Parti de Ouessant dimanche 10 janvier à 2h33, à l’assaut du Trophée Jules Verne, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a franchi l’équateur ce vendredi 15 janvier à 15h48’32 », après 5 jours 13 heures 14 minutes et 46 secondes de mer. Ce premier chrono loin du record absolu sur ce tronçon, détenu depuis 2019 par Spindrift Racing en 4 jours 19 heures 57 minutes, permet néanmoins aux marins du Gitana Team de basculer dans l’hémisphère Sud avec près de six heures d’avance sur le temps d’Idec Sport.

Un Pot bien collant !

Mais bien plus que la célébration de ce passage symbolique entre les deux hémisphères, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers (David Boileau, Morgan Lagravière, Erwan Israël et Yann Riou) sont surtout heureux d’avoir retrouvé des conditions de navigation dignes de ce nom. En effet, le Pot-au-Noir a été coriace avec les hommes du maxi-trimaran volant. Totalement privé de ses ailes, en panne sèche de vent, le géant de 32 mètres a peiné à s’extirper des griffes de la fameuse Zone de Convergence Intertropicale. Durant toute la journée d’hier et la nuit qui suivit, l’équipage a dû prendre son mal en patience et multiplier les manœuvres sous la casquette brûlante pour exploiter la moindre risée et le moindre nuage. En témoignent les statistiques de navigation de ces dernières 24 heures : un peu plus de 200 milles parcourus à la vitesse de 9 nœuds et seulement 5 nœuds sur la route… Interminable pour des navigateurs partis à la conquête du record du tour du monde à la voile et qui n’aiment rien de moins que les hautes vitesses.

Mais à bord, c’est avec philosophie que l’équipage a traversé cette zone, comme le confiait Charles Caudrelier : « Ça n’a pas été si pénible dans le sens où nous avons toujours réussi à avancer même si parfois c’était extrêmement lent… Mais ça nous a permis de nous reposer, car même si notre début de course n’a pas été très violent nous allions vite donc ce n’est jamais évident de bien dormir. Là, nous avons bien rechargé les batteries, nous sommes amarinés et on est bien entré dans le jeu. Ces dernières heures plus calmes nous ont également permis de bien vérifier le bateau et c’est bien car nous n’aurons plus beaucoup d’opportunités de le faire par la suite. Nous attaquons l’hémisphère Sud avec un bateau en super état et ça c’est la meilleure nouvelle ! C’est certain que l’on espérait un meilleur temps à l’équateur, c’est toujours sympa de battre un record, mais avec le Pot-au-Noir on ne sait jamais comment ça se passe. Il n’était pas très large mais il a été très douloureux. »

Bienvenue dans l’Atlantique Sud

Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont pris le départ de ce Trophée Jules Verne avec un schéma météo en tête. Dans le choix de leur fenêtre et de leur heure de franchissement de ligne à Ouessant, la transition dans l’Atlantique Sud a en effet beaucoup compté. Le jeu consistant à se présenter au large du Brésil quand un front suffisamment puissant, en partance pour les mers australes, se décroche du continent sud-américain. Et pour bénéficier des meilleures conditions de glisse, garantes de hautes vitesses, il faut généralement se placer à l’avant de ce train dépressionnaire. C’est tout cet enchaînement que visent désormais l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild et leur routeur météo, Marcel van Triest, pour espérer s’offrir un beau temps de passage au cap des Aiguilles, en Afrique du Sud : « Le temps perdu dans le Pot-au-Noir n’est pas dramatique car nous arrivons dans le Sud au bon moment, les modèles le confirment, pour attraper le bon système météo. Maintenant le problème que ça peut poser est que nous n’avons pas beaucoup de marge. Pendant les quatre prochains jours, il va falloir que nous soyons rapides et précis dans notre trajectoire pour ne pas louper le train des dépressions dans le Sud de Rio », soulignait Charles Caudrelier.

Précision de timing

L’avance et le retard qui apparaissent sur notre cartographie sont calculés à chaque classement par rapport à la distance au but. Le Maxi Edmond de Rothschild franchissant l’équateur plus à l’Ouest qu’Idec Sport et donc plus loin de la route directe (orthodromie), comptabilisait 16,6 milles du retard sur son adversaire virtuel. Mais, en termes de temps pur entre Ouessant et la ligne de démarcation des deux hémisphères, le maxi-trimaran volant aux cinq flèches a été plus véloce que celui de Francis Joyon et ses hommes. Cinq jours 13 heures 14 minutes et 46 secondes pour Gitana 17 contre 5 jours 18 heures et 57 minutes pour Idec, soit 5 heures et 44 minutes de mieux.

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