La direction de course du 42e Spi Ouest-France Destination Morbihan avait dès 8h ce matin annoncé la couleur aux 330 équipages : retard ! Le vent de noroît soufflait effectivement fort en baie de Quiberon (près de 40 nœuds en rafales) lâchant de gros grains par intermittence et faisant claquer violemment les pavillons du village. A 14h, le ventilateur baissait d’un cran et Christophe Gaumont pouvait envoyer une partie de la flotte en mer. Seuls les bolides légers et surpuissants (Diam 24, Mach 650, Open 7,50, ETF 26, Osiris C) restaient à quais. Entre fortes bourrasques et changement brutaux de direction du vent, sur une mer agitée et un ciel splendide, la première journée du Spi 2020 a donné des images de régate à couper le souffle et des bagarres d’anthologie sur le plan d’eau. Chouette, le Spi est lancé !

Port de la brassière obligatoire pour tous en ce premier jour de la tant attendue grand-messe annuelle des passionnés de voile. Les conditions de mer et de vent sont musclées : 15-20 nœuds, 25 nœuds même au milieu de l’après-midi avec parfois des « bouffes » subites et un changement radical de direction du vent, un plan d’eau cabossé de vagues. N’empêche, le comité de course du Spi Ouest-France Destination Morbihan a pu donner les départs sur trois des cinq zones de courses réparties en baie de Quiberon. Car si les gros voiliers de type Class40, IRC double, Grand Surprise ou IRC A et B ont pu courir un côtier de 31 milles ou un parcours classique pour les J/80 et Open 5.70, les « petits » bateaux légers et puissants comme les trimarans Diam 24, les catamarans volants ETF26 ou les Mach 650 ont été contraints de rester au port par prudence.

Belles manœuvres… et chavirage d’un Multi 2000

« Il va falloir se remettre dans le bain rapidement car aujourd’hui, c’est grosse brise » confiait Jean-François Hamon, skipper du Sun Fast 3300, juste avant de larguer les amarres. Le skipper breton qui n’a jamais manqué une édition du Spi Ouest-France, ne croit pas si bien dire. Ni une ni deux, et dès le premier coup de canon à 14h05, les équipages encapuchonnés dans leur ciré ont régaté dans des conditions spectaculaires. Envoi de spi à la volée, flottes groupées aux enroulements de bouées, départs au lof ou à l’abattée, bords de portant à pleine vitesse. On notera tout de même quelques petits et gros tracas : le trimaran (Tricat 30) Glomerule skippé par Eric Gauthier a chaviré mais a rapidement été secouru par la SNSM, un des équipiers du bord souffre d’un bras cassé. La perte d’un safran est à également déplorer dans la catégorie des Open 570.

Demain, samedi, le spectacle sera tout autre. Les prévisions météo donnent du petit temps. Place à la tactique et à la stratégie fine ! A 9h, les 330 équipages largueront les amarres pour plusieurs manches à suivre à partir de 10h.

Les mots des marins

Jean-François Hamon, IRC double, Festa (Sun Fast 3300)

« C’est mon 22e Spi Ouest-France. J’ai gagné le Spi en 2016 avec mon frère et ensuite en 2018 avec mon fils. Une histoire de famille ! Aujourd’hui, il va falloir se remettre en jambes dans la brise. Demain ce sera plus calme, mais beaucoup plus tactique et stratégique. Il va y avoir de la bagarre, on est là pour ça. Nous ne sommes pas du tout complexés face aux pros qui sont là ! »

Olivier Burgaud, IRC double, Aileau (JPK 1010)

« J’ai gagné en 2017 et en 2019 sur mon JPK, je viens défendre mon titre ! C’est indispensable de venir ici voir les copains et se frotter en régate. C’est vrai que quand il y a de la brise, c’est assez sélectif, mais très intéressant. Le Spi, c’est un beau mélange de professionnels et d’amateurs. On s’aperçoit finalement que nous sommes plus habitués à nos bateaux que les pros, notamment les Figaristes. On connaît bien notre support, c’est notre avantage alors qu’eux ne sont pas forcément habitués. »

Luke Berry, Class40, Lamotte Module Création

« J’ai fait quelques Spi Ouest-France en J/80 et un en Diam 24. C’est la première fois avec mon Class 40 qui a été mis à l’eau ici il y a deux. On est 5 équipages dans la catégorie, ça va être chouette, surtout qu’il y a de la brise cet après-midi. Mais avec nos Class40, la brise n’est pas du tout un problème. Sur la Route du Rhum, j’ai pris 55 nœuds. Demain, ce sera intéressant, le vent va tourner, ce sera autre chose. Nous serons quatre à bord, je serai équipier volant. C’est aussi ça le Spi, emmener du monde naviguer. C’est un super évènement nautique d’autant que cette année, nous n’en n’avons pas eu beaucoup ! »

Jonathan Lobert, IRC A, Fareast 28

« C’est la première fois que je participe au Spi Ouest-France, d’habitude au mois d’avril je suis toujours en compétition ! J’ai la chance de naviguer sur un Fareast 28, un nouveau bateau en plein développement. Nous serons trois unités sur le Spi. On va se régaler cet après-midi. En voile olympique, ça a été compliqué cette année, c’est pourquoi je suis content de venir faire de la voile en équipage, ça me change du Finn. C’est toujours génial de changer de supports. A bord, c’est le choc des générations : ça va de 35 à 73 ans. Le Spi, c’est une épreuve mythique, je suis content d’y participer et de mettre un pied dans la course en équipage. »

Jean-Baptiste, Open 570, Citroën Lycée Institution Saint-Malo

« On vient de Saint-Malo pour participer au Spi et on navigue toute l’année sur Open 570. C’est sport dans ces conditions l’Open 570 ! C’est vraiment une super régate, on retrouve une bonne ambiance sur les quais et dans le village. On croise des grands marins. On a vu Jean-Pierre Dick tout à l’heure et Yoann Richomme ! A bord du bateau, nous sommes trois, mais comme nous sommes des poids légers, on sera quatre. »

Des actions environnementales sur les quais de La Trinité-sur-Mer

Des scientifiques explorent et expliquent, des associations et des collectivités sensibilisent et agissent, des professionnels de la mer s’engagent ! A l’occasion du Spi Ouest-France, Océan Bien Commun et la Mairie de La Trinité-sur-Mer organisent chaque jour des temps forts en partenariat avec les associations locales engagées (La Vigie, le Dolmen des possibles, Les mains dans le sable) pour la protection de l’environnement. Plus que des temps d’information sur le stand d’OBC (village du Spi), cette collaboration a permis la mise en place d’actions concrètes comme un marché sans plastique, des ateliers avec des écoles, la présentation de la charte de mouillage de responsable, un nouveau dispositif Mairie et Compagnie des ports du Morbihan ainsi que l’installation d’une plaque d’égout : « La mer commence ici. Ne rien jeter ».

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