Le jeudi des Voiles est tout entier dédié à la célébration de l’esprit des Voiles, un savoureux mélange de régate au taquet et de fairplay, quand skippers et propriétaires, dignes successeurs des joutes du Moyen âge, se défient, en toute amitié cette fois, pour la beauté du sport, pour le plaisir de rivaliser bord à bord sans autre enjeu qu’un bon gueuleton. Dans la continuité d’un début de semaine propice à valider toutes les manches disputées, les conditions météos étaient au rendez-vous d’une glisse toute en douceur, sous le soleil et sur des flots apaisés. Mélange des styles, à l’instar des prétendants à la Club 55 Cup The Kid (JP54 de 2010) face à Ikra (Boyd 1964), ou querelle inter classe entre les trois sublimes P-Class, l’heure était aujourd’hui à la simple délectation du sport à l’état pur, pour la beauté du geste, l’élégance du mouvement et la gratuité de l’acte.

Ikra s’adjuge la Club 55 Cup

Belles conditions pour un défi, et pas n’importe quel défi, celui qui incarne le mieux l’esprit de la Nioulargue, inspiratrice des Voiles. L’Historique Ikra, le 12 m JI cette année barré par Hugues Destremau, défiait The Kid, le proto inspiré de la Classe Imoca de Jean Pierre Dick. Tradition contre modernité, avec un parfum de haute compétition pour ce très amical duel en direction de Pampelonne via la Nioulargue. Mais la très grande différence de conception et de potentiel entre ces deux voiliers allait amener dès hier soir les protagonistes, Jean Pierre Dick d’un côté, et François Morault de l’autre, à convenir d’un «gentleman agreement », consistant à appliquer à cette course traditionnellement jugée en temps réel, la jauge IRC. The Kid partait ainsi ce matin avec un handicap évalué à 20 minutes. Le vent de Sud-Ouest certes un poil instable offrait aux équipages toute la latitude pour un beau moment récréatif à souhait. Beaucoup de rebondissements venaient émailler le parcours, avec d’imprévisibles sautes de vent. Au final, Jean Pierre Dick s’imposait sur la ligne d’un peu plus de plus de 5 minutes, insuffisant cependant pour absorber son handicap. Fair play et fidèle à l’engagement pris la veille, Dick et ses hommes s’inclinaient et offraient la victoire à Ikra!

Les Défis du jour

Une douzaine de défis étaient inscrits au programme du jour, selon la tradition immuable du jeudi aux Voiles, où on célèbre l’histoire fondatrice de la Nioulargue, noble ancêtre de l’événement actuel. Duel à deux, à trois ou même à 5, selon la bonne humeur des skippers et équipages. Pour le plaisir de profiter pleinement du golfe et de cette ligne de départ sous le Portalet, les équipages s’élançaient peu avant midi. Duels souvent fratricides, comme l’affrontement entre les 3 P-Class Corinthian, Chips et Olympian, qui tournait à l’avantage d’Olympian à l’issue d’un parcours de 9 milles piégeux à souhait, le vent s’ingéniant à tourner de l’Est au Sud Ouest, emprisonnant les uns et libérant les autres, pour une grande sarabande de changements de leaders, d’impromptus arrêts buffet et d’improbables retours. Du plaisir à l’état pur vous dit-on !

Spirit of Malouen versus Freccia Rossa

Les deux postulants à la victoire en TP52 ne se quittent plus et s’affrontaient eux aussi aujourd’hui dans le cadre amical du jour. Duel de prestige, duel d’artistes qui tournait à l’avantage de Stéphane Névé et de son Spirit of Malouen particulièrement en forme en ce jour de défi.

Le point groupe par groupe :

De la brise, avec des pointes enregistrées à 28 noeuds lundi, du petit temps mardi, et du médium, jusqu’à 12 noeuds hier mercredi, Les Voiles 2020 comblent sur le plan sportif le gros millier de marins présents et qui ont trouvé aux quatre coins du golfe, matière à s’exprimer quelles que soient les allures. Les classements provisoires des courses, tant chez les Modernes qui ont déjà validé trois courses, que chez les Classiques et leurs deux régates au compteur, donnent une idée de plus en plus précise des forces en présence susceptibles de grimper samedi soir sur le podium de la remise des prix.

Epoque Aurique :

Trophée Rolex ; avantage Eva Le Trophée Rolex rassemble 6 somptueux voiliers auriques plus que centenaires, les plus anciens des concurrents inscrits aux Voiles. La lutte se circonscrit à un duel particulièrement serré entre les deux plans Fife, Viola (1908) et Eva (1906), à l’aise à toutes les allures et qui régate avec une belle intelligence pour contrer les tentatives de Viola. Le vénérable Lulu (1897) est à la lutte avec Nin (Quenel 1913) pour le gain de la troisième place.
Scud tient tête aux P Class en classe A Le sloop aurique Scud (Herreshoff 1903) démontre à Saint-Tropez toutes ses qualités face à la redoutable armada des P-Class, cette jauge de voiliers de 31 pieds lancée dans les années 1920. C’est du côté du 10 mJI Suédois Marga qu’il trouve la plus virulente opposition. Tous ces voiliers se tiennent en temps réel dans un mouchoir de poche. Ils terminaient tous hier dans in laps de temps inférieur à 6 minutes.
Epoque Marconi : Meerblick Classic, le pire et le meilleur Le sloop Bermudien Allemand Meerblick Classic (Anker 1917) a connu le meilleur, avec une belle victoire hier sur le fil face au yawl signé Olin Stephens Comet (1946), mais aussi le pire, clairement distancé dans la brise lundi, avec une dernière place du groupe à la clé. La victoire dans ce groupe des Epoque Marconi de 15 mètres et plus pourrait se jouer à la régularité. Et on pense là à Skylark 1937 (Olin Stephens 1937), toujours placé à défaut de victoire de manche.
Varuna of 1939 vire en tête en A On retrouve au sein du groupe des Grands Epoque Marconi de splendides unités de plus de 20 mètres hors tout, yawl, ketch ou cotre, pour un formidable mélange des genres au plus haut niveau. Eileen 1938 (Anker 1938), Manitou (Olin Stephens 1937) ou Ellen (Talma 1931) ont, en ce début de semaine, trouvé leur maitre en Varuna of 1939, le plan Sparksman confortable vainqueur des deux premières manches de la semaine, tant en temps réel qu’en temps compensé.
Jeu totalement ouvert chez les Epoque Marconi C Les deux premières régates de la semaine ne permettent pas d’identifier catégoriquement qui de Andale (Nicholas Potter 1951), Sonda (Mc Gruer 1951) ou Rainbow III (Fife 1927), auteurs de jolies courses, s’imposeront cette semaine. Suspens entier!

