Dans ce nouvel article à l’approche du départ dimanche du Vendée Globe, l’espagnol Xabi Fernández raconte à Ed Gorman depuis la Nouvelle Zélande où il prépare l’America’s Cup, à quel point il s’attend à un tour du monde « super-excitant » et raconte aussi ses projets pour The Ocean Race.

Xabi Fernández, cinq participations à la Volvo Ocean Race et médaillé d’or olympique, a beau être à l’autre bout du monde pour l’America’s Cup, il suit de près la Classe IMOCA et le départ du Vendée Globe.

Fernández, qui fait partie du Team INEOS UK dirigé par Ben Ainslie, ne doute pas que ce Vendée Globe va être un véritable succès. « Ça va être super excitant », m’a-t-il dit depuis Auckland, après une journée passée dans le golfe d’Hauraki à observer Britannia le dernier monocoque volant du team britannique.

« Les IMOCA sont fascinants. Nous allons voir des images incroyables et je vais les suivre de très près, »ajoute celui qui se souvient encore avec émotion de ses propres navigations en IMOCA aux côtés de son compatriote Iker Martínez, lorsqu’ils ont mené MAPFRE à la deuxième place de la Barcelona World Race 2010-11 (tour du monde en double), derrière Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron.

« J’espère et je croise les doigts pour qu’il n’y ait pas trop de casse, » poursuit-il. « Mais il faut être réaliste et nous connaissons l’histoire de la course et comment, avant même que ces bateaux de dingues n’arrivent, il y a eu de la casse, parce que c’est une course tellement difficile. Le couple de redressement que génèrent les IMOCA d’aujourd’hui avec leurs foils est si extrême que l’on aura surement des avaries mais, encore une fois, j’espère que personne n’aura de problèmes sérieux. »

Selon Xabi, il est probable que nous retrouvions le schéma des Vendée Globe récents, avec une lutte serrée en tête de la flotte des 33 concurrents. « Nous avons vu sur les deux dernières éditions que la compétition est de plus en plus serrée. Il y a eu le duel entre François (Gabart) et Armel (Le Cléac’h) en 2012 et ensuite celui entre Alex (Thomson) et Armel en 2016. Ils ont tellement poussé les bateaux que c’est plus que jamais une question de fiabilité et d’endurance. »

Il souligne également l’importance de naviguer avec intelligence. « Je suppose qu’ils identifieront les moments où les conditions sont bonnes – en avant des fronts météorologiques et quand l’état de la mer n’est pas trop mauvais – pour pouvoir pousser vraiment beaucoup. Et ensuite, il y a les moments où il faut rester prudent. »

Fernández a des amis proches impliqués dans la course, parmi lesquels les architectes navals Juan Kouyoumdjian et Guillaume Verdier, Neal McDonald de l’équipe d’Alex Thomson et Jérémie Beyou, contre qui il a couru lors de la dernière Volvo Ocean Race et qui l’avait aidé à préparer sa campagne pour la Barcelona World Race.

« Je sais que Jérémie a mené cette campagne correctement, »confie Xabi. « Il se peut qu’à un moment donné, il paye un petit prix pour avoir construit son bateau un an plus tôt que les autres parce que le développement de la Classe avance si vite. Il y a toujours un compromis à faire que ce soit en IMOCA, en America’s Cup ou ailleurs ; on veut repousser le plus loin possible le moment de la conception, mais d’un autre côté, on veut tester. Mais Jérémie a fait les choses comme il faut je pense et, avec les nouveaux foils de Charal, je suis sûr qu’il est prêt. »

« Je sais aussi par Neal qu’Alex a beaucoup travaillé et qu’il est très bien préparé, » ajoute-t-il. « Du côté du design, nous avons beaucoup travaillé avec Juan K et nous sommes de très bons amis, alors je suis de près ses créations (ARKEA PAPREC de Sébastien Simon et CORUM L’Épargne de Nicolas Troussel) et j’espère qu’elles seront efficaces. »

Surtout, Xabi est plus qu’un simple spectateur intéressé car il a ses propres ambitions de disputer The Ocean Race en IMOCA. Le projet de construire un nouveau bateau, une fois de plus aux couleurs de la compagnie d’assurance espagnole MAPFRE, a été mis en sommeil pendant la pandémie de Covid-19, mais le skipper espagnol entend toujours être sur la ligne de départ en octobre 2022.

« Bien sûr, c’est un moment délicat pour tout le monde, » explique-t-il, « nous, en tant qu’équipe, avec Pedro Campos, nous travaillons toujours avec MAPFRE. Il est évident que repousser d’un an The Ocean Race était inévitable, avec la façon dont les choses se passent. A la fin de l’année dernière, avant la pandémie, nous avancions et nous étions proches de nous engager avec un IMOCA, même si les délais commençaient à être très serrés. »

« Alors nous n’avons pas abandonné, bien au contraire mais, vous savez, il n’est parfois pas si simple d’être très positif en termes de financement et de calendrier. Et le temps passe si vite, c’est difficile non ? Alors bien sûr, nous nous disons toujours qu’avec ces bateaux qui sont si excitants, il est difficile de ne pas essayer parce que c’est vraiment un très beau projet. »

Si un nouveau bateau s’avérerait trop difficile à réaliser, Xabi étudie également la possibilité d’utiliser un bateau existant, bien qu’il se demande si un IMOCA construit pour du solitaire puisse être suffisamment solide pour des courses en équipage.

« Si nous utilisons un bateau qui n’est pas neuf, la question est de savoir comment le rendre suffisamment solide, »explique-t-il. « En effet, l’une des préoccupations que j’ai – et nous en avons parlé ouvertement – est que lorsque l’on vient de la culture de l’ancienne Volvo Ocean Race, la question est d’embarquer sur un bateau qui a été conçu pour un solitaire et de penser qu’il sera assez solide pour gérer quatre ou cinq équipiers qui voudront le pousser au niveau où vous devez le pousser pour essayer de gagner The Ocean Race. Il y a donc des choses à penser et à faire avant de connaître vraiment les possibilités dont nous disposons. »

Mais Xabi reste convaincu qu’une flotte correcte d’IMOCA sera sur la ligne de départ, rejoignant la première équipe engagée 11th Hour Racing. « Je suis sûr que les équipes tardives se présenteront et nous devrons alors trouver les meilleures opportunités, »ajoute-t-il. Il espère aussi que taille et la qualité de la flotte du Vendée Globe déteindra sur les inscriptions à The Ocean Race.

« C’est incroyable que nous ayons un Vendée Globe avec 33 partants, huit bateaux neufs et une poignée de bateaux semi-neufs, c’est donc une très belle flotte. Ils sont non seulement nombreux mais d’une qualité étonnante et sur ces huit nouveaux bateaux, certains pourront participer à The Ocean Race et j’espère vraiment qu’ils seront là. »

En attendant, le meilleur coureur au large espagnol au monde est occupé à Auckland jusqu’en mars, aidant la Grande-Bretagne à ramener l’America’s Cup. « Nous devons juste continuer à travailler, »affirme-t-il simplement propos de l’équipe dirigée par Sir Ben Ainslie, « et, espérons-le, mais je pense vraiment que nous sommes en bonne forme. »

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