Mental de guerriers
Le Vendée Globe est bien plus qu’une compétition. Ce tour du monde en solitaire exige de puiser parfois au plus profond de la femme ou de l’homme pour se sortir de situations périlleuses. Le mental pousse à se surpasser. Pip Hare rencontrait hier une avarie de safran. Elle est parvenue à remplacer le gouvernail dans une mer chaotique en plein Pacifique Sud et reprend sa route vers le Horn.
Ce Pacifique Sud n’épargne pas les concurrents du Vendée Globe. Jérémie Beyou, joint ce matin à la vacation de 5h, avouait en avoir « plein le dos » de ces conditions de navigation brutales et casse-bateaux qui durent depuis des jours, quasiment depuis la mer de Tasmanie. Le cap Horn se fait ardemment désirer pour tous. De Medallia à Compagnie du Lit-Jiliti, les IMOCA vivent des jours difficiles comme embarqués dans un long tunnel sans fin. « Nous vivons sur une planète d’eau, loin de tout, en serrant les fesses parfois, le moindre petit rayon de soleil est un bonheur immense. C’est étrange comme sensation » confiait Manu Cousin joint à 5h. Sans se plaindre, parce qu’ils vivent tous leur rêve, les skippers racontent la mer, décrivent les déferlantes, les coups de boutoir contre les coques en carbone, l’épuisement, le découragement parfois. « Le bonhomme est un peu fatigué de prendre baffe sur baffe » soulignait le skipper de Charal qui se souciait de Pip Hare : « Je ne sais pas comment elle va faire pour réparer dans ces conditions de mer et de vent ». Sans plus d’informations détaillées, ce que l’on sait ce matin c’est que la skipper de Medallia y est parvenue. Admirable Pip Hare !
Bestaven, un œil dans le rétro
Le skipper de Maître CoQ IV navigue dans la moiteur et les petits airs. « C’était prévu, mon avance risque de fondre, je regarde derrière mes camarades jeu » expliquait Yannick a l’autre bout du fil au grand large du Brésil. Aujourd’hui et ce week-end, l’Arcachonnais ne va pas chômer pour tenter de s’extirper des zones de vents faibles et tenter d’attraper le flux de sud-ouest qui devrait le faire cavaler le long des côtes brésiliennes. Son matelas d’avance d’encore 435 milles ce matin sur Charlie Dalin et Thomas Ruyant va-t-il réellement de dégonfler ? Toujours est-il que la meute de poursuivants reste à l’affût et ne perdra pas une occasion de revenir.