Plein les yeux !
C’est un spectacle de très haute volée qui s’est tenu ce samedi dans le stade nautique naturel du golfe de Saint-Tropez, les F50 déroulant leur ballet aérien au ras de la digue, pratiquement au pied des spectateurs. Les équipages, eux, ont fait le yoyo dans les petits airs irréguliers. Les Américains de Spithill ont assuré leur journée en remportant deux des trois régates. Les Français, eux, ont étincelé sur les départs devant des milliers de fans, sans réussir à concrétiser sur la ligne d’arrivée.
La règle de trois
La brise thermique, restée timide en début d’après-midi, a renvoyé les équipages à leur configuration minimale : trois marins à bord (au lieu de cinq) pour mener les F50 parés aujourd’hui de leurs grands foils et leurs grands safrans. Il fallait au moins ça pour s’élever au-dessus des flots azurs du golfe de Saint-Tropez. Mais pas que…
Trous d’air, sautes de vent, pénalités pour franchissement des frontières virtuelles du parcours ont orchestré cette journée un peu rocambolesque, émaillée d’incessants chassés croisés au sein d’une flotte qui est restée très groupée sur les parcours.
Auteurs de deux magnifiques départs, les Frenchies n’ont malheureusement pas été récompensés pour leur témérité. Dans la manche 1, ils sont pénalisés pour avoir dépassé les limites du parcours. Même sanction dans la 2e régate alors qu’ils passent la deuxième porte en tête. Ils se retrouvent ensuite au ralenti dans une zone peu ventée où ils auront du mal à faire voler leur F50. Dans la dernière, enfin, ils jouent en milieu de tableau, sont en passe d’accrocher le podium mais un défaut de priorité avant le finish les prive d’une bonne note finale. Leurs coups d’éclats n’ont pas été suffisants pour allumer la flamme …
Equipe française SailGP : relativiser pour mieux construire
Ce soir, il y avait forcément de la frustration dans le camp Français, mais aussi un réalisme très pragmatique, celui qui permet aux champions de toujours regarder vers l’avant. Billy Besson : « C’est dur, c’est très dur. Mais c’est aussi ça SailGP ! On peut être en tête, tout perdre d’un coup et inversement. On a fait de mauvais coups, il faut être lucide, on a fait davantage d’erreurs que les autres, d’où notre place aujourd’hui (7e). On a fait aussi de belles choses : des supers départs, une meilleure gestion au fil de la journée de la hauteur de vol. Comme nous n’étions que trois à bord, j’avais une grosse job list à moi tout seul, en plus de la barre : la hauteur de vol, le réglage des safrans avec les pieds, regarder l’écran pour vérifier les cadres du parcours qu’on a loupé pas mal de fois, surveiller les adversaires. Il faut que je m’entraîne plus dans cette configuration. Et c’est ce qu’on va faire dès demain matin si la situation est la même, pour avoir le meilleur feeling possible pendant toute la régate ».
Thierry Douillard, l’entraîneur de l’équipe française, confirme et relativise : « Il faut réussir à mettre des bémols à ce mauvais bilan pour pouvoir construire pour demain. On doit apprendre à mieux absorber le travail à trois sur le bateau. Il y a eu quelques manœuvres loupées, une mauvaise analyse dans la gestion de nos adversaires comme sur la dernière manche. Par contre, tout le travail effectué ces derniers mois sur les départs paye. Billy est capable de prendre de super départs. Maintenant, vu le niveau de la flotte, il faut réaliser de nombreux ajustements. On va bien débriefer. Demain, le vent devrait être léger et à nouveau, de nombreux paramètres vont reposer sur les épaules du barreur. Il faudra être capable de mieux regarder le plan d’eau, d’anticiper notre position par rapport aux adversaires ».
Spithill en forme
Ce samedi, seuls les Américains de James Spithill ont navigué dans le haut du tableau. Vainqueurs des manches 2 et 3, ils prennent logiquement la pole position à l’issue de cette première journée torride. Trois à quatre points derrière eux, les teams néo-zélandais, espagnols et japonais sauvent les meubles grâce à leur relative régularité alors que Ben Ainslie, beau vainqueur de la régate d’ouverture, s’enferme ensuite dans la dernière. Quant aux Australiens leaders du classement général de la saison, ils ont été affectés toute la journée par de nombreux soucis techniques.
Demain dimanche, les huit équipages n’auront que deux régates pour tenter d’accéder à la finale pour le podium. Mathématiquement, tout est encore possible pour l’ensemble des concurrents, y compris pour les Français…