Damien Guillou et PRB s’engagent sur la Golden Globe Race
C’est un défi hors norme que s’apprête à relever Damien Guillou sous les couleurs de PRB. À 38 ans, le Breton va vivre seul en mer pendant plus de 200 jours pour un tour du monde sans escale, sans assistance et sans moyen moderne de communication, la Golden Globe Race.
Face à des concurrents qui, comme lui, relèvent ce pari fou, Damien tracera sa route au sextant ! Le marin, formé à la voile olympique (optimist, laser, 49er) et au Figaro connaît tout des monocoques modernes. Il saurait même dessiner les yeux fermés le 60’ PRB avec lequel Kevin Escoffier s’est engagé sur le dernier Vendée Globe. C’est lui qui, en tant que boat captain de PRB, a pris soin de ce bateau en carbone jusqu’aux dernières minutes avant le coup d’envoi. Mais il fait aujourd’hui le choix de partir sur un bateau de seulement 11 mètres et démuni de tout outil électronique… Confort minimaliste, cartes papiers et sextant seront ses compagnons pour cette compétition qui défie tous les codes de la navigation moderne (pas d’ordinateurs, ni d’aide à la navigation par satellite, pas de pilote automatique, …). Damien crée la surprise car ce n’est pas forcément celui qu’on imaginait s’élancer dans une telle épopée. Mais c’est en véritable amoureux de la mer et passionné de compétition, qu’il va parcourir ces 30 000 milles par les trois caps. Particulièrement fier de mener cette aventure avec PRB, Damien poursuit l’histoire de la société vendéenne avec les tours du monde.
C’est au moment du village du Vendée Globe, en octobre dernier, que le projet a commencé à germer. Alors membre de l’équipe technique de l’IMOCA PRB, Damien Guillou discute avec Jean-Jacques Laurent, Président de la PME vendéenne sur le mythique ponton des Sables d’Olonne. Ce dernier fait savoir à Damien qu’il souhaite réaligner un bateau PRB sur la Golden Globe Race et qu’il cherche un skipper. Concentré sur la préparation du 60 pieds, le Breton entend mais ne se projette pas tout de suite.
« Au moment où Jean-Jacques Laurent me dit ça, nous étions dans la dernière ligne droite pour préparer l’IMOCA donc je n’ai pas vraiment réagi, même si bien évidemment cette proposition m’a interpellé. Suite à cette discussion, j’ai pris le temps de me renseigner sur les dates de la course et l’idée a pris progressivement de l’ampleur. J’étais à ce stade toujours dans une réflexion personnelle. Après j’ai passé le pas d’en parler à ma femme et j’en ai discuté aussi avec Paul Meilhat et Anthony Marchand, deux copains d’enfance qui me connaissent bien. C’est seulement après avoir eu leurs points de vue que je suis retourné vers Jean-Jacques Laurent pour l’informer que j’avais très envie de me lancer dans ce projet, il m’a alors répondu Go ! »
« Je me retrouve pleinement dans cette épreuve ! »
C’est donc à un défi complètement inédit que Damien Guillou va s’attaquer l’an prochain avec passion et envie. « Tous les critères sont réunis sur cette Golden Globe Race ! L’aspect course, mon amour des bateaux, de la mer, mon goût pour la préparation technique et l’aventure ! Même si ça peut sembler étonnant, je me retrouve pleinement dans cette épreuve ! J’avais suivi avec attention l’édition 2018 en me disant que c’était à la fois intéressant et osé, mais sans imaginer que je prendrai un jour le départ de cette course. Et le faire sous les couleurs de PRB ça veut vraiment dire quelque chose pour moi, j’en suis très fier ! L’histoire continue différemment en quelque sorte et je suis très content d’avoir le soutien de Kevin dans ce projet aussi. Son sens marin et ses conseils sont très précieux ! » Soutenu dans sa démarche par Kevin Escoffier, Damien bénéficie de toute l’énergie de la « famille PRB ». Vincent Riou, ancien vainqueur du Vendée Globe sous les couleurs PRB en 2004, accueillera le bateau de Damien dans sa structure pour le préparer. Le Rustler 36 acheté le mois dernier en Italie va rallier Port-La-Forêt à la fin du mois d’avril.
Un chantier de refit total
Le monocoque qui répond parfaitement aux stricts critères de jauge de la Golden Globe Race a été fabriqué sur des plans dessinés avant 1988 (1980). Le voilier entrera en chantier pour environ deux mois comme l’indique Damien : « Nous attendons encore les autorisations italiennes pour le transport exceptionnel qui se fera par la route. Le contexte sanitaire complique un peu les choses, mais cela devrait se débloquer bientôt. Dès que nous aurons reçu le bateau, il entrera en chantier pour un refit total. Pour le moment, il est en configuration croisière. L’objectif sera de le passer en mode course et cela nécessite des changements importants. Nous prévoyons une remise à l’eau fin juin afin que je navigue tout l’été pour le prendre en main et partir en qualification de 2000 milles début septembre. »
Première étape : apprendre à se servir d’un sextant
En attendant Damien Guillou a débuté son apprentissage du sextant … Un premier pas essentiel pour cette Golden Globe Race. « Je suis allé deux jours en formation à Toulouse chez une personne passionnée du sextant qui en a fait son métier. Cela m’a permis d’acquérir les bases et depuis je fais des exercices de calculs presque tous les jours. Quand il y a du soleil, je vais aussi sur le bord de la côte pour faire quelques relevés. Le sextant peut effrayer au départ, mais cela n’a rien d’insurmontable ! En peu de temps, j’ai réussi à me débrouiller ! Il me tarde de mettre tout cela en pratique sur le bateau cet été ! » raconte Damien déjà pleinement lancé dans son projet.
Pour Jean-Jacques Laurent, c’est la continuité d’une belle rencontre.
« J’avais très envie de retourner sur cette course. Nous avons pris part à la première édition avec Philippe Péché. Et nous avons découvert un univers totalement différent du Vendée Globe. Dans le Vendée Globe, on est dans une dimension de technologie et il faut que ça aille vite. C’est passionnant. On a vu l’engouement généré par l’édition qui vient de s’achever. Sur la Golden Globe Race, on entretient un rapport avec le temps long ! C’est un tout autre défi, mais il est tout aussi fascinant. C’est fantastique que Damien porte nos couleurs. Il était déjà dans la famille PRB. C’est un super marin. Il est très enthousiaste et a une démarche très sérieuse. Je crois qu’il est très respectueux de s’inscrire dans l’histoire de PRB avec les tours du monde. Il a toute notre confiance et aussi le soutien de Kevin, ce qui est évidemment important pour nous. C’est une très belle histoire qui commence en vue de cette course extrêmement difficile. »