Une préparation millimétrée pour Alex Thomson
Le Vendée Globe est une course exigeante d’environ 3 mois en solitaire, qui demande une préparation spécifique. Grand favori de l’édition 2020-2021, Alex Thomson n’a rien laissé au hasard pour sa préparation. Natation, cyclisme, haltérophilie mais aussi coaching mental, ces derniers mois ont été intenses pour le skipper anglais.
A l’approche du Vendée Globe, le programme de remise en forme d’Alex Thomson s’est intensifié. Avec son entraîneur, le skipper a associé 3 à 4 séances d’entraînement par semaine, basées sur la force et la condition physique, avec environ 45 minutes de cardio spécifique au sport chaque jour.
La natation reflète les mouvements répétitifs de rotation des bras qu’Alex utilisera sur le winch (un dispositif utilisé pour lever et régler les voiles) pendant la course. Le cyclisme aide à développer l’endurance dans les jambes, ce qui est crucial car il déplace constamment des charges lourdes d’un côté à l’autre du bateau, tandis que les sprints en côte servent à renforcer la condition physique générale, sa récupération et son seuil lactique.
En amont de la course, Alex a consacré également du temps à l’haltérophilie, qui est cruciale pour développer la force du haut du corps. Le skipper s’exercera également à travailler la ceinture abdominale et se concentrera sur la flexibilité et la mobilité. Le bateau n’est jamais immobile et, lorsque les conditions à bord deviennent très extrêmes, même les tâches les plus simples peuvent être incroyablement difficiles, ce qui rend l’équilibre et la mobilité cruciales.
Pendant de nombreuses années, Alex a travaillé avec le célèbre psychologue sportif Ken Way pour développer et affiner des astuces psychologiques et des techniques à utiliser pendant le Vendée Globe. De la gestion de l’isolement à la compréhension de la peur, en passant par la résistance à la complaisance et la fixation d’objectifs, Alex a développé un éventail de techniques ausquels il fait régulièrement appel lors d’une course qui, selon lui, représente un défi mental encore plus important que physique.
Quelle est la part de physique et de mental dans cette course ?
Pour moi, c’est en fait un défi bien plus mental que physique. Vous vivez des montagnes russes d’émotions, parfois sur une très courte période. Souvent, l’humeur peut changer du tout au tout au simple son d’une voix au téléphone ou en apprenant que l’on a gagné quelques kilomètres. L’esprit peut nous jouer des tours et il est donc important de s’y préparer au mieux avant la course, afin d’être en mesure de relever les défis qui se présentent.
Comment se prépare-t-on à plus de 70 jours d’isolement et de solitude ?
Je sépare ces deux choses. Je sais que, lorsque je commence la course, je suis sur le point de vivre environ 3 mois d’isolement. Mais je me convaincs d’abord que ce n’est pas treès long. Et deuxièmement que, même si je suis isolé, je ne peux pas me sentir seul parce que j’ai des amis et de la famille qui me soutiennent tous à la maison.
Est-il possible de s’entraîner à la privation de sommeil et comment gérez-vous cela pendant la course ?
En géneéral, je dors 20 à 40 minutes toutes les 2 à 4 heures pendant la course. Dans le passé, j’ai essayé de m’imposer ce rythme de sommeil bien avant la course afin que mon corps et mon esprit s’y habituent. Mais en réalité, cela ne faisait que m’épuiser davantage et avait un impact négatif sur mon humeur et ma motivation. Et donc maintenant, c’est quelque chose que je ne fais que pendant la course elle-même. En réalite??, dans les premières 24 à 48 heures, je dors très peu parce que je veux prendre le meilleur départ possible et que je pousse fort. Mais après cela, je commence à trouver un rythme. En fait, je trouve qu’une course plus longue comme le Vendée Globe est plus facile qu’une course plus courte en terme de gestion du sommeil parce que je suis plus discipliné et je m’acclimate mieux. On se sent bien sûr toujours épuisé presque tout le temps ! Mais on apprend naviguer avec.