Le Maxi Edmond de Rothschild à 40 jours de son début de stand-by
Ce chiffre est dans tous les esprits depuis de longs mois ; 40 jours (23 heures et 30 minutes), c’est précisément le temps que devra battre l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild pour détrôner Francis Joyon et IDEC Sport, les actuels détenteurs. Il s’agit également du temps qu’il reste aux hommes du Gitana Team avant d’être officiellement en stand-by pour leur première tentative sur le Trophée Jules Verne. Dès le 1er novembre, tous les voyants seront au vert pour s’attaquer au record du tour du monde à la voile, que les skippers du dernier-né des Gitana qualifient simplement comme le tour du monde absolu ! Mais c’est à cette date que s‘ouvrira alors une nouvelle « course » avec la quête d’une fenêtre météo optimale pour s’extraire au plus vite des côtes bretonnes et à plus grande échelle de l’Atlantique Nord. D’ici là, fidèles à leurs réputations, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leur équipage répètent inlassablement leur partition et profitent des conditions plus automnales du moment pour éprouver quelques jours encore le géant de 32 mètres au grand large.
Une V4 à l’assaut du Trophée Jules Verne
« Le Trophée Jules Verne est un marqueur technique de notre époque ! Le règlement étant ouvert, il nous permet de partir avec le meilleur bateau que l’humain est capable de faire aujourd’hui », rappelait Franck Cammas. Aux yeux du Gitana Team, ce bateau est aujourd’hui le Maxi Edmond de Rothschild ! Tandis que le géant aux cinq flèches attaque – déjà – sa 4e saison d’exploitation et affiche un potentiel de nouveau en hausse suite aux modifications hivernales, le timing semble idéal pour s’élancer sur son premier tour du monde.
Mis à l’eau en 2017, Gitana 17 ouvrait la voie d’une nouvelle génération de maxi-trimarans. Avec cette accroche « l’ambition de voler autour du monde », le plan Verdier, imaginé et conçu pour s’affranchir des flots en haute mer, affichait clairement la couleur dès ses premiers bords. La mise au point et la casse ont jalonné les premières années de cette machine incroyable tant la rupture technologique enclenchée réclamait une phase d’apprentissage. Mais l’équipe soutenue par Ariane et Benjamin de Rothschild a su relever ce défi et dépasser ses difficultés.
« La Brest Atlantiques a été très riche en enseignements et nous avons su profiter d’un chantier d’hiver malheureusement plus long que prévu pour poursuivre nos optimisations sur la plateforme et dans les systèmes. Il n’y a rien de spectaculaire qui ait changé à bord mais à ce stade de performance c’est bien la somme de petits plus qui crée des grandes avancées. Et là nos gains en vitesse sont vraiment intéressants ! J’ai le sentiment que le bateau est très sain. Le vol amène d’ailleurs de la sécurité même si nous naviguons en permanence à des vitesses très élevées. En mode record, nous bénéficions également d’une première boucle d’asservissement, ce qui est un atout indéniable. Enfin, nous avons particulièrement soigné l’aérodynamisme avec l’ajout de nouveaux fairing que ce soit au niveau de la bôme, de la casquette ou encore des filets avants », détaillait Charles Caudrelier.
Les ingrédients d’un tour du monde gagnant
40 jours 23 heures et 30 minutes… depuis 2017, Francis Joyon et ses équipiers sont sur le toit du monde avec ce chrono incroyable, divisant par deux le premier temps de référence du Trophée Jules Verne établi en 1993. Mais c’est bien cette magnifique performance qui renforce encore plus l’attrait de record mythique et attise les convoitises. Bien que conscients de l’immensité du record qu’ils s’apprêtent à aller chercher, les marins du Gitana Team ne cachaient pas leur envie de faire basculer le chrono sous la barre symbolique des 40 jours.
« Le record actuel est un monument et la performance accomplie par Francis Joyon et ses hommes n’est vraiment pas facile à battre mais c’est bien ce qui rend le challenge super excitant ! Nous savons qu’individuellement nous devrons repousser nos limites très loin pour arriver à une performance collective. Dans notre tentative, il y a beaucoup de paramètres à faire coïncider. Certains que nous maîtrisons et d’autres moins ! »
« On peut résumer en trois grands points les ingrédients nécessaires pour battre le record. En un je dirais la performance du bateau, en deux la fiabilité et pour finir la météo. Concernant le Maxi nous sommes aujourd’hui au niveau que nous nous étions fixés, ce qui est positif. Pour la fiabilité, l’équipe a beaucoup travaillé dans ce sens et maintenant ce sera à nous de savoir où mettre le curseur et de gérer le bateau en conséquence pour un long challenge. La météo est peut-être la partie la plus aléatoire de notre histoire. En 2017, Francis a bénéficié d’une fenêtre incroyable dont ils ont su tirer le meilleur parti. Lors de mon Trophée avec Groupama 3 en 2010, nous n’avions pas eu une belle météo et ça reste vraiment une frustration même si nous avions abaissé le chrono », se rappelait Franck Cammas.
Pour l’analyse et la stratégie météorologique, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild pourra ainsi compter sur la grande expertise de Marcel van Triest. Véritable 7e homme du bord, le routeur hollandais a toutes les cartes en main. Non seulement, il connaît parfaitement le duo de skippers à la barre du Maxi Edmond de Rothschild et a su brillamment les épauler lors de leur première grande victoire à bord de Gitana 17, mais le parcours du Trophée Jules Verne n’a plus beaucoup de secrets pour lui et il en est d’ailleurs l’actuel détenteur avec les hommes d’IDEC Sport.
L’humain au cœur du Trophée Jules Verne
Le tandem Cammas – Caudrelier a décidé très tôt de s’entourer d’un quatuor de marins pour créer un groupe à l’image de celui réuni autour de Francis Joyon en 2017 lors de sa tentative victorieuse.
À ce jour, ce collectif est quasiment au complet mais un nom manque encore sur la liste. À l’issue d’une nouvelle session de navigation de plusieurs jours au large, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild annonceront leur choix définitif. L’équipage sera ainsi connu au plus tard tout début octobre.
« Un tour du monde ce n’est jamais anodin et il y a une dimension humaine très forte dans cet exercice. Le fait que nous soyons parmi les premiers de cette génération de bateaux volants à nous attaquer à ce record ajoute forcément de l’aventure à notre histoire », confiait Charles Caudrelier.
Rompu aux tours du monde en équipage, avec notamment deux victoires à son actif dans la Volvo Ocean Race, le skipper s’élancera cependant sur son tout premier Trophée Jules Verne, tout comme Morgan Lagravière et David Boileau. Le premier est connu et reconnu pour son incroyable toucher de barre et son sens aigu de la glisse tout autant que sa capacité à faire avancer un bateau rapidement, très rapidement. Le deuxième est un des piliers du Gitana Team dont il fait partie depuis plus de dix ans. Homme fort du bord, équipier et technicien hors pair, David Boileau est le boat captain du Maxi Edmond de Rothschild. Bien qu’ayant des parcours très différents, les deux marins ont des points communs : ils se passionnent pour tout ce qui vole, ils seront de quart ensemble sur le tour du monde et ils disputeront leur tout premier Trophée Jules Verne. Ce sont les bizuths du bord que nous vous faisons découvrir à travers un rapide portrait croisé !