L’échappée belle
Les trois hommes de tête naviguent pied au plancher en arrière d’une dépression, creusant un peu plus chaque heure l’écart avec le groupe des poursuivants désormais à 200 milles. Charlie Dalin tente de contenir les assauts d’un Thomas Ruyant remonté comme une pendule et d’un Yannick Bestaven ultra rapide depuis 4 heures. Ce lundi matin, 7 IMOCA ont doublé la longitude du cap Leeuwin donc un certain Benjamin Dutreux en pleine extase d’avoir doublé le 2eme cap du tour du monde en solitaire en 4e position !
« C’est incroyable, je suis super heureux d’avoir dépassé la longitude du cap Leeuwin et d’être là où je suis. Il faut dire que je suis dessus, aux réglages, à la table à cartes. J’avais du mal à me reposer ces derniers temps, je n’arrivais pas à lâcher prise, je m’excitais un peu quand le bateau était plus lent. » confiait le skipper d’OMIA – Water Family à la vacation de 5 h ce matin. Le p’tit gars de l’île d’Yeu fait une incroyable démonstration sur son premier Vendée Globe à bord de son plan Farr de 2007 et avec un budget minime ! Boosté d’être dans le bon groupe, Benjamin joue des coudes avec Jean Le Cam et Damien Seguin. Tous les trois se tiennent en 20 milles. « Les trois premiers vont se barrer parce que dès ce soir, nous allons être rattrapés par l’anticyclone. Il faut être rapide pour ne pas traîner trop dans les parages » ajoutait le vendéen.
C’est bon pour le moral
C’est une bonne journée qui s’annonce dans l’océan Indien. Thomas Ruyant joint dès potron-minet se satisfaisait de garder le bon rythme à 55 milles de Charlie Dalin et d’avoir trouvé des solutions pour parer son absence de foil bâbord : « Je joue avec les ballasts à fond, je règle beaucoup, je mets de la toile pour ne pas me faire décrocher. J’ai eu mon lot de galères et je savoure maintenant d’être dans les mers du Sud ». Au pied de la descente, une main proche de la colonne de winch pour parer les grains et un œil sur les répétiteurs, le skipper de LinkedOut a longuement conversé, la voix claire et enjouée. Un homme heureux qui rêve d’océan Pacifique, de grandes glissades et d’un empannage pour enfin naviguer du bon côté, celui où il y a son foil ! A l’arrière, Mirranda Merron a également retrouvé le sourire malgré le brouillard qui l’entoure. La navigatrice britannique a connu des soucis d’hydro générateur et semble confiante dans les réparations. Elle voit ce matin son Campagne de France glisser en avant d’une dépression. Enfin, Miranda peut se poser un peu avec un thé chaud et un bon porridge. Jérémie Beyou, quant à lui, a encore grignoté une place. Rien ne peut plus arrêter Charal dans sa remontée de la flotte.
Enfin, Fabrice Amedeo a touché terre hier soir à Cape Town. Il nous envoyait un message à peine arrivé : « L’endroit est incroyable mais impossible de profiter : avec cet arrêt à quai, c’est le Vendée Globe qui s’arrête vraiment et je me suis pris cela en pleine figure. Tant que j’étais en mer, j’étais dans le cocon protecteur de ce monde parallèle que constitue le large. Dorénavant, je suis sur la terre ferme. Pour l’instant je me concentre sur la liste de ce que j’ai à faire pour remettre le bateau en ordre de bataille. »