La flotte de La Solitaire du Figaro entre dans le dur
Finies les paisibles glissades au portant. Les 34 concurrents de la 52e Solitaire du Figaro ont mangé leur pain blanc. Depuis ce matin, menés par le nouveau leader Xavier Macaire (Groupe SNEF), ils ont enroulé la bouée cardinale ouest au large des îles espagnoles Farallones. Débute maintenant une longue remontée au près vers Lorient, dans une courte houle de 2 mètres et un vent qui pourrait atteindre plus de 30 nœuds dans les rafales.
Après une nuit sans sommeil où s’est allongée la foulée des concurrents en même temps que les écarts au sein de la flotte (qui s’étale désormais sur une trentaine de milles, contre 10 hier soir), les skippers de la Solitaire du Figaro ont radicalement changé d’ambiance. A la descente en rangs serrés au portant amorcée depuis Saint-Nazaire, dans une brise irrégulière mais légère, succède une remontée qui s’annonce très inconfortable, difficile. Xavier Macaire (Groupe SNEF), nouveau leader de la course après une nuit très rapide où il a souvent navigué un demi-noeud plus vite que le reste de la flotte, en avait pleinement conscience ce matin, malgré la fatigue. Il déclarait au passage de la bouée cardinale ouest Farallones : « Cela va être assez long parce qu’on remonte au près. Mais c’est une belle fin d’étape qui nous attend. Cela va être sympa. Je ne dis pas pour autant que j’apprécie, car ce n’est pas très confortable. C’est un peu dur de gérer le bateau dans ces conditions. C’est difficile de manger, nous sommes trempés, c’est vraiment difficile à tous les niveaux. Je n’ai pas pu trop lâcher la barre cette nuit du coup, je suis un peu fatigué, mais bon en général, je me débrouille bien dans ces conditions-là. Si cela peut me permettre d’être bien placé, c’est bon à prendre. »
Les chevronnés de la Classe Figaro Beneteau aux avant-postes
Il est fort probable que l’expérience sera un atout de poids dans cette pénible remontée où il faudra trouver le bon curseur entre vitesse, préservation du matériel, du skipper et choix de la meilleure trajectoire. Ce retour vers Lorient offre un large champ de possibilités sur le plan stratégique, accentué par l’ajout récent de zones interdites à la navigation pour cause d’essais militaires en mer au large de Belle-île et de la Rochelle. Dans le sillage du leader , à 2 milles, Pierre Leboucher (GUYOT Environnement – Ruban rose) à toutes les apparences d’un solide deuxième, lui qui après un départ prudent, a fait une descente pleine d’opportunisme en déclenchant tous ses empannages au bon moment. Tout proche, Gildas Mahé (Breizh Cola) s’est fait redoubler par Tom Laperche (Bretagne –CMB Perfomance), revenu troisième après avoir perdu quelques places dans la nuit. A trois milles de Xavier Macaire, Fabien Delahaye (Groupe Gilbert), Corentin Horeau (Mutuelle Bleue pour l’institut Curie) et un demi-mille plus loin Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) et Martin Le Pape (Gardons la vue), habitués du circuit Figaro, font la démonstration de l’importance de l’expérience, même si le jeune Gaston Morvan (Bretagne – CMB Espoir), 10e et premier bizuth de la flotte à un peu plus de 4 milles du leader, aime à venir jouer les troubles-fêtes dans ce classement fait de ténors et de marins d’expérience. Juste devant lui, Elodie Bonafous dont c’est seulement la deuxième participation à la Solitaire du Figaro montre également une belle constance aux avant-postes.
L’heure des choix
L’ensemble de la flotte de cette 52e Solitaire du Figaro, fermée par Maël Garnier (Ageas Team – Baie de Saint-Brieuc), a désormais enroulé la cardinale « Ouest Farallones ». Tous visent désormais la prochaine marque du parcours, la bouée « Les Chats », mouillée à l’est de l’île de Groix, tout près de l’arrivée.
Les skippers ont maintenant passé la moitié du parcours et sont tous confrontés aux mêmes conditions, à savoir un vent d’ouest-nord-ouest d’une vingtaine de nœuds avec des rafales possibles à 30, qu’ils remontent face à une houle courte de deux mètres. Ils sont dans le dur, l’humidité usante d’une longue remontée au près vers Lorient qui va solliciter l’expertise et l’expérience des plus anciens skippers de la classe, tester la motivation et l’envie des moins aguerris et confronter l’ensemble de la flotte aux premiers grands choix stratégiques. « Le vent devrait progressivement tourner un peu vers la gauche, ce qui va obliger tous les concurrents à choisir un point de virement en fin de journée ou en début de nuit », commentait cet après-midi Yann Château, adjoint à la Direction de Course. Il ajoutait « Ceux qui auront choisi comme Xavier Macaire de faire une route un peu plus rapide vers l’ouest pour éviter de trop naviguer face aux vagues y arriveront en premier mais en ayant parcouru plus de distance comparés à ceux qui auront décidé de remonter au plus près du vent. Il restera ensuite pour les skippers à choisir entre passer à l’est des zones de tirs interdites à la navigation ou au milieu. Si l’option de contourner ces zones par l’ouest semble désormais obsolète, certains modèles météorologiques comme le GFS, laissent a contrario entendre qu’une option est pourrait s’avérer pertinente. Mais les figaristes sont par nature conservateurs et choisiront sans doute de passer au milieu ».
Le choix sera assurément difficile, surtout sur une première manche où les marins ont avant tout intérêt à ne pas faire d’erreur coûteuse qui ruinerait prématurément toute chance de bien figurer au classement…Premières réponses demain en fin d’après-midi !