Les doubles championnes d’Europe Camille Lecointre et Aloïse Retornaz représenteront la France en voile (en dériveur double, le 470) aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 qui débutent dans 30 jours exactement. Toutes deux installées en rade de Brest, à la pointe de la Bretagne, bercées par la mer et les embruns, elles sont sportives de haut niveau depuis leur plus jeune âge, mais pas seulement : Camille, 36 ans, est diplômée d’un master de chimie, et mère de famille depuis septembre 2017 ; Aloïse, 27 ans, est quant à elle ingénieure chargée de projet au sein du groupe bancaire et territorial Crédit Mutuel Arkéa.

Une vie personnelle bien remplie à côté du 470

Camille obtient un master en chimie, puis rentre en tant que matelot dans la Marine Nationale en étant détachée à 100% pour pouvoir se consacrer à fond à sa carrière de sportive de haut niveau. Puis l’appel de la famille se fait sentir, et c’est après les Jeux Olympiques de Rio en 2016 qu’elle décide d’avoir un premier enfant, « j’ai senti que c’était le bon moment. J’ai eu de la chance car la fenêtre pour faire un bébé est courte entre deux olympiades ! ». Son fils naît en septembre 2017 et en janvier 2018, Camille et Aloïse démarrent les entraînement en vue des JO de Tokyo en 2020.
De son côté, après un lycée en sport étude, Aloïse rentre à l’ISEN à Brest en tant que sportive de haut niveau, ce qui lui permet de pouvoir se consacrer à la fois à ses études et à la voile de c ompétition. Une fois diplômée, elle fait le choix de travailler en entreprise, « je tenais à ce que mon diplôme ne reste pas traîner dans un coin. Travailler au Crédit Mutuel Arkéa est une chance, cela me permet de ne pas vivre dans une bulle et aussi d’assurer l’avenir. On entend souvent que la reconversion est difficile pour les sportifs de haut-niveau, moi je n’ai pas à m’inquiéter de ça car j’ai déjà une expérience professionnelle ! ».

Un jonglage permanent entre ces deux vies

Pour pouvoir allier vie de famille et vie de navigatrice, il faut une organisation parfaitement millimétrée : « depuis que j’ai mon fils, j’ai beaucoup moins de temps pour moi. Le temps libre que j’ai, je le consacre à ma famille. Mes journées sont optimisées à bloc, je fais en sorte que tout s’enchaîne bien. Comme toutes les mères qui travaillent finalement, mais j’ai de la chance que Gildas (Philippe, coach de l’équipe de France féminine de 470, ndlr) et Aloïse comprennent mes contraintes et soient avec moi dans ce projet ! » explique Camille. Aloïse quant à elle bénéficie d’une CIP de mécénat (convention d’insertion professionnelle) au sein du Crédit Mutuel Arkéa. Il s’agit d’une convention signée tous les ans entre le sportif, son entreprise, la région de celle-ci et l’ANS (A gence Nationale du Sport) qui définit les contours de ce partenariat, notamment combien de jours le sportif est mis à disposition par son entreprise pour l’entraînement et les compétitions. « Cette convention est une chance, c’est ce qui me permet depuis 5 ans de travailler et de continuer à pratiquer la voile à haut niveau ! Évidemment, à l’approche des Jeux, je suis moins souvent en entreprise, mais je sais que je pourrai reprendre plus souvent dès l’année prochaine ! » souligne Aloïse.

Ce que ça leur apporte au quotidien

« Cette maternité, c’est le plus gros changement qui soit arrivé dans ma vie. Avant tout tournait autour du 470, j’en étais presque obsédée ! L’arrivée de Gabriel m’a permis d’être moins égocentrique, de beaucoup relativiser, mais aussi d’être beaucoup plus organisée. » explique Camille. Pour Aloïse aussi, il est évident que la vie d’entreprise apporte beaucoup à sa carrière de sportive, « L’entreprise m’apporte la rigueur, les protocoles, quand la voile depuis mon tout jeune âge m’a apporté une certaine autonomie, la possibilité d’être multi tâche. En fait, grâce à ces deux facettes de ma vie, j’arrive à bien m’adapter, je suis un caméléon ! ». Elles assurent toutes les deux qu’avoir autre chose que le 470 dans leur vie leur permet de tourner la page plus vite après une compétition « Évidemment je suis toujours aussi contente lorsqu’on fait une bonne performance, et toujours aussi déçue lorsqu’on en fait une moins bonne, mais j’arrive à tourner la page plus vite ! » détaille Camille.

Regard porté sur la double vie de l’autre

Si les deux jeunes femmes sont très différentes, elles sont pour autant très respectueuse des choix de l’autre : « Garder un pied dans le monde de l’entreprise c’est super important pour la reconversion qui est parfois difficile pour les sportifs. Ce qui est bien surtout c’est que c’est son choix et sa volonté ! » explique Camille. « C’est un choix de vie sympa, et qui était osé à l’époque car quand elle a décidé de faire un bébé, il n’y avait pas d’exemple à suivre en voile olympique. C’est aussi une chouette aventure pour leur vie de famille » renchérit Aloïse. Les deux de co nclure « Cela demande beaucoup d’adaptabilité de s’organiser entre les emplois du temps de tout le monde, mais c’était le deal dès le départ ! »

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