La Solitaire du Figaro 2020 s’est achevée ce dimanche par la remise de prix qui, sous le soleil de Saint-Nazaire, a consacré Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), désormais triple vainqueur, Kevin Bloch (Team Vendée Formation), premier bizuth, et Tom Dolan (Smurfit Kappa), qui a reçu le Vivi Trophy du meilleur étranger. Autant de marins qui, comme la quasi totalité des 35 engagés sur cette 51e édition, ont bien l’intention, malgré la difficulté de la course, d’y revenir, l’an prochain ou plus tard.

Elles et ils ont parfois pleuré, souvent maudit les cieux et les éléments, souffert du manque de sommeil et de l’inconfort de leur Figaro Bénéteau 3, mais au terme de la 51e édition de La Solitaire du Figaro, rares sont celles et ceux qui n’envisagent pas de revenir en 2021 ou plus tard pour se frotter de nouveau à l’exigence d’une course pas comme les autres.

« Quand ça s’arrête, on ressent une sorte de gueule de bois. On oublie de le dire, mais c’est quelque chose qui est tellement bon, auquel on devient tellement accro qu’à la fin, on a un peu le sentiment du gamin qui a passé un super week-end et doit rentrer à la maison le dimanche soir parce qu’il y a école le lendemain », explique le plus « capé » de cette édition, Yann Eliès (8e, sur Quéguiner Matériaux-Leucémie Espoir), désormais 19 participations au compteur. Autre accro de La Solitaire, Alexis Loison (Région Normandie), qui vient d’achever sa 15e édition consécutive à la 14e place, ajoute : « On attend La Solitaire pendant un an et en fait, ça passe hyper vite. J’ai l’impression que j’étais à Saint-Quay il y a deux jours. »

L’un comme l’autre l’assurent, cette 51e édition ne sera pas leur dernière. Ce qui les fait revenir à chaque fois ? « Je me dis que l’année prochaine, je m’y prendrai différemment pour tenter de faire mieux, parce que clairement, je ne suis pas content de ma place et que je sens que je suis tellement proche d’un bon résultat. »Même sentiment chez Pierre Leboucher (7e sur GUYOT environnement) : « Quand tu arrives à naviguer devant, tu veux y retourner pour faire encore mieux. Tu commets tellement de petites erreurs que tu as envie de les gommer la fois suivante. »

Quant à Xavier Macaire (11e sur Groupe SNEF), il ajoute : « Quand ça se termine, on se dit vivement la prochaine. Cette année, je sais que j’étais fort, rapide, inspiré, j’avais le mental, mais finalement, La Solitaire ne m’a pas porté chance, donc j’ai envie d’y retourner pour tenter à nouveau ma chance, je me dis qu’un jour, ça sera mon tour. »

Cette année, le tour d’Armel Le Cléac’h, désormais membre du cercle des six triples vainqueurs de La Solitaire du Figaro, est encore venu, mais même après avoir gagné, le skipper de Banque Populaire y revient. « J’y retourne pour voir ce que je vaux sur cette course qui, sportivement, est toujours de très haut niveau. Il y a le risque de prendre des bâches, on se dit qu’on est un peu maso, mais pour moi, le fait de se remettre en question permet de continuer à progresser. »

Même si c’est parfois dans la douleur, comme l’explique Fabien Delahaye (6e sur Laboratoires Gilbert) : « La Solitaire est une épreuve unique, on se met bien dans le rouge, on vit des moments intenses, de très grosse fatigue, pendant lesquels il faut se surpasser, mais on apprend beaucoup de choses sur soi-même. Il n’y a qu’ici qu’on vit de telles choses, donc on a envie de les revivre, ça crée du manque. » Un manque qui arrive vite, au regard de l’Irlandais Tom Dolan, trois participations, 5e au général et vainqueur du Vivi Trophy du meilleur étranger sur Smurfit Kappa : « Il me faut ma dose tous les ans. C’est une course pendant laquelle on passe des jours et des jours les uns à côté des autres à se tirer la bourre et ça se termine avec des écarts minuscules, tu as une espèce d’adrénaline permanente, c’est carrément addictif. » Benoît Mariette (28e sur Génération Senioriales) ajoute : « Si tu fais le bilan d’une Solitaire, tu as plus de moments où tu pleures que de moments où tu jubiles. Mais c’est pour ces rares moments où tu jubiles que tu veux revenir. »

Sur le même registre, le mot de la fin est pour Loïs Berrehar (20e sur Bretagne CMB Performance) : « On parle beaucoup de souffrance, mais ce que je retiens surtout, c’est la grande satisfaction que tu ressens quand tu navigues devant et que tu fais des résultats. Sur cette Solitaire, j’ai montré que j’en étais capable, donc je vais être obligé de revenir pour montrer que je peux transformer l’essai et faire un podium. C’est ce challenge sportif qui te fait remettre ça à chaque fois, c’est là où le niveau est le plus élevé, La Solitaire du Figaro est une référence énorme. »

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