Deux jours après le départ, la navigation est toujours bien inconfortable et humide pour les 18 duos de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy. Ce vendredi, ils ont tiré des bords le long de la côte espagnole pour franchir dans la soirée le redouté cap Finisterre. Se profile désormais une nuit compliquée dans un vent soutenu. Les deux leaders, GUYOT Environnement – Ruban Rose et Bretagne – CMB Performance, sont au coude-à-coude, suivis par une meute compacte.

Du soleil, de la douceur, des belles glissades sous spi, des vitesses à deux chiffres, une navigation à plat… C’est exactement tout ce que les 36 marins de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy ne vivent pas actuellement. Mais c’est aussi leur perspective à moyen terme (probablement dimanche matin), et ce qui leur donne du baume au cœur.

« C’est fatiguant tous ces virements »

S’il fallait décrire les 48 premières heures de course en trois mots, on opterait pour «penchées », « humides » et « inconfortables » – ou des synonymes. Aujourd’hui, les duos ont fait face à un renforcement progressif du vent qui a tourné au secteur sud-ouest, c’est-à-dire pile dans l’axe de leur route pour atteindre le cap Finisterre (au nord-ouest de la péninsule ibérique). Ils ont dû, probablement à regret, affaler le gennaker et repasser sous foc. Les 13 premiers concurrents ont tiré des bords au ras de la côte. « Nous faisons du près sous les falaises, c’est très beau même si ça manque un peu de soleil. Cette navigation demande beaucoup d’énergie », racontait Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo). Le témoignage de Guillaume Pirouelle (Région Normandie) allait dans le même sens : « C’est fatiguant tous ces virements où il faut matosser tous nos sacs à chaque fois. Mais bon c’est pour doubler les petits copains donc ça vaut le coup ! On ne lâche rien pour rester au contact. »

L’option « intérieur DST » pour tout le monde ou presque…

En cette fin d’après-midi, les Figaro Bénéteau 3 bataillent dans un vent de 25 nœuds, avec des rafales entre 30 et 35 nœuds. Tout le groupe de tête a choisi l’option « intérieur DST », c’est-à-dire un passage entre le DST (Dispositif de Séparation de Trafic, rail des cargos) et la côte. Il y a au moins une exception : Violette Dorange et Alan Roberts (Devenir) passent dans l’ouest de cette zone interdite à la navigation pour, ils l’espèrent, profiter les premiers d’une bascule du vent. Ils rallongent la route par rapport aux concurrents de devant, mais ils vont aussi plus vite. La course au large est toujours une question de compromis…

Au pointage de 17h, deux duos emmenaient la flotte, quasiment à égalité parfaite en distance au but : Pierre Leboucher / Thomas Rouxel (GUYOT Environnement – Ruban Rose) et Loïs Berrehar /Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance). Dans un message envoyé aujourd’hui, on constate que Tom a la pêche : « On est dans le rythme. On mange bien. Le bateau est nickel. C’est le dernier coup de pression avant le large du Portugal. On attend la glisse, on pourra sûrement choquer les écoutes demain soir », écrit-il. Les écarts restent faibles : seulement 5 milles séparent les leaders du duo Élodie Bonafous / Corentin Horeau (Bretagne – CMB Océane), 12e à 17h.

Une nuit tout sauf reposante

Ce soir, les duos navigueront dans un flux de sud-ouest encore marqué avec des vagues autour de 2 mètres, annonce Météo Consult. La nuit prochaine, ils poursuivront leur progression le long des côtes portugaises dans des conditions toujours très toniques et instables, dans un vent de sud-sud-ouest d’une vingtaine de nœuds qui les obligera à effectuer des virements de bord dans une mer chaotique. « Ça va être encore un bon gros combat au près dans du vent fort jusqu’à demain », résume Corentin Douguet. Optimiser le timing des manœuvres, choisir la bonne configuration de voiles, prendre garde à l’important trafic maritime sur zone : quand revient la nuit, la vigilance grandit…

Le pointage de 17h00

  1. GUYOT Environnement – Ruban Rose (Pierre Leboucher / Thomas Rouxel)
  2. Bretagne – CMB Performance (Tom Laperche / Loïs Berrehar) à 0,1 nm
  3. Teamwork (Nils Palmieri / Julien Villion) à 1,5 nm
  4. Région Normandie (Alexis Loison / Guillaume Pirouelle) à 1,5 nm
  5. Gardons la vue (Martin Le Pape / Yann Eliès) à 2,1 nm
  6. Skipper Macif (Pierre Quiroga / Erwan Le Draoulec) à 2,4 nm
  7. Groupe Gilbert (Fabien Delahaye / Anthony Marchand) à 2,7 nm
  8. Queguiner – Innovéo (Tanguy Le Turquais / Corentin Douguet) à 3,9 nm
  9. (L’égoiste) – Cantina St Barth (Eric Péron / Miguel Danet) à 4,2 nm
  10. CYBELE VACANCES TEAM PLAY TO B (Pep Costa / Will Harris) à 4,3 nm

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