Tous les duos (sauf Interaction qui a obtenu une dérogation pour arriver cette nuit) de la Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy sont arrivés dans le port breton ce vendredi. Pour sa 15e édition, en raison du contexte sanitaire, l’évènement se déroulera exceptionnellement à huis clos. Alors que la flotte restera au ponton du quai Carnot pour une dizaine de jours, les marins eux, vont devoir se contraindre à un confinement fortement recommandé tout en ajustant les derniers détails avant le grand départ dimanche 9 mai.

Tout devient plus concret et le grand jour se rapproche. Ce vendredi, les Figaro Bénéteau 3 ont pris place sur les pontons du quai Carnot du port finistérien, juste devant la ville close. Pour cette nouvelle édition, le plateau est si relevé qu’il est difficile de distinguer des favoris. « Pour moi, la grande majorité de la flotte a des chances de s’imposer », apprécie le directeur de course, Francis Le Goff. Mais avant d’assister à la grande explication, il faudra patienter. Et à dix jours du grand départ, l’objectif n’est pas que sportif.

Test Covid : « les skippers sont très consciencieux »

En effet, en raison de la crise sanitaire, les organisateurs – selon les recommandations de la Fédération Française de Voile – encouragent fortement les skippers à se confiner. D’ailleurs, deux tests devront être réalisés : un PCR vendredi prochain puis un test antigénique le dimanche matin, à quelques heures du départ. « Nous ne pouvons prendre aucun risque en la matière, ce serait trop dangereux pour leur santé de partir en étant positifs au Covid-19 », souligne Francis Le Goff. Mais le directeur de course se veut rassurant : « tous les skippers sont consciencieux et personne n’a envie de rester à quai. Je sais qu’ils feront tout pour prendre le moins de risques possibles.»

« Bien entendu, c’est un protocole totalement légitime quand on connaît la situation sanitaire, confie Violette Dorange (Devenir) à l’unisson des autres marins. Nous faisons attention depuis plusieurs jours déjà, on veille à mettre un masque systématiquement à l’extérieur et à respecter les gestes barrières. Ce serait trop dur de savoir que le projet s’arrête net le jour du départ. » Même constat chez Elodie Bonafous (Bretagne-CMB Océane) : « Vu les enjeux et les attentes de la part de tous les partenaires, on ne va prendre aucun risque. »

Des dernières journées confinées… et très chargées

Ainsi, les allées et venues sur le ponton seront effectuées en évitant au maximum les contacts. Et tous doivent s’activer entre la nécessité de charger le matériel de spare, la nourriture, effectuer les vérifications et s’offrir une dernière sortie en mer… Objectif : mettre à profit au maximum ces derniers jours pour être prêt avant de s’élancer. Martin Le Pape (Gardons la vue) qui sera confiné chez lui, tout comme son co-skipper Yann Eliès, confirme : « on va en profiter pour analyser les premiers fichiers météos, faire de l’informatique, être au point sur les contraintes audiovisuelles ».

Les deux équipages Bretagne – CMB – Tom Laperche – Loïs Berrehar et Elodie Bonafous – Corentin Horeau – seront quant à eux confinés ensemble avec leur équipe. De son côté, Estelle Greck, en duo avec Laurent Givry (RLC Sailing) souligne « on aura encore du travail à faire sur le bateau. Ça va nous obliger à y retourner régulièrement mais on fera très attention ». Par ailleurs, les skippers auront tous rendez-vous en visio pour un briefing complet jeudi matin sur les instructions de course et les aspects liés à la sécurité. La veille du départ, ils seront à nouveau réunis virtuellement pour un briefing météo avec Météo Consult.

