La 15e édition de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy s’est achevée dans la nuit du 3 au 4 juin avec l’arrivée de Nicolas Bertho et Romuald Poirat (Kriss-Laure), dernier duo à couper la ligne d’arrivée à Gustavia. D’un point de vue technique, la première transatlantique en Figaro Bénéteau 3 a été une franche réussite puisque les 18 duos engagés ont tous terminé l’épreuve. Sportivement, le match a été serré, intense, engagé, pour le plus grand bonheur des compétiteurs.

Avant le départ de Concarneau, il y avait beaucoup d’interrogations sur le comportement des Figaro Bénéteau 3 à l’échelle d’une transatlantique. Combien seront à l’arrivée ? Quel sera le bilan technique ? Comment les marins vont-ils vivre pendant trois semaines à bord de ce bateau physique et exigeant ?

18 au départ, 18 à l’arrivée

Des vainqueurs Nils Palmieri et Julien Villion (TeamWork) aux 18e Nicolas Bertho et Romuald Poirat (Kriss-Laure), tous les duos ont terminé la 15e Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy. Dans l’histoire de l’épreuve, c’est la quatrième fois que tous les bateaux arrivent à bon port, après les éditions 2006, 2010 et 2012. Le Figaro Bénéteau 3 a donc passé avec brio ce premier grand test au large. Deux binômes ont subi des avaries conséquentes (les frères Livory et Jérôme Samuel/Nicolas Salet), mais pas rédhibitoires. Pour tous les autres, il y a eu des petites casses, somme toute logiques sur ce type de bateaux et dans un mode si engagé. « Les pièces essentielles ont tenu. Les défauts de jeunesse du Figaro 3 ont été gommés, ce qui est rassurant. Pour le reste, nous avons subi de l’usure classique et normale quand on passe trois semaines au milieu de l’Atlantique », confirme Gildas Mahé (Breizh Cola). « Nous n’avons pas rencontré des conditions extrêmes mais il y a quand même eu des passages avec beaucoup de vent et le bateau s’est révélé très marin. Il est aussi efficace dans le vent léger », ajoute Tanguy Le Turquais (Quéguiner – Innovéo).

« En permanence sur le fil du rasoir »

Les coureurs sont unanimes pour dire que le nouveau support est très difficile, beaucoup plus que le Figaro Bénéteau 2. « Le bateau est hyper dur techniquement, physiquement et nerveusement. Il faut toujours être sur le qui-vive. Je pense que l’âge joue aussi. Le Figaro 3 n’est pas un bateau de cinquantenaire, plutôt de trentenaire », souligne par exemple Yannig Livory (Interaction), qui participait pour la dixième fois à l’épreuve. « Avec ce bateau, on est en permanence sur le fil du rasoir », explique Gildas Mahé. « Il est plus engagé, plus humide, plus dynamique et demande davantage de réglages. Au portant, le pilote a beaucoup de mal à barrer. » Tanguy Le Turquais ne regrette pas d’avoir ajouté quelques éléments de « confort » à bord. « Je suis bien content d’avoir installé la capote de protection et le siège de bord, car le confort c’est la performance », dit-il. Quant à Éric Péron, il tempère légèrement ces propos : « Le standard des Figaristes est un peu tronqué, ils ont perdu l’habitude de naviguer avec des bateaux surpuissants. Avec le Figaro 3, on se rapproche des IMOCA (les voiliers du Vendée Globe, NDR) par exemple. Il faut réduire la toile plus tôt, adapter ses trajectoires pour ne pas risquer de se faire dépasser par les événements. »

« Une étape de la Solitaire du Figaro qui dure 18 jours »

La course, rapide, a permis aux vainqueurs Nils Palmieri et Julien Villion d’établir un nouveau temps de référence : 18 jours 05 heures 08 minutes et 03 secondes. Le duo de TeamWork a amélioré l’ancien record de 6 heures 40 minutes et 19 secondes. Les 14 premiers duos sont arrivés dans un laps de temps de seulement 7 heures. La bataille pour le podium et les places d’honneur a été très accrochée. « Il n’y a jamais rien d’acquis. Se faire piéger dans un grain ou un paquet d’algues peut faire perdre une place ou deux. C’est spécifique à la monotypie, ça se joue à très peu de choses. On ne peut jamais baisser la garde. Il faut se battre, être toujours à fond. C’est très formateur », se réjouit Gildas Mahé. Tanguy Le Turquais partage ce sentiment : « C’était de la folie, on était au contact tout le temps, on pouvait se comparer en permanence. J’ai eu l’impression de faire une étape de la Solitaire du Figaro qui dure 18 jours. Il y avait un gros match en Figaro 2. En Figaro 3, c’est pareil, mais en deux fois mieux ! »

Les figaristes profitent désormais de l’île de Saint-Barthélemy où l’accueil a été exceptionnel avant de retrouver la métropole pour se préparer à la Solitaire du Figaro. Les partenaires historiques de la Transat en Double (la CCI Métropolitaine Bretagne Ouest, Concarneau Cornouaille Agglomération, la ville de Concarneau, le département du Finistère, la Région Bretagne, le Conseil territorial de la Collectivité d’outre-mer de Saint-Barthélemy et le Comité du Tourisme de Saint-Barthélemy) se tournent d’ores et déjà vers l’édition 2023 aux côtés d’OC Sport Pen Duick qui tire un bilan très satisfaisant de cette 15e édition, comme le souligne Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick « Nous sommes très fiers chez OC Sport Pen Duick d’avoir pu organiser cette édition dans le contexte actuel. Les marins ont besoin de courses pour que leurs projets vivent et nous avons pu compter sur le soutien inconditionnel de nos partenaires institutionnels et privés. Cette 15e édition nous a fait vibrer. Les duos réunis constituaient un plateau de haut vol et le match sur l’eau a été particulièrement intense. Les coureurs nous ont magnifiquement fait vivre leur course en nous partageant à terre des photos, vidéos et sons de grande qualité. Nous sommes dès à présent en marche pour organiser dans deux ans une nouvelle édition de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy, événement incontournable dans le calendrier de la Classe Figaro Bénéteau. »

Le classement

  1. TeamWork (Nils Palmieri / Julien Villion) en 18j 05h 08min 03s
  2. Quéguiner – Innovéo (Tanguy Le Turquais / Corentin Douguet) à 01h 41min 58s
  3. Bretagne – CMB Performance (Tom Laperche / Loïs Berrehar) à 02h 03min 03s
  4. GUYOT Environnement – Ruban Rose (Pierre Leboucher / Thomas Rouxel) à 02h 23min 09s
  5. Région Normandie (Alexis Loison / Guillaume Pirouelle) à 02h 26min 13s
  6. (L’Égoïste) – Cantina St Barth (Eric Péron / Miguel Danet) à 02h 42min 30s
  7. Bretagne – CMB Océane (Elodie Bonafous / Corentin Horeau) à 02h 50min 52s
  8. Breizh Cola (Gildas Mahé / Tom Dolan) à 03h 10min 43s
  9. DEVENIR (Violette dorange / Alan Roberts) à 03h 50min 23s
  10. Gardons la vue (Martin Le Pape / Yann Eliès) à 04h 27min 17s

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