Et tout recommencer
Ce mardi 12 janvier, 65 jours après le coup de canon du 8 novembre dernier devant Les Sables d’Olonne, c’est un nouveau départ auquel se livrent les cinq premiers IMOCA. Dalin, Seguin, Bestaven, Ruyant et Burton ne sont séparés que de 25 milles et vont devoir composer avec l’instabilité météorologique jusqu’à Recife, la corne du Brésil, pour enfin cavaler dans des alizés de Sud-Est stables et vigoureux. En attendant, les skippers s’activent aux réglages, cherchent la bonne risée, observent les grains dans une moiteur étouffante. Du gagne-petit énergivore !
Encore 24h de vent instable
« La route est toute droite vers le Nord mais pas claire. Jusqu’à Recife, les alizés de Nord-Est ne sont pas stables, il y a des bulles avec moins de vent, et des variations en force et en direction. Sur l’eau, il doit y avoir des écarts de pression donc de vitesse entre les bateaux. Pas simple du tout ! » expliquait ce matin Sébastien Josse, consultant météo pour la Direction de Course du Vendée Globe. La longue course en solitaire prend aujourd’hui un autre visage, celui d’une régate au contact entre cinq IMOCA, si ce n’est neuf en y ajoutant Herrmann, Dutreux, Pedote et Le Cam.
« La position de chassé de Yannick (Bestaven) n’est vraiment pas facile car il doit la tenir. Le pire c’est qu’on risque de revenir sur tout le monde car la zone de vent faible va s’en aller » confiait le ‘roi Jean’ à la vacation matinale, remonté comme une pendule, teint frais après sa toute première douchette et moral au beau fixe. Les écarts dans ce groupe de tête sont inédits, présage d’arrivées aux Sables d’Olonne en mode rafale. Jean Le Cam soulignait par la même qu’il y a huit ans « Gabart arrivait en Vendée, quand j’étais encore au Cap-Vert en 5e position. » De quoi en effet remettre les choses en perspective ! Et dire que les neuf premiers se tiennent en 127 milles seulement…
Foilers et bateaux dérive : même combat dans les petits airs
« J’ai un foil bâbord que je n’arrête pas de rentrer et de sortir en fonction des risées et qui j’espère me servira dans les heures et jours à venir » lançait Yannick Bestaven à la vacation de la mi-journée. Les appendices de Maître CoQ IV sont en effet dans leur intégrité, comme ceux de Bureau Vallée 2, ce qui n’est pas le cas de LinkedOut ni d’Apivia.
A moins que Charlie Dalin ne ressorte l’arme fatale le temps de quelques heures pour reprendre au bon moment l’avantage ? Ce sera bien difficile de le savoir sauf à regarder les vitesses sur la cartographie. Toujours est-il que si dans les alizés puissants, l’avantage des ailes porteuses est indéniable, en-dessous de 15 nœuds de vent, le différentiel est minime. Les bateaux à dérives vont donc jouer cartes sur tables jusqu’à Récife…
Naviguer souple et faire le dos rond
La flotte s’étire sur moins de 7 000 milles ce mardi, et désormais dix-sept monocoques IMOCA naviguent en Atlantique Sud depuis que Pip Hare a doublé le cap Horn la nuit dernière. Deux concurrents se font encore secouer : Romain Attanasio (Pure-Best Western) au large de Montevideo et Alexia Barrier (TSE-4myplanet) à 800 milles dans l’Ouest du point Nemo. Des conditions toniques sur mer chaotique pour Romain qui n’en a que pour quelques heures encore, du vent fort et des vagues de plus six mètres pour Alexia qui mange son pain noir depuis plus de 24h au milieu d’une dépression en provenance de l’Antarctique. Du côté du cap Horn, les prochains à prendre la porte de l’Atlantique seront Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) et l’Espagnol Didac Costa (One planet One ocean). Les deux hommes crieront un bon coup pour fêter leur victoire sur un Pacifique rude demain midi !