Le passage du front cette nuit a fait quelques ‘blessés’. L’un des grands favoris de ce Vendée Globe, Charal, fait route vers les Sables d’Olonne depuis ce matin, contraint de rentrer pour réparer une série d’avaries, dont une bastaque tribord cassée – partie du gréement qui tient le mât -. Jérémie Beyou est attendu vendredi soir dans le port Sablais. Il a jusqu’au 18 novembre 14h20 pour franchir à nouveau la ligne de départ. Pour les 32 autres concurrents – dont Fabrice Amedeo, reparti hier soir en course – cette journée du 11 novembre ressemble à une trêve.

Le coup de tabac de la nuit a été rapide mais brutal. A l’instar de Charal, plusieurs bateaux ont souffert. Ce matin, Armel Tripon était en train de faire demi-tour en direction des côtes espagnoles où il comptait s’abriter pour réparer une drisse cassée… avant de se raviser. Le skipper de l’Occitane en Provence a décidé de reprendre sa route et d’attendre des conditions plus clémentes pour grimper au mât et installer un système de remplacement. Thomas Ruyant devra lui aussi procéder à une ascension, exactement pour les mêmes raisons (problème de hook, drisse cassée). Une des girouettes de LinkedOut est également hors service et un vérin de pilote automatique a dû être changé. A bord de PRB, c’est une voie d’eau qui a surpris Kévin Escoffier en pleine nuit, alors qu’il inspectait l’intérieur de son bateau. Plus de peur que de mal : une vanne de puits de foil était endommagée. Elle a été réparée.

« Je suis totalement cramée »

Pour Clarisse Cremer, c’est plutôt le moral qui est touché. « Mon bateau va mieux que moi ! » confie t-elle ce matin lors d’une vacation émouvante. « Je suis au bout du rouleau. Je n’ai même pas la force de renvoyer de la toile tellement je suis fatiguée. L’épisode de la nuit m’a détruit. Je suis totalement cramée. Je n’arrive même pas à manger, à dormir, je me fais peur… ». Il faut dire que les navigateurs ont vécu des heures particulièrement pénibles juste avant de traverser le front. Sam Davies a évoqué des rafales à 50 nœuds. La Britannique naviguait alors sous trois ris et tourmentin, soit une configuration de voilure réduite à son maximum. Pour ne pas casser le bateau dans une mer que l’Italien Giancarlo Pedote qualifie de « démontée », tous ont progressé prudemment, à petite vitesse. « Avec ces dépressions qui font bouillonner l’océan, cette décente de l’Atlantique est un chaudron » résume Thomas Ruyant.

A défaut d’Armistice, c’est la trêve

Heureusement pour tous, les conditions s’adoucissent au fil de cette journée de mercredi. Eole et Poséidon n’ont pas encore signé l’armistice, mais c’est au moins une trêve, dans les eaux agitées de l’Atlantique Nord. De l’autre côté du front, à la lisière d’une dorsale anticyclonique, toute la flotte navigue au portant dans un vent de nord-nord- ouest faible à modéré. « On fait du Sud, enfin ! » s’enthousiasme Alan Roura dans une vidéo envoyée du bord.

L’océan n’est pas encore parfaitement rangé, mais la navigation sous gennaker est plus sereine… quoique… Pour les filles et les gars les plus à l’Ouest, c’est un autre exercice qui commence. Un exercice de funambule sur le fil du vent. Entre la dorsale et l’arrière du front, il va falloir trouver son équilibre, à coup d’empannages, pour ne pas tomber dans un trou d’air. Prochaines cibles dans le viseur : deux dépressions que tout le monde va chercher à contourner par l’ouest. La première n’est pas bien méchante. Mais la seconde, prénommée Theta, est la promesse d’un nouvel épisode virulent.

En attendant, la régate a aussi repris de l’intensité. Au classement, on revoit les occidentaux apparaître dans le top 10, avec une très belle progression de Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut). Le groupe du large est revenu au contact des sudistes et sont presque sur une même ligne d’avantage… les prochaines 48 heures vont être passionnantes !

Source

Articles connexes