Le stage d’entrainement organisé au large de Port La Forêt la semaine passée pour un certain nombre de voiliers de la Classe Imoca a été, pour Thomas Ruyant et son équipe de TR Racing, l’occasion de tester dans des conditions de vent et de mer variées, la version deux des foils destinés à équiper LinkedOut durant le Vendée Globe. Thomas Ruyant, en faux solo, accompagné de son média man Pierre Bouras et d’Antoine Koch, concepteur avec le cabinet de Guillaume Verdier de ces nouveaux appendices porteurs, a, en quelques jours, franchi un nouveau palier dans la fiabilisation et la stabilisation de sa navigation en mode « volant ». LinkedOut démarre plus tôt son mode « aérien », le conserve plus longtemps et ceci, dans les « ranges » de vent majoritairement attendu autour de la planète. Le plan Verdier lancé en 2019 poursuit sur un tempo élevé son optimisation. Le skipper nordiste et son équipe s’approchent à grand pas du niveau de performance espéré, et s’installent en toute sérénité dans le compte à rebours vers la date fatidique du départ du Vendée Globe, le 8 novembre prochain.

Stabilité, le maitre mot !

« Nos nouveaux foils dénommés V.2 sont plus longs, plus épais mais aussi plus simples à construire que la première version » explique Antoine Koch, ingénieur naval, navigateur, impliqué au sein de TR Racing dans le développement des voiles et des appendices. « Ce deuxième jeu de foils était programmé dès le départ, car l’importance de ces appendices porteurs sur les Imoca dernière génération est telle, qu’il est inconcevable de ne pas disposer d’un jeu de rechange. Et quitte à construire un second jeu, autant l’optimiser en gommant les faiblesses de la version 1. Cette première version était performante à certains moments, mais « décrochait » beaucoup, c’est à dire que le bateau devenait instable, sujet à des arrêts buffets dans les vagues, créant un niveau d’exigence et d’inconfort difficile à supporter dans la durée. Notre seconde version nous fait incontestablement gagner en stabilité. »

Un test grandeur nature

Durant un peu plus de 48 heures, LinkedOut a pu de nouveau se confronter au meilleur de la concurrence, dans des conditions de vent soutenues et variées, idéales pour pousser les tests d’efficacité des nouveaux foils du voilier aux couleurs de la course au changement. « On décolle beaucoup plus tôt qu’auparavant, et que beaucoup de nos concurrents directs » poursuit Antoine. « Par 15 à 20 noeuds de vent, sur mer plate, l’effet turbo est phénoménal. Le bateau s’est montré ultra rapide aux allures de reaching, par 15 à 25 noeuds de vent. Thomas a parfaitement géré la prise en main des foils, avec calme et méthode. Ses trajectoires étaient limpides et sa stratégie excellente. Nous avons pu naviguer dans des conditions nouvelles pour le bateau, jusqu’à 45 noeuds de vent au portant. Cette brise très instable en force, qui chutait parfois à moins de 15 noeuds, a rendu difficile de trouver la bonne combinaison de voiles. Mais ce fut très instructif et en découvrant le bateau dans ces conditions soutenues, on a identifié quelques points d’amélioration au niveau du jeu de voile. »

Des choix d’attaquants !

En résumé, LinkedOut n’est pas devenu plus confortable. Il tape encore beaucoup mais son vol est plus linéaire, plus stable, avec beaucoup moins de décrochage et donc une vitesse moyenne élevée que l’on conserve plus longtemps. Idéal pour les longues distances. « La difficulté, mais elle est commune à tous les foilers, c’est de lever le pied, de ralentir pour aller dormir. » précise Antoine. « Il va falloir s’habituer à vivre longtemps à très haute vitesse. Je pense là à la descente de l’Atlantique, qui sera cruciale durant ce Vendée Globe. Grâce à nos choix pertinents de voile, LinkedOut est performant à toutes les allures, sauf peut-être dans le tout petit temps où nos foils et notre large carène nous pénaliseront. Mais sur un Vendée Globe, c’est une configuration rarement rencontrée. Ce n’est de toute façon ni le temps du bateau, ni celui de Thomas, Ministe dans l’âme et dingue de vitesse. Nous avons fait des choix d’attaquants ! Enfin, nous avons fait un gros travail sur la fiabilisation des systèmes électroniques et informatiques embarqués. Les chocs, l’humidité permanente, les vibrations, la vitesse sont des paramètres à maitriser. Mais cela est vrai pour tous les bateaux. »

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