L’une des batailles les plus intenses de la Rolex Fastnet Race s’est disputée en IRC 3 qui rassemble des unités de taille moyenne, autour de 10 mètres. Le bateau à battre était sans conteste Léon, skippé par les marins normands Alexis Loison et Guillaume Pirouelle. Champion en titre de l’IRC 3, ainsi qu’en double, Loison est rentré dans l’histoire de la course en remportant le classement général en 2013. S’il est respecté en France, Alexis est admiré en Angleterre pour cette incroyable victoire. C’était en effet la première fois qu’un équipage double (il était avec son père) remportait le Fastnet. Avec cette nouvelle victoire, Loison porte à cinq le nombre de ses titres sur la Rolex Fastnet Race.

Après le départ musclé dans le Solent dimanche dernier, plusieurs favoris ont dû jeter l’éponge à l’image de James Haradaya et Dee Cafari qui sont rentrés au port après avoir déchiré leur grand-voile. Shirley Robertson et Henry Bomby, des stars outre-manche, ont débuté par un départ volé qu’ils ont eu toute les peines du monde à rattraper. Bomby a participé à la Volvo Ocean Race alors que Shirley Robertson est double championne olympique.

Respecté en France, admiré en Angleterre

Au rocher du Fastnet, les Normands passent en tête mais la descente vers Cherbourg-en-Cotentin s’avère plus compliquée. Bomby et Robertson parviennent à les doubler grâce à un placement nord au passage des Scillys. « Ils étaient très forts et ont fait une bonne remontée à la fin. Après les Scilly, Swell a navigué très vite et nous n’avons rien pu faire d’autre que de pleurer » reconnaît Loison. Pourtant, le local n’a pas dit son dernier mot et signe un joli coup en empannant devant La Hague. Cette ultime option permet à Léon de réduire l’écart avec Swell et – grâce à un meilleur rating – de le devancer d’une grosse demi-heure en temps compensé.

Sur le fil

Cette victoire sur le fil est à l’image d’une compétition qui n’a jamais été aussi disputée en double. « Cette édition a été plus disputée qu’en 2019. Peut-être parce que la météo était différente, et je pense que tous les équipages de double ont beaucoup travaillé pour produire une meilleure performance. Nous avons vu beaucoup de bateaux bien préparés, surtout en double avec Henri et Shirley » analyse Loison. Le Cherbourgeois va maintenant rejoindre Saint-Nazaire pour prendre le départ de la Solitaire du Figaro dans une dizaine de jours. Son co-skipper, Guillaume Pirouelle, sera au départ de la prochaine édition – en 2022 – à bord de Région Normandie.

Parmi les prétendants en IRC 3, Loison et Pirouelle ont eu fort à faire avec un autre bateau cherbourgeois : Raging-bee². Finalement, le JPK 10.80 de Louis-Marie Dussère a perdu du terrain dans la Manche et termine troisième en temps compensé. « Nous étions très heureux d’être les premiers au Fastnet Rock, car nous savions dès le début de la course qu’Alexis Loison allait gagner ! Mais pour cette course, nous nous sommes bien battus avec lui, toujours proches et c’était nouveau pour nous et c’est la première fois que nous franchissons la ligne d’arrivée devant lui. Pour moi, le nouveau parcours est plus intéressant parce qu’avec l’ancien parcours, il n’y avait plus d’enjeu après les Scillys. C’est beaucoup plus ouvert maintenant avec davantage de tactique. L’arrivée à Cherbourg est un beau progrès car le village est très proche des bateaux. »

Pen Duick VI à Port Chantereyne

C’est un bateau mythique qui vient de rejoindre le port Chantereyne. Pen Duick VI, skippé par Marie Tabarly est en effet visible au ponton J, sous la capitainerie. Ce grand bateau de 18m metres de long, conçu pour l’équipage, est rentré dans l’histoire à l’occasion de la victoire d’Eric Tabarly sur la Transat Anglaise en solitaire de 1976.

INTERVIEWS

Alexis Loison – Leon :

« Je suis très heureux de gagner à nouveau et très satisfait de notre performance. Nous avons tout donné à bord et c’est bon pour Guillaume et moi. Nous nous sommes bien entraînés ensemble pendant toute cette année avec le Figaro, et gagner dans la Rolex Fastnet est une belle récompense.
Cette édition a été plus disputée qu’en 2019. Peut-être parce que la météo était différente, et je pense que tous les équipages de double ont beaucoup travaillé pour produire une meilleure performance. Nous avons vu beaucoup de bateaux bien préparés, surtout en double avec Henri et Shirley. Ils étaient très forts et ont fait une bonne remontée à la fin. Après les Scilly, Swell a navigué très vite et nous n’avons rien pu faire d’autre que de pleurer un peu, mais vers la fin, Swell est allé plus au sud et avait moins de vent que nous et nous avons pu revenir. Une autre équipe de double, Aileau (JPK 10.80 Olivier Burgaud & Sylvain Pontu), a fait une très bonne option vers la fin et ça nous a aussi inquiété. La Rolex Fastnet est toujours une course difficile, il y a beaucoup d’options et beaucoup de bateaux, donc il est impossible de contrôler toute la flotte. Nous avons choisi notre tactique en regardant Swell, et nous n’avons pas vu Aileau. Le Raz Blanchard apporte une nouvelle complexité à la course mais c’est une bonne arrivée. »

Guillaume Pirouelle – Leon :

« C’est un plaisir de courir avec Alexis et une grande opportunité d’apprendre de ses connaissances. Nous avons fait une excellente saison en Figaro, alors finir premier sur la Rolex Fastnet est une très bonne chose et je suis très heureux. J’utilise tout ce que j’ai appris en dériveur sur ce bateau mais je dois m’adapter. La communication est très similaire mais j’ai beaucoup à apprendre sur le sommeil, la stratégie. C’est passionnant et c’est pour ça que je veux faire de la course au large. »

Louis-Marie Dussere – JPK 1080 Raging Bee2

« Nous étions très heureux d’être les premiers au Fastnet Rock, car nous savions dès le début de la course qu’Alexis Loison allait gagner ! Mais pour cette course, nous nous sommes bien battus avec lui, toujours proches et c’était nouveau pour nous et c’est la première fois que nous franchissons la ligne d’arrivée devant lui. Pour moi, le nouveau parcours est plus intéressant parce qu’avec l’ancien parcours, il n’y avait plus d’enjeu après les Scillys. C’est beaucoup plus ouvert maintenant. Il y a beaucoup plus de tactique sur ce nouveau parcours et l’arrivée à Cherbourg est une beau progrès car le village est très proche des bateaux. »

Shirley Robertson – Swell :

« C’était telmement intense, j’ai l’impression qu’on a fait le tour du monde, que l’on est parti bien plus de 5 jours. Ça a été très dur mais c’était merveilleux. Nous sommes ravis d’avoir pu batailler pour la première place.

Henry Bomby – Swell :

« Nous avons fait un mauvais début de course. Nous avons passé la ligne trop tôt et il a fallu revenir dans 30 nœuds de vent ce qui n’est pas idéal. Nos principaux adversaires avaient 4 ou 5 milles d’avance, c’était compliqué. Vu les conditions, nous avons fait un super boulot pour être capable de revenir au contact. »

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