Tandis que Jérémie Beyou doit annoncer cet après-midi ses intentions – repartir ou non des Sables d’Olonne – les foilers ont pris leur envol dans les alizés et avalent les milles à plus de 20 nœuds de moyenne. En tête, HUGO BOSS est en train de doubler au large l’archipel du Cap Vert. La course de vitesse vers le Pot au Noir ne fait que commencer.

« 28, 29 nœuds » annonce Nicolas Troussel juste avant de raccrocher à la vacation de 5 heures ce matin. Quelques minutes avant, un petit « arrêt buffet » interrompt la conversation : « je viens de me prendre la table à carte… mais tout va bien ». Au téléphone, on entend distinctement le sifflement aigu des foils qui tranchent la surface de l’eau comme une lame de couteau. Mais l’équilibre est instable, la vie à bord bruyante et mouvementée. « Le bateau décolle et retombe régulièrement, comme s’il y avait de la mer. Ça sollicite beaucoup le bateau, il faut quand même faire attention et ne pas trop tirer dessus » avouait le skipper de CORUM- L’Epargne

Plus vite que le vent

Les foilers ont pris leur envol cette nuit dans les alizés et tracent à 20/23 nœuds de moyenne à 110 degrés du vent. Le compteur des milles défile. Cette nuit, avec ses 90 milles sur 4 heures, Apivia était le plus rapide de tous. Le classement du matin en témoigne : pied sur l’accélérateur, Dalin, Escoffier et Ruyant font leur entrée dans le top 5. Jean Le Cam résiste toujours en 2e position mais pour combien de temps ? En 24 heures, Yes We Cam ! a perdu une cinquantaine de milles sur HUGO BOSS. Une hémorragie que le principal intéressé sait inéluctable.

La course de vitesse dans les alizés de l’hémisphère nord ne fait que commencer. Elle va durer une journée et demi jusqu’au Pot au Noir. Pour les foilers, la moyenne journalière risque de dépasser les 400 milles. Les IMOCA à dérive vont devoir être au maximum de leur potentiel pour ne pas se faire décrocher. Car selon l’expression consacrée en course au large, « ça part par devant » !

D’Iles en îles

Ce décrochage est déjà manifeste pour une bonne moitié de la flotte. Dans le sud-ouest des Canaries, Alan Roura, Clarisse Cremer et Isabelle Joschke sortent à peine d’une vaste zone de vents faibles et progressent deux fois moins vite que les hommes de tête. Plus au nord, Arnaud Boissières, Manuel Cousin, Pip Hare et Didac Costa sont toujours englués dans ces calmes. Kojiro Shiraïshi fait partie de ce groupe et pourrait en profiter pour tenter de réparer sa grand-voile déchirée.

Les derniers naviguent quant à eux dans le sud-ouest de Madère, sur les « restes » de feu la dépression Thêta. Ils y ont trouvé cette nuit un peu de vent : « jusqu’à 20 nœuds, confie Mirranda Merron ». Ce souffle a été salvateur pour Armel Tripon qui a pu faire redémarrer l’Occitane en Provence. Mais ce plaisir de la vitesse retrouvée ne va pas durer. Un nouveau ralentissement est prévu dans la journée, à mesure qu’ils progresseront vers les Canaries.

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