À 29 ans, Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) a sans conteste dominé les débats avec deux victoires d’étape sur cette 52e édition de La Solitaire du Figaro. Il n’était pourtant pas donné favori face aux vieux briscards du circuit. Les paris se portaient sur Xavier Macaire, Gildas Mahé, Alexis Loison ou Corentin Horeau. Au classement général, le constat est évident : un vent de jeunesse souffle fort. Derrière Pierre Quiroga, Tom Laperche (Bretagne CMB Performance) 24 ans, 3e, confirme son haut potentiel pour prétendre à une victoire, Gaston Morvan (Bretagne CMB Espoir), 24 ans, 7e et premier bizuth, porte haut l’étendard d’une jeunesse qui en veut !

Cette 52e édition marque un tournant dans l’histoire de la course au large en solitaire à armes égales. Le Figaro Bénéteau 3 y est sans doute pour beaucoup : inconfort total de vie à bord, corps mis à mal, exigence de tous les instants. La préparation physique devient le nerf de la guerre pour enquiller 4 semaines de régates intenses. Non pas que les skippers de plus de 40 ans soient à « ranger des voitures », mais l’expérience n’est plus le seul gage du succès. Les moins de 25 ans ultra talentueux arrivent en force, tandis que nombre de grands noms du circuit, à l’image de Martin Le Pape, Tanguy Le Turquais, Eric Péron, Damien Cloarec ou Alexis Loison décident de « choquer » après cette Solitaire. La nouvelle génération voit également des filles planter leurs étraves devant les garçons : Elodie Bonafous (Bretagne CMB Océane), 25 ans, Violette Dorange (Devenir) 20 ans, Estelle Greck (Respimer), 30 ans, l’Américaine Francesca Clapcich (Fearless -State street marathon), 33 ans et Charlotte Yven (Team Vendée Formation), 24 ans.

Un Top Ten disputé

Les cadors sont bien là où on les attendait dans les dix premières places. La bataille fut âpre sur cette Solitaire longue, très longue : près de 2 800 milles réellement parcourus ! La connaissance de soi et le travail ont compté pour sûr (Xavier Macaire fut un adversaire de taille) mais la fraîcheur et le talent ont créé la surprise : Gaston Morvan s’empare de la 7e place 15 mn devant Corentin Horeau (Mutuelle Bleue – Institut Curie), moins de 20 mn devant Martin Le Pape (Gardons La Vue). On notera la progression fulgurante d’un certain Erwan Le Draoulec (Skipper Macif 2020), 24 ans, 10e au général, après une place de 29e en 2020 sur sa première Solitaire du Figaro. Il relègue le très bon Alan Roberts (Seacat Services) en 11e position.

Cette année, pour la première fois depuis la création de la course en 1970, un trophée sera donné au vainqueur, une coupe en laiton tourné sur son socle en bois, gravé aux noms des 51 précédents vainqueurs de La Solitaire. Réalisé par la Maison JP Leconte Paris, institution de l’orfèvrerie artisanale, il sera remis à Pierre Quiroga, vainqueur de l’édition 2021. « La Solitaire du Figaro est une institution du paysage de la course au large en solitaire. Réputée pour sa dureté, considérée comme l’épreuve la plus difficile à gagner au monde, il semblait important pour les équipes d’OC Sport Pen Duick de la doter d’un Trophée emblématique à la hauteur de ce que représente une victoire sur La Solitaire du Figaro. » souligne Hervé Favre, président d’OC Sport Pen Duick.

