« La route de Horta, ce n’est pas les vacances ! », a constaté Ian Lipinski. De fait, cette première partie de course de la 8e édition de la Les Sables – Horta – Les Sables est drôlement sinueuse. Après avoir passé un col barométrique, mercredi, puis un front lié à la dépression dans leur nord, en fin de journée hier, les bateaux de tête, qui ont désormais viré de bord et composent avec un vent de secteur ouest d’une quinzaine de nœuds sur une mer formée, font route au près vers les Açores. « Ce n’est pas très confortable de passer des fronts et de faire du près, mais globalement, ça se passe bien quand même. La vie à bord est presque agréable, bien que penchée », a ajouté le skipper de Crédit Mutuel qui, avec son acolyte Ambrogio Beccaria, occupe toujours la 3e place, à une soixantaine de milles des deux leaders. « Les bords sont un peu obligatoires et assez calés jusqu’aux Açores. Pas de quoi tenter de coup d’ici là. Alors on se concentre sur notre route et notre vitesse. Notre rythme du large aussi, en veillant à dormir et à manger suffisamment », a souligné le navigateur qui suit donc de loin, un peu impuissant, le duel entre Axel Trehin et Frédéric Denis sur Project Rescue Ocean puis Antoine Carpentier et Mikaël Mergui sur Redman.

Le duel se poursuit entre les deux leaders

Ces deux-là ne se lâchent pas d’une semelle depuis la sortie de la dorsale ibérique, avant-hier. Ils se rendent coup pour coup et s’échangent régulièrement la première place. « La bataille avec Axel et Fred nous oblige à prendre des risques. Mikaël et moi n’aimons pas trop cette façon de naviguer, peut-être parce que nous partageons les mêmes valeurs, notamment celle du respect du matériel ! », a indiqué Antoine n’a pas d’autre choix que de naviguer pied au plancher pour tenir la cadence de son adversaire qui n’en finit pas de faire belle impression depuis la Normandy Channel Race – sa première course et sa première victoire. Les conditions ne sont pourtant pas faciles depuis 36 heures. « La journée d’hier, notamment, a été éprouvante. Au reaching, dans 18-20 nœuds de vent à près de 18 nœuds de moyenne, le bateau s’envolait dans les vagues. La vie à bord était bestiale. Heureusement pour nous, c’est redevenu plus calme à présent. Un calme somme toute relatif. Le bateau continue de taper, mais sans atterrissage violent où on a l’impression qu’il va se disloquer. Le stress est un peu retombé », a souligné le Trinitain qui, donne, lui aussi, bien du fil à retordre à son rival. « On est bien contents d’être là où on est, même si le décalage de Redman dans notre ouest nord-ouest nous embête un peu », a rapporté Axel.

A Horta dans la nuit de samedi à dimanche

Lui et ses concurrents n’en ont certainement pas fini avec le louvoyage. C’est, en effet, avec le vent dans le nez qu’ils vont poursuivre leur route jusqu’aux abords de l’archipel portugais. Petite subtilité : le flux d’ouest au programme va toutefois faiblir légèrement pour se stabiliser entre 10 et 12 nœuds, tandis que l’état de la mer va s’améliorer petit à petit. « Selon les derniers routages, les premiers sont attendus à Horta dans la nuit de samedi à dimanche, possiblement entre 2 et 4 heures du matin. Cela étant dit, on sait qu’entre les îles, il peut se passer des choses et que les cartes peuvent être rebattues en grand », a indiqué Denis Hugues, le Directeur de course, rappelant par ailleurs qu’un pit-stop technique d’un bateau serait d’office sanctionné d’une pénalité de 12 heures. De fait, certains pourraient être tentés de s’arrêter pour effectuer quelques réparations, les petits pépins se multipliant ces derniers jours. Certains plus contrariants que d’autres. Pour ce qui les concernent, Emmanuel Le Roch et Christophe Cremades, confrontés depuis cette nuit à un problème de cloison en avant du mât de leur Class40 Edenred, ont finalement pris la décision de faire demi-tour et d’abandonner la course afin de ne pas aggraver leur souci. Bonne nouvelle, en revanche, pour Victor Jost et Enguerrand Granoux. Le duo de Engue&Vic, qui avait détecté un problème de safran – une pièce mécanique de la barre de liaison ayant été endommagée, vraisemblablement à la suite du choc avec un OFNI -, est parvenu à trouver une solution. Le binôme a, en effet, réussi à mettre en place un système avec une pièce de spare. Bien que ne correspondant pas tout à fait, cette dernière semble faire l’affaire et permet donc aux deux jeunes marins de poursuivre la course. Pour sa part, le tandem Hervé Thomas – Gérald Veniard sur Saint Yves Services est en passe d’arriver à La Corogne. Sur place, il espère réparer son palier de fausse mèche passé à travers le pont.

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