Les bateaux vont voler, le départ sera splendide !
L’Occitane en Provence aura l’honneur d’être le premier bateau à remonter le chenal des Sables-d’Olonne pour le grand départ du Vendée Globe. A son bord, Armel Tripon aura évidemment en tête les grandes lignes d’une météo qui s’annonce exceptionnelle pour le départ… mais plus complexe par la suite avec trois dépressions successives et pas d’alizés établis. Armel analyse la situation.
Mer plate, départ au vent de travers, grand soleil et vent modéré : les conditions s’annoncent parfaites pour le top départ autour du monde, dimanche 8 novembre aux Sables-d’Olonne. Armel Tripon et les 32 autres concurrents partiront directement vers le large, sans parcours en baie. Il y aura du spectacle et probablement un net avantage aux foilers de dernière génération. Mais ensuite, les choses se corsent avec la succession de trois dépressions, la plus virulente intervenant dans la nuit de mardi à mercredi.
Cinq questions météo et stratégie à Armel Tripon
Quelle est la météo pour le départ, dimanche à 13h02 ?
« Je pense qu’on va vers un des plus beaux départs de toutes les éditions du Vendée Globe ! Ce sera sous le soleil, la mer sera plate, avec environ 15 nœuds de vent de sud-est. Les bateaux vont voler, ce sera magnifique ! Nous serons à 110 ou 120 degrés du vent et les nouveaux bateaux comme L’Occitane en Provence devraient filer à des vitesses comprises entre 20 et 22 nœuds peut-être. Je pense que ça va être splendide, il ne faut pas rater les directs à la télévision ou sur Internet ! ».
Mais ensuite, le temps se gâte ?
« Oui le vent va forcir un peu et nous irons chercher un premier front dans la nuit de dimanche à lundi dans le golfe de Gascogne. Là, on aura un vent soutenu de 20 à 25 nœuds avec potentiellement des rafales au passage du front qui peuvent monter à 30 nœuds. Il y aura deux ou trois mètres de creux, mais ce premier front ne sera pas très méchant. La deuxième dépression sera plus virulente. Côté stratégie, il faudra savoir estimer quelle dose de nord ou de sud chacun met dans son cap vers l’ouest. L’enjeu est de se positionner pour franchir la deuxième dépression de mardi, le deuxième front, parce que celui-là est plus costaud ».
Une deuxième dépression qui sera déjà un gros test, alors ?
« Oui, ce deuxième front à négocier dans la nuit de mardi à mercredi est plus virulent, et en effet ce sera déjà un test : il y aura un bon 30 nœuds de vent moyen et des rafales à 40, voire 45 nœuds (80 km/h). Pour le coup-là tu peux avoir quatre mètres de creux. Potentiellement, ces conditions peuvent entraîner des avaries, un peu de casse. Il faudra savoir gérer, bien placer le curseur entre la performance et le respect de l’intégrité du bateau. Il est fort possible d’avoir à lever le pied. Dans ces conditions-là tu peux continuer à aller très vite si tu veux… mais en as-tu envie si c’est au risque de casser quelque chose ? Tu peux toujours foncer à 25 nœuds, mais à cette vitesse-là dans 3 mètres de mer tu peux aussi tout exploser. Il faudra doser et être malin ».
Et après le passage de cette deuxième dépression, la flotte est tirée d’affaire ?
« Et bien non, pas vraiment ! Car des rejetons de dépressions se sont creusés et cassent l’alizé. Il n’y a pas l’alizé qui nous permettraient de glisser vers le Cap Vert, comme c’est souvent le cas. A la place, on va avoir un passage au près, pas très confortable, avec le bateau qui tape. C’est un début de Vendée Globe assez complexe, pas linéaire du tout. Il n’y a rien d’écrit et il faudra être très vigilant sur la météo pour l’actualiser en permanence. C’est loin d’être une situation simple. »
Quelle sera ta stratégie dans ces conditions ?
« Si je peux choisir, je prendrais bien la payante ! (rires). Je ne vais évidemment pas la dévoiler ici et de toutes façons il faudra la réactualiser en permanence avec des données météo fraîches. Au moins je ne risque pas de m’ennuyer : il va y avoir du boulot et du rythme ! Il faut surtout bien avoir en tête que la route est très longue et que le Vendée Globe ne fera que commencer. »