bon point ! Moralement, c’était dur hier, mais je me dis que tout est possible. Ça va jouer jusqu’à la fin, c’est clair, et je suis dans de bonnes dispositions pour attaquer les deux derniers jours.”
Deux options se profilent en cette fin de journée : empanner aux alentours de 18h30 pour tirer un grand bord proche de la côte, ou attendre 22h30 pour se caler sur la route directe… L’issue de l’étape se joue peut-être là !
Les dernières prévisions laissent présager d’un passage au large de Penmarc’h, entre 6h et 9h demain, jeudi.
Pendant ce temps, les trois bateaux accompagnateurs de La Solitaire du Figaro sillonnent la prairie comme ils se plaisent à le dire, pour garder un œil sur leurs protégés et leur apporter réconfort et divertissements ; des distractions bienvenues qui ponctuent agréablement les quarts des coureurs.