Des bizuths dans le coup

Ils étaient 12 (dont 3 femmes) à s’engager à Saint-Nazaire sur la ligne de départ le 22 août dernier pour la toute première fois. Et parmi ces nouveaux venus sur le circuit Figaro, il y a des pépites : Gaston, biberonné à la Solitaire par son père Gildas Morvan (22 participations) fut à bonne école et surtout prend un plaisir fou sur ce format de course ardu et diablement exigeant. 1er bizuth, 7e au classement général, la relève est bien là. Alexis Thomas (La Charente Maritime) du haut de 25 ans a démontré (déjà !) une capacité à trouver sans cesse la ressource nécessaire pour rester dans le bon paquet. L’Espagnol, Pep Costa, 22 ans, a brillé sur la dernière étape, un long moment dans le sillage de Pierre Quiroga et Tom Laperche.

Des internationaux combatifs !

1er au passage du Fastnet, 3e de la dernière étape et 16e au général, l’Irlandais Tom Dolan (Smurfit Kappa – Kingspan) fait partie des meilleurs figaristes du moment qui osent des coups tactiques tranchés, font leur trajectoire hors de la meute. L’Anglais Alan Roberts (Seacat Services), lui, peut se targuer d’un podium sur la 3e étape mais reste mitigé quant à sa 11e place au classement général. Il remporte cependant le classement Vivi des skippers internationaux. L’Américain Jesse Fielding (Opportunity – State street marathon sailing), bizuth, devrait doubler la ligne d’arrivée ce soir vers 19h.
A noter, le Trophée de la Combativité Suzuki remis à L’Espagnol Pep Costa sur la quatrième et dernière étape. « Pep a été un animateur de la quatrième étape. Il a pris une option sud par rapport au reste de la flotte sur le retour vers Saint-Nazaire. Pep est allé au bout de son choix, il a assumé sa stratégie de course » a déclaré le jury.

Régater et s’impliquer

La ville de Saint-Nazaire créé le trophée du ou de la skipper la plus impliqué(e) pour une société inclusive. La Ville remettra ce soir le prix à Robin Marais (Ma Chance à Moi) pour l’accompagnement de son association des enfants les plus vulnérables et qui œuvre pour l’égalité des chances dès l’enfance.

Ils ont dit :

Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) :

J’ai pris une option sur cette étape ! J’ai navigué comme j’aime. J’ai voulu pousser cette option à fond, ne pas contrôler, c’est pour cela que je l’ai fait. Ce n’était pas la bonne. Tu peux le payer très cher. Tu peux le payer au prix d’une Solitaire. Heureusement, ça l’a fait. C’est plus qu’une belle solitaire. C’est une solitaire incroyable, c’était une solitaire sur mon petit nuage. Je ne m’en remets pas encore, je crois qu’elle va rester dans mon cœur très longtemps. C’est surtout une solitaire pleine de plaisirs : plaisir sur l’eau, plaisir de trajectoires… et ça rend la victoire beaucoup plus belle.

Gaston Morvan (Bretagne CMB Espoir), 1er classement Bizuth, 7e classement général :

Il a fallu aller la chercher la place de 1er bizuth sur cette dernière étape ! Au final ça se gagne vraiment juste avant l’arrivée, par des petits placements, par de l’engagement… J’ai mouillé le maillot à fond ! Quatre fois premiers bizuth sur quatre étapes, c’est royal, c’est inespéré. Et un top 10 au général, une belle navigation, de belles trajectoires, une bonne vitesse… C’est trop bien ! Il faudra remettre du charbon pour faire encore mieux l’année prochaine.

Tom Dolan (Smurfit Kappa – Kingspan), 2e au classement Vivi des skippers internationaux, 16e au général :

La première nuit quand je suis parti dans l’ouest, oui j’ai eu des doutes. Je n’avais pas de doutes sur la stratégie ou le vent, j’avais des doutes parce que toute la flotte allait à droite ! Je n’ai vraiment pas compris pourquoi ils allaient là-bas. Alors, oui j’ai eu de sacrés doutes jusqu’à ce que le brouillard se lève et que je les vois, tous derrière. Ce podium me fait du bien. Finir comme ça, c’est super positif ! Ce n’est pas rien quand-même un podium d’étape : vivement l’année prochaine !

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