Précurseur depuis sa création, la Classe Mini et ses 300 adhérents continuent d’influer le mouvement : innovation, diversité ou développement durable… autant de thématiques dans l’air du temps que la Classe porte dans son ADN.

Des prototypes inspirants

S’ils ne représentent que 23% des bateaux de la Classe Mini, les prototypes Mini 6.50 n’en sont pas moins les fers de lance de l’innovation dans le monde de la course au large.
Le proto c’est quoi ? Un bateau conforme à  la jauge de la classe détaille Joël Gâté, jaugeur : « le bateau doit rentrer dans un cadre de 2 mètres de tirant d’eau, 12 de tirant d’air, 3 mètres de large, 6,5m de long. Tout le reste est complètement ouvert : design, matériaux de construction, équipements, accastillage… tant que ça reste dans le cadre ! « .
C’est cette liberté qui a donné lieu à certaines des plus belles innovations de la voile ces dernières décennies : la quille pendulaire tout d’abord marquera les années 90. Dès 2010, c’est sur un Mini qu’on voit apparaître une autre révolution architecturale : les étraves arrondies. »Ce n’est pas une innovation proprement dite, explique Joël Gaté, car ce design existait déjà sur des bateaux québécois : les scows ; mais c’est la première fois qu’on le voyait adapté à un bateau de course au large [le 747 plan David Raison ndlr]. Très vite le 747 a prouvé sa vélocité, avec un gain de vitesse incroyable, dominant largement les débats, sans compter un gain de confort non négligeable puisque le skipper vit désormais quasiment au sec : du jamais vu sur un bateau de large!
Cette carène a donc révolutionné la façon dont les architectes conçoivent désormais les bateaux. Le concept a rapidement fait des adeptes en Mini bien-sûr (avec notamment le 865) puis s’est exporté dans les autres classes, notamment la Class40, et pour moi, depuis la quille pendulaire, le « bout-rond » reste l’innovation la plus marquante de ces dernières années. »

Depuis,  les skippers de prototypes ont adopté les foils et dans ce domaine, ils ne sont pas, non plus, en mal d’inspiration. Le développement technique et technologique de leur bateau est même l’un des moteurs de leur motivation comme l’illustre Tanguy Bourroulec, skipper du 969 – POGO FOILER, à propos du développement de ces foils : « Le choix du design du foil c’était presque le choix le plus long à faire. Il y a eu énormément d’échanges notamment autour de la CFD [calcul de dynamique des fluides – ndlr] entre l’archi, le bureau d’étude et moi-même. La grosse contrainte pour la construction c’est qu’au port les foils rentrent dans les 3 mètres de la jauge, une fois en mer, cette contrainte est étendue à 6,5m. A cette époque certains dessins sortaient avec foils et dérives pour faire du près. De notre côté nous avons plutôt  misé sur un foil qui pouvait nous faire un plan antidérive intéressant pour faire du près et il s’avère que ça marche plutôt bien. Le système qu’on a développé est complètement innovant ».

L’américain Jay Thompson (936 – Speedy Gonzalez) n’est pas en reste, en matière d’inventivité :
« Comme je travaille dans la préparation des Imocas, on échange pas mal avec les autres architectes ou skippers. Par exemple on discute d’une évolution pour mettre le foil sur une rotule ou un axe qui permettrait de descendre le foil à l’eau, juste pour porter le bateau.
Sur mon bateau, je peux également régler l’incidence des safrans sur le même principe qu’un avion : tu as l’aile principale qui porte tout le poids et après tu as un stabilisateur sur le safran qui fait l’assiette : 1mm de réglage change complètement le comportement du bateau. C’est un système que j’ai complètement imaginé. »

Comme ces marins fourmillent d’idées, de concepts plus ingénieux les uns que les autres, les évolutions des Minis 6.50 sont toujours scrutées de très près par tout l’écosystème technique de la course au large. Certaines grosses équipes ont même choisi un Mini pour tester, développer et  valider différents systèmes qu’ils ont pu, par la suite, adopter sur leurs plus grosses unités.

Mais l’innovation n’est pas la seule caractéristique de la Classe Mini. Elle se distingue aussi par son exemplaire engagement. Car s’il faut être engagé pour réussir une Mini-Transat, les membres de la Classe, qui en constituent son conseil d’administration, continuent de s’impliquer dans et pour l’avenir.
Sans surprise, la Classe Mini s’est emparée cette année des questions de développement durable et met tout en œuvre pour encourager de nouveaux comportements, réfléchir et mettre en œuvre des actions plus respectueuses de l’environnement.

