En franchissant la ligne de démarcation entre les deux hémisphères ce mercredi 18 novembre à 14h19, Alex Thomson est loin d’améliorer le temps de référence : le skipper de HUGO BOSS a ainsi mis 9 jours 23 heures 59 minutes pour atteindre l’équateur au départ des Sables d’Olonne. Ses poursuivants sont désormais à plus de cent milles (exception faite de Thomas Ruyant et Charlie Dalin), voir à plus de 1 000 milles à partir du vingtième solitaire classé !

Il y a des lignes droites, des lignes brisées… et des lignes imaginaires. Celle qui « sépare » l’hémisphère Nord de l’hémisphère Sud est bien une « barrière » virtuelle qui entoure la Terre (inclinée de 23°26) et qui mesure 40 075 kilomètres, soit 21 638 milles, la distance initiale retenue pour le Vendée Globe. Ce parallèle est donc le plus long de toute la Terre et marque l’origine de ses « confrères », de 0° à l’équateur jusqu’à 90° au pôle (Nord ou Sud).

Un temps de franchissement très moyen

En passant d’un hémisphère à l’autre ce mercredi 18 novembre, Alex Thomson (HUGO BOSS) aura ainsi mis 9 jours 23 heures 59 minutes depuis le départ des Sables d’Olonne dimanche 8 novembre à 14h20. Et si ce n’est pas le meilleur temps depuis la création du tour du monde en solitaire et sans escale, c’est tout de même un score remarquable au vu des trois dépressions (dont une tropicale !) que les concurrents ont eu à affronter avant de toucher les alizés cap-verdiens…

Rappelons tout de même que les leaders du sixième jour de course de cette édition avaient plus de 500 milles de retard sur le temps d’Armel Le Cléac’h en 2016 : quand Jean Le Cam et Alex Thomson étaient encore à batailler à la sortie de Thêta, au large des Canaries, le vainqueur de la précédente édition était déjà au cœur de l’archipel du Cap-Vert ! C’est dire si l’accélération alizéenne a été conséquente cette année avec les foilers dès que les brises de secteur Est se sont installées…

Passage de l’équateur

  • 1989 : 17j 12h (Titouan Lamazou-Écureuil d’Aquitaine II)
  • 1992 : 17j 21h (Alain Gautier-Bagages Superior)
  • 1996 : 11j 08h (Christophe Auguin-Géodis)
  • 2000 : 14j 03h 49’ (Yves Parlier-Aquitaine Innovations)
  • 2004 : 10j 11h 28’ (Jean Le Cam-Bonduelle)
  • 2008 : 12j 08h 58’ (Loïck Peyron-Gitana Eighty)
  • 2012 : 10j 19h 18’ (Armel Le Cléac’h-Banque Populaire)
  • 2016 : 9j 7h 03’ (Alex Thomson-Hugo Boss)
  • 2020 : 9j 23h 59’ (Alex Thomson-HUGO BOSS)

Des fractures déjà fissurées !

Mais ce qui marque surtout ce passage d’un hémisphère à l’autre, ce sont les écarts qui croissent à vue d’œil ! Il y avait déjà des prémices de fracture après le passage autour de Thêta, mais en ce début d’onzième jour de course, les deltas deviennent colossaux : Kevin Escoffier (PRB, 5ème !) est déjà à près de 200 milles du tableau arrière du leader, l’Italien Giancarlo Pedote (Prysmian Group, 13ème) à plus de 400 milles, Stéphane le Diraison (Time for Oceans, 19ème) à plus de 700 milles du Britannique, Didac Costa (One planet-One ocean, 20ème) passe tout juste les îles du Cap-Vert avec Pipe Hare (Medallia), Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) et Manuel Cousin (Groupe SÉTIN) alors que sept solitaires sont encore au large des Canaries à 1 500 milles de l’équateur tandis que Jérémie Beyou (Charal) tire des bords à la sortie du golfe de Gascogne, à plus de 2 800 milles du premier !

Cela serait encore « acceptable » pour un coureur de marathon, mais la configuration météorologique de ces prochains jours est franchement très favorable aux leaders et très défavorable aux poursuivants… Car Alex Thomson (HUGO BOSS) et une dizaine de solitaires à suivre vont pouvoir contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène assez rapidement et assez loin des côtes brésiliennes pour atteindre le tropique du Capricorne, puis les Quarantièmes Rugissants… Or les hautes pressions de l’hémisphère Sud se dispersent la semaine prochaine en plusieurs cellules, ce qui va rendre ensuite la traversée de l’Atlantique Sud très compliquée pour les poursuivants !

Et si Alex Thomson aura du mal à améliorer le temps de référence d’Armel Le Cléac’h au passage de la longitude du cap de Bonne Espérance, il devrait augmenter encore sa marge de manœuvre, du moins vis-à-vis du peloton : les onze poursuivants actuels encore en capacité de déstabiliser le leader, devraient en effet creuser un sillon infranchissable vis-à-vis des autres solitaires ; au point qu’au Sud de l’Afrique du Sud, il devrait y avoir au moins cinq groupes de deux à sept skippers disséminés sur plus de 2 000 milles, sans compter les deux marins revenus aux Sables d’Olonne : Fabrice Amedeo (Newrest-Art & Fenêtres) et Jérémie Beyou (Charal) vont mettre bien des jours à recoller la queue de la flotte…

Bref, outre le fait que le premier à franchir l’équateur va pouvoir accélérer dans les alizés de l’hémisphère Sud pendant que ses poursuivants seront encore empêtrés dans un Pot au Noir, certes coopératif, mais tout de même en cours de développement et d’activité, cette ligne de démarcation en devient une ligne de fuite : le Britannique va inexorablement s’échapper ! Or les huit précédentes éditions du Vendée Globe ont toutes un point commun : le vainqueur du tour du monde en solitaire et sans escale a toujours été l’un des dix premiers à franchir l’équateur…

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