20 000 milles sous la carène
S’il n’a pu participer à la Vendée Arctique, dernière confrontation au long cours avant le Vendée Globe, Alan Roura prendra bel et bien part au Défi Azimut, dernier événement réservé aux IMOCA 60, à partir du 9 septembre prochain. À l’issue de 5 jours de compétition, le skipper de La Fabrique devra valider ses derniers choix en vue de son deuxième tour du monde, qu’il aborde sereinement, à la barre de l’un des bateaux les plus éprouvés de la flotte.
Après 5 transatlantiques à bord de sa monture – acquise en 2017 et constamment modifiée depuis – (3 en course, un record de l’Atlantique Nord en solitaire et un convoyage retour depuis la Guadeloupe), Alan Roura a d’ores et déjà atteint l’objectif de se présenter au départ de son deuxième Vendée Globe dans les meilleures conditions mises à sa disposition. À la tête d’un projet dit « intermédiaire », le navigateur suisse se fixait en effet des ambitions à la hauteur de ses moyens : terminer de la plus belle des façons son deuxième tour du monde en course, en solitaire. Déjà une belle performance pour le jeune homme de 27 ans, de nouveau benjamin de l’édition 2020 de l’« Everest des mers », lorsque l’on connaît les statistiques de la course (47% d’abandon en moyenne sur l’ensemble des précédentes éditions). Or, outre son expérience de 2016 en matière de gestion du bonhomme et sa connaissance des pièges du parcours, Alan pourra compter sur un autre atout majeur que représente la fiabilité de son bateau. Un monocoque datant de 2007 qui a montré, depuis plus de 10 ans, qu’il en avait « sous la carène » (voir Palmarès).
TESTER ET SÉCURISER
Car c’est là que réside le secret de la réussite, toute performance ne pouvant se passer d’un paramètre essentiel : terminer la course. Et lorsque le skipper est également en mesure de mener son monocoque à 100% de son potentiel, l’horizon se dégage encore davantage pour le navigateur genevois. « Je suis bien évidemment impressionné par les vitesses des nouveaux IMOCA, confesse-t-il. Mais je n’ai pas prétention à batailler avec eux aux avant-postes. Je compte sur ma capacité à exploiter totalement les performances de La Fabrique pour tirer mon épingle du jeu auprès des bateaux de génération 2015… en sachant que je peux y aller à fond, sans risquer de tout péter à bord. » S’il se permet cette certaine malice, c’est qu’Alan demeure en effet conscient qu’il n’aura pas à garder la main sur la manette des freins. Dans les tempêtes du grand Sud, là où La Fabrique pourra pleinement s’exprimer, d’autres seront en revanche peut-être tentés de lever le pied afin de préserver leur machine, encore trop jeune ou trop incontrôlable. « C’était notre ambition en achetant le bateau en 2017 que d’avoir le temps de le tester et de sécuriser ce qu’il fallait. On ne part pas pour une transatlantique, mais pour un tour du monde, en passant par les océans indien et pacifique – qui n’ont de ce dernier que le nom ! » Trois ans plus tard, avec notamment un record de l’Atlantique nord en solitaire, dans des conditions rappelant celles des 40 et 50èmes latitudes, « p’tit Suisse » et monocoque ont fait leurs preuves et démontré que leur équation fiabilité/performance fonctionne. En somme, si Alan parvient à boucler son deuxième Vendée Globe en tirant le meilleur du potentiel de son bateau, les résultats seront là…
UN IMOCA AU PALMARÈS ÉLOQUENT
Plan Finot-Conq mis à l’eau en août 2007 pour Armel Le Cléac’h en vue du Vendée Globe 2008-2009, l’ex-Brit Air affiche un très beau palmarès aux mains de son premier skipper (2ème du Vendée Globe 2008, 2ème de la Route du Rhum 2010), avant d’emmener Bertrand de Broc sur deux autres tours du monde, puis un certain Sébastien Audigane (co-skipper de Jörg Riechers) sur la Barcelona World Race 2014-2015. Depuis son rachat en 2017, Alan Roura y a ajouté quelques jolies lignes, dont plusieurs Top 10 sur le circuit IMOCA Globe Series (9ème de la Transat Jacques Vabre 2017, 7ème de la Route du Rhum 2018) et un nouveau record de l’Atlantique Nord.
UN VOILIER DÉDIÉ AU VENDÉE GLOBE 2020
Avec pas moins de 5 transatlantiques majeures à leur calendrier 2017-2020, Alan Roura et La Fabrique n’en oublient pas leur objectif principal : le Vendée Globe 2020. C’est pourquoi leur choix de rachat de bateau en 2017 et de modification en « foiler » en 2018 reposait sur une volonté de fiabilité et de polyvalence, privilégiant ainsi certaines options technologiques typées tour du monde plutôt que traversée de l’Atlantique.
« PETITS » FOILS MAIS GRANDES PLAGES DE PERFORMANCE
Si les IMOCA de dernière génération ou néo-foilers récemment modifiés arborent aujourd’hui des appendices sans limite de tailles, Alan Roura et son équipe ont misé sur un maximum de polyvalence afin de gagner entre 10 à 20% de vitesse en moyenne à toutes les allures. Si La Fabrique décolle ainsi plus tard et moins vite que les monocoques de 2018-2019, ses foils lui garantissent en revanche un gain de performance dans davantage d’allures et conditions de mer. Un atout certain lors des régates au long cours et sur les océans les plus hostiles.
ROBUSTESSE ET POLYVALENCE : LA CLÉ DU SUCCÈS ?
Plus de 10 ans après sa construction, La Fabrique est aujourd’hui un IMOCA à la fois sain et optimisé. Perfectionné au fil des années aux mains de ses précédents skippers puis remis à nu entre celles d’Alan et de son équipe, le monocoque rouge et blanc approche en effet de sa meilleure configuration, tant en termes de solidité que de performance. Rivaliser avec les bateaux construits pour le Vendée Globe 2016, tel sera l’objectif pour ce plan de 2007.