La vie est belle
Il y a des matins comme ça, avant même que l’aube pointe le bout de son nez, les voix des marins à la vacation de 5h vous vendent du rêve. L’Italien Giancarlo Pedote sur Prysmian Group raconte sa folle cavalcade dans le Pot au Noir et salue cette zone de convergence intertropicale qui a bien voulu le laisser passer. Alexia Barrier, la voix claire et reposée de 4 h de sommeil tranché, ne cache pas son bonheur d’être en mer et d’avoir manœuvré dur pour titiller la Britannique Miranda Merron. Et puis, il y a ces incroyables bagarres à tous les étages de la longue procession perpendiculaire à l’équateur que 6 IMOCA ont doublé. En ce 11e jour de course, le Vendée Globe ne manque pas d’intensité.
« Je vis le moment présent, la vie est belle, je ne prends que du positif » confie Giancarlo Pedote à moins de 200 milles de la latitude 0 et au coude à coude avec Maxime Sorel (V and B – Mayenne) à 20 milles de son tableau arrière. C’est peut-être cela le secret d’un tour du monde réussi : se galvaniser de ces petits moments de bonheur, entre galères et coups de mou.
Les mains gonflées d’avoir batailler avec ses voiles et les muscles tétanisés, Alexia Barrier, elle aussi prend la vie du bon côté : « J’ai beaucoup manœuvré hier toute la journée, je me suis reposée, je me sens bien, c’est chouette de surfer avec des vitesses à deux chiffres. J’ai hâte que le jour se lève pour voir la mer et le ciel. » La flotte ce matin s’étire sur 2 869 milles d’Hugo Boss à Charal dans des conditions propices à naviguer vite vers le Sud. Tous les compteurs affichent des vitesses à deux chiffres !
Romain Attanasio : un périple en haut du mât
« Le Vendée Globe continue, je pensais que c’était fini, je suis content ! » Pour régler une avarie de chariot de grand-voile, le skipper de Pure – Best Western a été contraint de grimper à 30 mètres en tête de mât. Un excercice compliqué et physique qui lui a fait perdre des milles mais Romain est parvenu à réparer : » J’ai des bleus partout, le chariot était bloqué en tête de mât, une pièce est cassée, j’ai coupé la drisse et mis un messager, normalement j’ai tout bon. J’ai du perdre des dizaines et des dizaines de milles, mais j’ai réussi ! ».
Ruyant et Dalin dans le rétroviseur de Thomson
Les écarts se réduisent considérablement en tête de flotte. Thomas Ruyant n’est plus qu’à 37 milles d’Alex Thomson, Charlie Dalin à 65 milles, avec des trajectoires moins ouest que le Britannique. La stratégie bat son plein et la course poursuite est lancée dans les alizés de l’hémisphère sud ! Jean Le Cam, 4eme, premier bateau à dérives, continue de résister 50 milles dans le tableau arrière d’Apivia, un des 8 foilers de dernière génération de cette édition du Vendée Globe. Le jeu va devenir compliqué pour le doyen de la course, car cette descente de l’Atlantique Sud au reaching pourrait être très favorable aux bateaux volants. Et derrière, PRB et Bureau Vallée 2 sont à l’affût de la moindre opportunité.