Après trois dépressions en une semaine, les skippers ont enfin un peu de répit en retrouvant le soleil et des conditions plus clémentes. En tête de course, Thomson mène la charge et accélère. Jean Le Cam s’accroche, Thomas Ruyant et Charlie Dalin assurent la poursuite alors que derrière, la transition s’annonce moins évidente pour les retardataires.

Le coup d’accélérateur des ‘foilers’

Une fusée vers les alizées. HUGO BOSS, qui a repris les commandes de la course dans la nuit, est le premier à avoir touché un alizé stable dans la matinée. Il a été imité ensuite par Jean Le Cam (Yes We Cam !) toujours aussi fringuant, et un trio de foilers menés par Charlie Dalin (Apivia), Thomas Ruyant (LinkedOut) , Kevin Escoffier (PRB) ainsi que par le surprenant Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family) : tous ces solitaires ont touché cet après-midi un véritable alizé. Car dans la nuit, les conditions étaient plutôt faibles (10 à 15 nœuds) dans une zone de transition. Mais dès qu’ils se sont extraits des griffes de l’anticyclone, ils ont gagné légèrement en vitesse (15 à 20 nœuds).

Les foilers retrouvent ainsi des conditions qui leurs sont plus propices, qui permettent de voler et d’accélérer. « Il y a peu de manœuvres à venir, ça va être une route directe vers le pot au noir, confie Thomas Ruyant. Ce sont typiquement des conditions qu’on aime sur ces bateaux ». « Ça fait du bien de naviguer dans l’alizé. La mer est calme, ça glisse et c’est super agréable », ajoute Charlie Dalin, invité de l’émission Vendée Live. L’alizé n’étant pas très fort aujourd’hui, les skippers ont dû faire preuve d’une extrême concentration pour maintenir leurs IMOCA à des vitesses supérieures à 20 nœuds.

Alex Thomson, arrête-moi si tu peux ?

Mais devant, lui aussi avance vite et surtout, il creuse l’écart. Alex Thomson a repris la tête de la course dans la nuit et ne semble pas prêt de la lâcher. Le skipper d’HUGO BOSS était d’ailleurs le seul à avoir parcouru plus de 300 milles (347,1 milles) en 24 heures. « Il maîtrise parfaitement ce début de course avec son bateau ingénieux, performant et bien préparé », décrypte Franck Cammas, invité du Vendée Live ce midi. « Alex va prendre le bon wagon et ça peut vite se transformer en grosse avance, constate Thomas Ruyant. Alex est mort de faim mais moi aussi ! » Charlie Dalin souhaite aussi rester dans le match : « Alex y est allé franco dans la dépression Thêta et ça peut lui permettre de faire un grand écart ». Et le skipper d’Apivia de s’en amuser : « attendez-moi les gars, j’ai mis du charbon, j’arrive ! » HUGO BOSS est attendu à la latitude du Cap-Vert dès demain et devrait passer le pot au noir mardi.

Enfin le temps de prendre soin de soi

Sur ce Vendée Globe, c’est un luxe. Avec le passage d’un front, de dépressions et de Thêta, les skippers n’ont eu aucun répit depuis le départ. Mais avec des températures plus chaudes et des conditions plus clémentes, chacun a pu enfin souffler, se reposer, se faire plaisir aussi. « C’est la première journée avec du temps pour moi, ça fait du bien », reconnaissait Benjamin Dutreux. On peut être dehors, on peut prendre un café ». Et chacun sa façon de profiter. Alan Roura (La Fabrique) s’est offert sa première douche, des litres d’eau salée puis un litre d’eau douce. Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) a pris le temps d’écouter une playlist « bien rock », Boris Herrmann s’est « fait un petit apéro et il a appelé des copains ».

Damien Seguin, qui a dormi 7 heures cette nuit, s’est offert un petit festin avec hachis Parmentier et dégustation de Beaufort. Ce dimanche matin, Manuel Cousin (Groupe SÉTIN) a commencé la journée avec un bon café torréfié – « comme à la maison » – et un morceau de chocolat offert par son partenaire chocolatier. Clarisse Crémer (Banque Populaire X), elle aussi, avait une mine plus reposée : sur le pont du bateau, elle appréciait le paysage « c’est l’image carte postale qu’on a de la navigation au large. Ça fait du bien d’avoir le cœur plus léger ! »

En queue de peloton, progression difficile

Désormais, il est possible de diviser la flotte en trois groupes distincts. Derrière la tête de course, le « groupe du centre » s’accroche mais la bascule vers l’alizé sera moins évidente. En revanche pour les retardataires qui sont actuellement au Sud des Açores, ça ne s’arrange pas. « Entre la fin de Thêta et l’alizé, la transition est très compliquée. Ils vont passer dans la bulle anticyclonique avec très peu de vent », note Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe. « C’est vrai que c’est difficile pour nous, ce sera peut-être la double peine mais j’espère que ça va encore évoluer », expliquait Alexia Barrier. Mais à bord de TSE – 4myplanet, elle garde le sourire : « je suis vraiment super bien sur mon bateau. J’apprécie tellement le fait d’être en mer, c’est une chance énorme ! J’ai eu des petites bricoles à faire mais rien de méchant, c’est la vie au Vendée Globe ! »

Chez Charal, ça travaille sans relâche

Depuis son retour au ponton des Sables-d’Olonne samedi en début d’après-midi, l’équipe technique s’active pour réparer Charal. Hier, architectes, ingénieurs et techniciens étaient déjà à pied d’œuvre, à l’image de ce plongeur qui vérifiait la coque alors que Jérémie Beyou s’exprimait avec les médias. Depuis, son équipe se relaie nuit et jour afin de s’attacher notamment à structurer la barre d’écoute. Les conditions difficiles aux Sables-d’Olonne ce dimanche matin (forte pluie et rafales de vent) n’ont pas facilité leur travail. À noter que Charal a annoncé la tenue d’une conférence de presse, demain lundi en milieu d’après-midi, afin d’annoncer si Jérémie Beyou repartira ou non.

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