En raison des conditions sanitaires, l’enceinte événementielle a été exceptionnellement réduite ; un dispositif très différent du village habituellement installé à proximité des bateaux. Si les partenaires ne peuvent profiter pleinement de cette période d’avant-course, d’ordinaire propice à la fête et aux échanges, ils ne sont pas pour autant oubliés : « C’est forcément un peu décevant parce que ce sont des moments où on aime partager et échanger avec eux, assure Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance). Mais d’un point de vue strictement sportif, on va s’adapter. C’est une chance de vivre une transat dans un tel contexte, de se sentir aussi libre donc on fera tout pour en être. » Martin Le Pape ajoute : « on a tous conscience d’être des privilégiés. On n’a pas le droit de se plaindre ». « Il ne faut pas oublier ce que les contraintes représentent pour tous ceux qui restent à terre, poursuit Elodie Bonafous. De notre côté, nous avons la chance de traverser l’Atlantique. On ne va pas bouder notre plaisir ! »

Ils ont dit

Fabien Delahaye (Groupe Gilbert) :

« On a tout fait pour que le bateau soit dans la bonne configuration et prêt à partir. Les derniers jours avant le départ, il y aura juste à charger les sacs de nourriture qui sont au chaud à Lorient, l’eau et l’essence. Nous allons ensuite nous isoler et nous attacher à peaufiner les derniers détails en matière de météo et d’électronique. Le protocole lié aux tests est nécessaire mais c’est forcément une épée de Damoclès. Ce sont des courses qui demandent beaucoup d’énergie et de l’investissement. C’est un stress de se dire que notre participation peut se jouer à ça, d’autant qu’il ne s’agit pas d’un élément toujours maîtrisable. »

Martin Le Pape (Gardons la vue) :

« Bien entendu, ce confinement est un peu stressant, on aimerait bien en profiter pour finir ce qu’il y a faire sur le bateau, profiter de la famille et des amis avant de partir. Mais nous avons l’habitude de ces contraintes sanitaires et nous sommes conscients d’être des privilégiés de pouvoir traverser l’Atlantique. On va en profiter pour travailler sur la météo, faire de l’informatique, être au point sur les contraintes audiovisuelles… Dès mercredi, après une dernière navigation pour tout valider, on sera derrière l’ordinateur. Et pour moi, la course commencera déjà ! »

Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance) :

« Forcément, nous sommes très vigilants depuis plusieurs jours déjà, en essayant d’être les plus intelligents possibles. La semaine prochaine, nous serons isolés avec les membres du team. Là, on fera tout en visio et nous ferons très attention pendant les quelques rendez-vous que l’on peut avoir. Ces mesures font partie du jeu et elles sont légitimes. C’est forcément un peu décevant pour les partenaires parce que les départs sont des moments où l’on aime partager et échanger avec eux. Mais d’un point de vue sportif, on doit composer avec. C’est une chance de vivre une transat dans un tel contexte, de se sentir aussi libre donc on fera tout pour en être.

Elodie Bonafous (Bretagne – CMB Océane)

« Depuis plusieurs jours, on s’active afin d’être libéré au maximum de tous les aspects logistiques. L’idée, c’est d’avoir du temps pour se relâcher, se détendre, se focaliser sur la météo et être en forme le jour du départ. Nous faisons très attention à propos du Covid-19 parce que c’est inenvisageable de ne pas partir ! Certes, ce confinement et les tests que nous devons réaliser semblent être des contraintes mais il ne faut pas oublier qu’à terre, les gens vivent aussi de nombreuses contraintes. De notre côté, nous avons la chance de traverser l’Atlantique. On ne va pas bouder notre plaisir ! »

Estelle Geck (RLC Sailing) :

« Je ne pourrai pas me confiner à 100% parce que j’ai besoin d’aller sur le bateau même si je prendrais toutes les précautions d’usage. Je ne sortirai que pour les aspects indispensables et jamais sans mon masque et sans respecter les gestes barrières ! On a encore du travail pour préparer le bateau, s’aguerrir aux outils pour communiquer à bord… La préparation du bateau, ça me plait : j’aime bien mettre la main à la pâte et voir comment on le fait évoluer jusqu’au Jour-J ! »

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