Sam Davies et Isabelle Joschke, destins croisés
Elles ont décidé d’aller au bout, coûte que coûte. Après le choc de l’avarie et de l’abandon, Sam Davies (Initiatives-Cœur) et Isabelle Joschke (MACSF) ont repris la route. La première depuis Cape Town, la seconde depuis Salvador de Bahia. Les deux navigatrices vont faire route ensemble pour rejoindre les Sables-d’Olonne. Alors qu’un match à cinq monopolise l’attention en tête de flotte et que Manu Cousin répare patiemment, retour sur le combat de ces deux femmes sur l’océan.
Isabelle Jochke-Sam Davies, « femmes courage »
Elles ont décidé de reprendre la mer, de boucler la boucle, d’aller au bout de ce défi de géant. Sam Davies, après avoir heurté un Ofni et s’être arrêtée à Cape Town, était repartie dans les mers du sud mi-décembre. « C’était dur, j’ai longtemps été seule et mentalement, j’ai galéré comme jamais », souligne la navigatrice d’Initiatives-Cœur lors de la vacation ce lundi matin. Pourtant, elle n’a jamais douté de ce choix de repartir, d’aller jusqu’au bout. « Ça fait trois ans qu’on se préparait pour le tour du monde et tant que c’était possible, il n’y avait pas de raison de s’arrêter ».
Sam a la voix claire et ne cache pas son plaisir de continuer à avancer. Depuis vendredi, elle n’est plus seule puisqu’Isabelle Joschke (MACSF) a également largué les amarres à Salvador de Bahia où elle réparait son avarie de quille. « On s’est dit que c’était plus sympa de faire la route à deux, d’échanger sur les options météo, mais aussi de veiller l’une sur l’autre en matière de sécurité », assure Sam.
La veille, Isabelle Joschke confiait également son plaisir « d’être à nouveau en mer ». « C’est vraiment chouette d’écrire une vraie fin à cette histoire, de ramener le bateau aux Sables-d’Olonne. Symboliquement, c’est hyper important ». Et la navigatrice de MACSF de se réjouir : « on a prévu d’arriver avec Sam. Une fois qu’on sera sorties des alizés, ce sera bien d’être ensemble. On va choisir la même route ». Sam Davies conclut : « avec tout ce que j’ai traversé, je vais sans doute être plus fière de moi que si j’avais fini en course ».
Le point sur la course
La situation est inchangée pour les onze skippers encore en course. À moins de 800 milles des Sables-d’Olonne, un groupe de cinq skippers est toujours à la bagarre. « Ils doivent passer une dorsale dans la journée, basculer d’un vent de Sud, Sud-Ouest à un vent d’Ouest, Nord-Ouest », souligne Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe. Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle, 15e) et Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One, 16 e) ont pris une légère avance en se positionnant à l’avant du front, à la différence d’Alan Roura (La Fabrique), Stéphane Le Diraison (Time for Ocean) et un peu plus loin Pipe Hare (Medallia), légèrement en retrait. « Arnaud navigue très bien, je ne sais pas comment il fait », s’amuse Kojiro qui assure que « le match à cinq va se poursuivre jusqu’au bout ».
Pour Didac Costa (One World, One Ocean), à plus de 640 milles au Sud-Ouest d’Arnaud Boissières, la situation s’améliore : l’espagnol n’aura pas à manœuvrer face à l’actuelle dépression, ni même la suivante, qui annonce pourtant 50 à 55 nœuds fichiers. Contacté à la vacation ce matin, Didac explique : « je suis obligé d’être un peu plus lent, c’est forcément frustrant et puis j’ai quelques petits problèmes, notamment à mon safran. Mais je m’accroche ! »
Manuel Cousin continue de s’accrocher
Samedi dernier, l’équipe de Manuel Cousin annonçait une avarie de quille à bord de Groupe SETIN. Malgré le choc, le skipper n’a pas ménagé ses efforts : résine, strat’, le bateau s’est transformé en atelier de bricolage. Mais il tient bon et poursuit sa route. « Tout va bien, a-t-il assuré à la direction de course par message. Les travaux de strat’ sont terminés, c’est en train de sécher. » Désormais, Manuel Cousin doit s’atteler à bloquer la quille dans l’axe, et il va bénéficier de conditions plus clémentes pour y parvenir. « Progressivement, il va arriver à avoir du vent un peu plus faible, ce qui devrait lui permettre de régler son problème avec davantage de sérénité », souligne Christian Dumard.
La solitude selon Clément Giraud
C’est l’un des rayons de soleil de la journée. Une vidéo envoyée par Clément Giraud qui s’amuse à sa manière de la solitude. Le montage de la vidéo donne en effet l’impression qu’il y a deux skippers sur le bateau. « Tu peux me filer un coup de main ? » lâche-t-il torse nu sur le pont. « Ouais c’est bon pour moi » répond Clément Giraud, cette fois habillé en polo et assis à la table à carte. Et les punchlines continuent : « Je ne suis pas tout seul à bord là, vous venez m’aider les gars ? » « Clément, je pensais que tu voulais faire le Vendée Globe tout seul » Fou rire garanti !