Ecologie et développement durable

Faire naviguer les anciens bateaux est un excellent exemple de durabilité. Le marché du Mini d’occasion se porte très bien et surtout les anciens bateaux continuent de naviguer. Il n’est pas rare d’en croiser encore en course à l’instar du n°138, un plan Rolland conçu pour Bernard Stamm en 1995 et qui s’apprête à faire sa 5ème traversée de l’Atlantique. L’espagnole Pilar Pasanau accompagnera, elle, la 7ème Mini-Transat de son proto n°240 construit en 1999 pour Lionel Lemonchois.
Ces exemples de longévité ne sont pas des exceptions dans l’univers du Mini. La jauge simple et stable concourt largement à la pérennisation de ces petits bolides fiables, solides et plutôt bon marché. Leur petite taille permet enfin, avec un budget raisonnable de les remettre plus facilement en conformité avec les règles de sécurité. Et malgré plus de 20 ans de navigation au compteur, ces exemplaires procurent toujours autant de plaisir et de fun à leurs skippers.
A travers de leur groupe Facebook ou des petites annonces de la classe, les coureurs continuent de s’acheter du matériel, cartes marines, des voiles et autres pièces d’occasions. « Recycler » est sans nul doute le premier pas d’une bonne conduite écologique.

Pour continuer en ce sens, la Classe Mini a mis en place au sein de son Conseil d’Administration, une commission environnementale dédiée et lancé cette année en collaboration avec Mer Concept et Quantis (groupe de conseils en développement durable), une analyse de cycle de vie sur différents scénarios de projets Mini.
La commission a également  proposé une série de d’actions engageantes à destination des organisateurs de course et des coureurs comme par exemple la valorisation des circuits courts, tendre vers le zéro plastique / zéro déchet, la déclaration des goodies auprès de la Classe, encourager la mobilité douce ou les co-voiturage, organiser une collecte de vieilles voiles pour les recycler, récupérer les médicaments périmés ou en fin de vie, rajouter au livre de bord des coureurs une colonne d’observations environnementales incluant les observations liées aux déchets flottants, mammifères marins croisés, traces éventuelles de pollution…
Les sujets ne manquent pas et la commission réfléchit également à une ouverture de la jauge Série aux matériaux biosourcés, à différentes solutions d’antifouling plus respectueuses de l’environnement ou encore travaille à la comparaison de l’impact environnemental des différentes options énergétiques à bord des bateaux (panneaux solaires, batterie lithium, batterie plomb, etc…).

Beaucoup de sujets pour avancer et faire évoluer non seulement la Classe Mini mais la cause toute entière.

Une diversité assumée

La diversité concept ancré dans l’air du temps fait tout bonnement partie de l’ADN de la Classe Mini. Outre les bateaux, elle s’exprime au travers des profils des concurrents et de la mixité… ici la diversité n’est pas un vain mot, c’est une réalité concrète.
25 nationalités représentées, autant de professions que d’adhérents, la diversité est inhérente à la Classe Mini. Il a une variété incroyable de profils sociaux professionnels représentés au sein de la Classe. Cette pluralité est certainement l’une de plus grandes richesses d’un point de vue humain car l’on sait bien que sur l’eau tout le monde se retrouve un peu en slip, et ce, quelque soit ses origines ou son parcours. Sur les pontons, face à la course qui les attend, les marins se retrouvent seuls, égaux, dépouillés de leurs oripeaux sociaux. A l’arrivée d’une Mini-transat, sans assistance ni  communication, tous partagent ce même dépouillement. C’est leur humanité propre qui les rassemble, la certitude aussi d’avoir été, tous, au bout d’eux-mêmes, d’avoir traversé des joies ou des affres qu’eux seuls connaissent. De cette expérience unique naît une communauté véritable et engagée.

En course au large, la féminité n’est pas un sujet en soi, en ce sens que marins, hommes ou femmes, se battent à armes égales et qu’il n’y a pas de classement genré en voile.
Avec 13% d’adhérentes, les femmes sont très bien représentées au sein de la Classe Mini, dans un sport qui a longtemps souffert de trop de « masculinité ». La taille des bateaux, leur maniabilité sont sans conteste autant d’arguments qui incitent les femmes à se lancer dans un projet de course au large. Ellen Mac Arthur, Isabelle Autissier, Sam Davies, Isabelle Joschke ou encore Clarisse Crémer ont toutes fourbi leurs armes sur un Mini6.50 avant d’embrasser les carrières de marins émérites qu’on leur connaît.

Innovation, développement durable ou diversité, la Classe Mini a fait siennes ces valeurs essentielles mais quoi de plus surprenant tant ses membres connaissent par cœur ce fameux adage qui veut que tout seul on va plus vite mais qu’ensemble on va plus loin…

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