Code jaune malgré de nombreuses incertitudes
C’est bien connu, le Trophée Jules Verne est avant tout une école de patience. Car avant même d’espérer battre le prestigieux record aujourd’hui détenu par Francis Joyon et les hommes d’Idec Sport, il faut trouver la meilleure rampe de lancement pour débuter ce tour du monde. Et attendre la bonne fenêtre n’est pas chose facile tant l’envie de s’élancer est forte après deux mois de stand-by. Surtout quand les éléments ne semblent pas décidés à s’aligner…Mais Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers sont depuis longtemps rompus aux aléas de la météo et savent garder la tête froide. Malgré une forte dégradation des conditions météos et des temps de passage qui s’allongent tant à l’équateur qu’au cap des Aiguilles, une fine probabilité subsiste. Alors tant que la fenêtre reste entrouverte, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild ne relâchent pas leurs observations. Les mises à jour des fichiers de prévision de ce lundi soir et celles de demain matin seront déterminantes pour déclencher ou non un nouveau départ sur les 21 760 milles nautiques théoriques de la grande boucle planétaire.
Depuis le début, le créneau actuellement étudié par la cellule de routage du Gitana Team n’est pas classique. En effet, la tempête Bella qui a touché les côtes bretonnes en fin de week-end a laissé des stigmates, à commencer par une mer très forte qui pour l’heure empêche tout convoyage vers le départ du Trophée Jules Verne, au large de Ouessant. Les choses devraient se calmer dans la journée de demain, ce qui autoriserait un franchissement de ligne en fin de journée. Mais par la suite le scénario que propose l’Atlantique Nord n’est pas propice à un record de vitesse au passage dans l’hémisphère Sud. En effet, certains modèles voient une dépression en formation dans l’ouest sud-ouest des Canaries qui pourrait venir casser le régime d’alizés, forçant ainsi à une route très Est tandis que le Pot-au-Noir semblerait plus coopératif à l’ouest. En bref, l’enchaînement météorologique n’est pas là et obligerait l’équipage à un véritable zigzag pour rejoindre l’équateur. Pour autant un faible pourcentage de routes correctes demeure sur les derniers routages.
« 5% de chance c’est déjà 5% de chance d’être dans une bonne fenêtre donc tant que l’espoir est permis il faut se donner les moyens d’y aller à fond. Aujourd’hui de façon certaine, la fenêtre n’est pas terrible dans l’Atlantique Nord avec des temps très très moyens à l’équateur et une route difficile à tenir et à mettre en pratique le long des côtes africaines, avec notamment les Canaries et le Cap Vert à négocier sur notre trajectoire proche. Mais tant qu’il y a une possibilité, même si aujourd’hui elle est très fine, d’avoir une bonne transition dans l’Atlantique Sud et donc de faire un bon temps au cap des Aiguilles, nous maintenons l’option ouverte jusqu’au dernier moment », précisait Franck Cammas pour expliquer le passage en code jaune.
« Pour partir nous nous étions fixés trois critères principaux. En premier lieu des conditions maniables pour s’élancer de Ouessant et dégolfer, un temps de passage à l’équateur autour des 4 jours 15 heures et un passage au cap des Aiguilles sous les 11 jours. Aujourd’hui, nous approchons de la deuxième partie de notre stand-by et le temps avançant vers la fin de notre période possible d’attente fixée à la mi-février, nous revoyons un peu nos critères et nos prétentions. Une fenêtre comme celle des prochains jours n’aurait certainement pas été étudiée début novembre mais au 28 décembre elle mérite qu’on s’y attarde un peu », rappelait cependant le co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild. A l’issue d’un long briefing météo, l’ensemble de l’équipe réuni dans la base lorientaise de l’écurie aux cinq flèches s’est une fois encore prêté au jeu des tests PCR. Les membres d’équipage ont quant à eux finalisé leur sac d’affaires personnelles, avant que chacun ne regagne son domicile dans l’attente des fichiers du soir.
Mémo Trophée Jules Verne
Équipage Maxi Edmond de Rothschild :
- Franck Cammas et Charles Caudrelier, skippers
- David Boileau, régleur N°1
- Erwan Israël, barreur régleur
- Morgan Lagravière, barreur régleur
- Yann Riou, régleur médiaman
- Marcel van Triest, routeur météo
- Yann Eliès, équipier remplaçant
Record à battre :
40 jours, 23 heures et 30 minutes > Record détenu par Francis Joyon et son équipage (Idec Sport) depuis le 26 janvier 2017.