L’oeil des anciens vainqueurs
Ils font partie du cercle très fermé des vainqueurs de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy. Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain et Kito de Pavant, respectivement vainqueurs en 1992, 1994 et 1996, conservent un œil avisé sur la progression des skippers. Pour les trois hommes d’expérience, une certitude : la bataille actuelle est indécise et le sera encore longtemps. Explications alors que la flotte dispute sa 8e journée de course, à 2000 milles de Saint-Barthélemy.
MICHEL DESJOYEAUX : « les ténors sont dans la place »
À jamais le premier. « Mich’Desj’ » s’était imposé lors de la première édition, en 1992, avec Jacques Caraës. « Mes souvenirs de cette victoire commencent à remonter un peu » s’amuse-t-il. Mais cela ne l’empêche pas de suivre cette édition et d’en livrer une première analyse. Il se réjouit avant tout que « les ténors soient tous dans la place ». « Il faut souligner le fait que tous les bateaux sont encore en course. Et c’est génial que les duos en tête soient aussi proches après 8 jours de course ! »
Dans cette lutte pour la victoire, le double vainqueur du Vendée Globe trouve que « GUYOT Environnement – Ruban Rose est bien placé. Le classement favorise pour l’instant celui qui est au Nord mais je pense que la route Sud sera davantage payante à la fin ». Il salue aussi la bonne performance de Bretagne CMB – Performance qui « a été un bon leader au début et a eu un passage délicat au large des côtes ibériques. Tom Laperche et Loïs Berrehar ont eu la capacité de revenir dans le match et de bien se positionner ». Enfin, « Mich’Desj’ » apprécie que les duos envoient des vidéos, des sons et des photos. « C’est nouveau par rapport aux éditions précédentes et ça permet à tous de mieux appréhender ce que vivent les marins. »
ROLAND JOURDAIN : « tout reste ouvert ! »
Il a contribué à faire rentrer la course dans la légende. C’était en 1993 et Roland Jourdain, avec Jean Le Cam, avait franchi la ligne d’arrivée avec 63 secondes d’avance sur le duo Bertrand de Broc – Marc Guillemot. 28 ans plus tard, ils sont 18 à tenter de les imiter. « Bilou » suit la course, regarde ce que font « ses petits camarades ». Il sourit : « je pense qu’il faudra veiller à l’état des fesses à l’arrivée ! Avec l’humidité, même au portant, il risque d’y avoir beaucoup de boutons ».
Derrière la boutade, le marin insiste sur le caractère « usant » de la course : « sur la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy, chaque jour, chaque heure, chaque minute oblige à une extrême concentration. Il faut parvenir à faire avancer son bateau tout en ayant une lecture fine de la météo ». Sur la course, il reconnaît « qu’il n’y a pas eu réellement d’options pour sortir du paquet », tout en saluant « le très bon niveau global de la flotte ». Et il poursuit : « à ce stade, il est beaucoup trop tôt pour dire qui va s’imposer. Tout reste ouvert ! »
KITO DE PAVANT : « ça sera indécis jusqu’au bout »
Kito de Pavant cultive aussi une belle histoire avec la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy. Il s’y est imposé en 2006 aux côtés de Pietro d’Ali. Lui qui s’élancera à l’automne en Class40 sur la Transat Jacques Vabre suit la course au quotidien. « Ça a l’air très serré depuis le début. Je ne sais pas si c’est parce que les options manquent ou si c’est parce que les skippers n’osent pas vraiment prendre d’options pour ne pas perdre le contact avec la tête de course ». Il constate que « les vitesses moyennes dans le groupe de tête sont très cohérentes ». Le skipper parie sur un scénario semblable à sa victoire ou à la dernière arrivée, en 2018, quand 14 duos avaient franchi la ligne en 24 heures.
« Je pense que ça va être indécis jusqu’à l’arrivée. Ça va se jouer à pas grand-chose. Il faudra être toujours à l’affût, prendre les bascules de vent même quand elles ne sont pas franches ». Kito de Pavant tient également à apporter une précision : « on a longtemps pensé que l’alizé était un vent régulier alors qu’il est très instable. Et plus il est chaud, plus il est instable. Les skippers doivent être extrêmement vigilants parce qu’une bascule de 20 à 30 degrés peut faire perdre quelques poignées de secondes qui vaudront chères à l’arrivée. »
|LE POINT SUR LA COURSE – L’écart en latéral grandit
Après 8 jours de course, l’incertitude est donc toujours aussi grande à 2000 milles de Saint-Barthélemy. La suite, c’est Corentin Douguet, associé à Tanguy Le Turquais (Queguiner – Innovéo), qui l’explique : « c’est du portant sous spi – ça c’est chouette – et des batailles avec les sargasses et c’est moins chouette ». Et il poursuit : « les sargasses se sont invitées beaucoup plus tôt que prévu et ce n’est pas une bonne nouvelle ». Corentin et Tanguy font partie des 14 duos de tête qui se tiennent en moins de 50 milles sur l’orthodromie.
En revanche, l’écart en latéral augmente encore et s’établit à plus de 120 milles entre Éric Péron et Miguel Danet (L’Egoïste – Cantina St Barth) qui persistent au Nord et le duo Pierre Leboucher et Thomas Rouxel (GUYOT Environnement – Ruban Rose) qui sont situés le plus au Sud. Aujourd’hui, on observe également que MonAtoutEnergie.fr (Arthur Hubert – Clément Commagnac) est bien revenu dans le jeu parmi les hommes de tête. Les conditions dans les prochaines heures devraient rester entre 15 et 18 nœuds même si les alizés peuvent être instables. « Jusqu’à l’arc antillais, la situation n’est pas limpide, analyse Tom Laperche (CMB – Bretagne Performance). La dernière semaine va être très ouverte ! »
Le pointage de 18h00
- Région Normandie (Alexis Loison / Guillaume Pirouelle)
- Skipper Macif (Pierre Quiroga / Erwan Le Draoulec) à 2 nm
- (L’égoiste) – Cantina St Barth (Eric Péron / Miguel Danet) à 10,9 nm
- GUYOT Environnement – Ruban Rose (Pierre Leboucher / Thomas Rouxel) à 12,1 nm
- Bretagne – CMB Performance (Tom Laperche / Loïs Berrehar) à 13,8 nm
- DEVENIR (Violette dorange / Alan Roberts) à 19,5 nm
- Quéguiner – Innovéo (Tanguy Le Turquais / Corentin Douguet) à 23,5 nm
- CYBELE VACANCES TEAM PLAY TO B (Pep Costa / Will Harris) à 28,1 nm
- Teamwork (Nils Palmieri / Julien Villion) à 28,4 nm
- Groupe Gilbert (Fabien Delahaye / Anthony Marchand) à 32 nm
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