Yachts Classiques : Classique Marconi : Yawl ou Ketch ? Entre Hermitage, yawl bermudien barré par Lionel Péan, et le ketch Eugenia V (Rhodes 1968), on a choisi son camp. A Péan la régate de brise, au ketch de Baptiste Garnier la régate d’hier. Tout est ouvert dans ce groupe qui, dans l’attente des grosses unités attendues en deuxième semaine des Voiles, offre aux regards les plus imposantes silhouettes de la semaine.
Stiren en pôle en B Le groupe des Classiques marconi B réunit une intéressante variété de voiliers de 12 mètres et plus, gréés sloop ou yawl. L’esthétique le dispute au sport et fort indécise est la lutte que se livre Stiren (Stephens 1937) large vainqueur hier, à un autre plan Olin-Stephens, Palynodie II (1962).
Ikra sans partage en racingLe voilier 12 m JI emblématique de la Nioulargue Ikra domine assez nettement le sloop Bermudien Italien Il Moro di Venezia (Frers 1976) avec deux victoires assez nettes qui placent les hommes d’Hugues Destremau en ballottage plus que favorable à l’entame de cette deuxième partie de la semaine.
Classe invité : Windhover-Josephine, coup pour coup Le cotre Bermudien Windhover ((Luke 1904) et l’IOD Bermudien Josephine (Aas 1959) se rendent coup pour coup dans le groupe Invité, avec une victoire et une deuxième place chacune. Tout reste à jouer dans ce groupe.

Les Modernes font le plein :

Trois journées de régate et autant de courses validées pour les 6 groupes répertoriés sous l’appellation « Moderne », 5 en IRC et un groupe TP52.
La flèche rouge porte bien son nom
Le TP 52 italien de Vadim Yakimenko Freccia Rossa a pris un léger ascendant sur ses plus virulents rivaux, les français de Spirit of Malouen de Stéphane Névé. L’ex Paprec avait pourtant remarquablement débuté lundi dans la brise par une belle victoire. Il doit depuis se contenter de la place de dauphin, tant la flèche rouge n’a laissé que peu de possibilité à ses adversaires. Arrobas2 de Gérard Logel est constant à la troisième place, parfaitement dans le coup en temps réel.
Daguet2 sans surprise
Les IRC B sont un groupe constitué des voiliers les plus Hi Tech des Voiles. Grand Soleil, Mylius, Nacira ou X50 y affichent tous de légitimes prétentions. C’est pourtant le Mylius 50 de Frédéric Puzin Daguet2 qui fait la plus forte impression avec deux victoires au compteur. Sa contre performance dans le petit temps de mardi a ouvert la porte à Billy Besson, skipper du Nacira 47 Prétexte, ce soir en embuscade. A moins que Jean Pierre Dick et son JP 54 The Kid ne parviennent à compenser un rating des plus défavorable…
Lisa R lorgne sur le Trophée BMW
Le groupe des IRC C est le support du Trophée BMW. Le Ker 46 de Giovani Di Vincenzo Lisa R s’est imposé lundi et mercredi, dont une fois en temps réel. Il doit cependant regarder dans son rétroviseur où pointent au moins deux sérieux postulants, le Grand Soleil 43 Couleur Soleil de Robert Coriat et le GP 42 Confluence de Jean Pierre Joly.
Lady presque sans faute
Nicolas Gonzales connait parfaitement le plan d’eau du golfe. Il le prouve à la barre de Lady, un Dufour 40 qui remporte deux manches et se classe deuxième lors de la troisième. Yves Grosjean et son J 133 Jivaro sont ce soir ses plus proches rivaux en IRC D, groupe qui rassemble pas moins de 20 concurrents.
King of Blue sur son nuage
Scénario similaire en IRC E, où le J 99 King of Blue s’adjuge 2 des trois manches disputées. Le Sun Fast 3200 de Jean François Nouel Hakuna Matata lui donne une belle réplique mais devra se méfier jusqu’au bout de Buran pour les accessits.

Et les Tofinou ? Les jolis cruisers du chantier Latitude sont aux Voiles rassemblés en un même groupe avec les Code zéro, Code 1 et le Wallyno. Le Code 1 Black Legend s’est imposé dans le petit temps mais s’est ensuite incliné face à la vélocité des Tofinou 9,5 Pitch et Team 42, en position de rêver à la victoire ce soir.

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