24 heures décisives
Le départ de la deuxième étape de La Solitaire du Figaro a été donné dimanche à 11 heures en Baie de Saint-Brieuc. Si ce parcours de 404 milles s’annonce rapide (environ deux jours et demi), avec notamment un long bord sous spi entre le sud de l’Angleterre et Dunkerque, les premières 24 heures pourraient en bonne partie décider de l’issue de la régate.
Une semaine après un coup d’envoi mouvementé dans de la houle et du vent assez fort, le deuxième départ d’étape de La Solitaire du Figaro 2020 donné en Baie de Saint-Brieuc a été plus clément pour les bateaux spectateurs venus accompagner sur l’eau les 35 solitaires. Ces derniers se sont en effet élancés à 11 heures dans une brise d’ouest-nord-ouest d’une dizaine de nœuds et surtout dans une mer beaucoup moins formée. Direction la bouée de dégagement, franchie en tête au bout de 25 minutes par Adrien Hardy (Ocean Attitude), suivi par le bizuth Erwan Le Draoulec (Skipper Macif 2020) et Tom Laperche (Bretagne CMB Espoir).
La première étape ayant finalement généré très peu d’écarts (28 des 35 marins dans la même heure), tous les prétendants au podium final de cette 51e édition restent dans le match au moment d’aborder ce second tronçon de 404 milles à destination de Dunkerque, via le phare d’Eddystone, au sud-ouest de Plymouth, et le Cap d’Antifer, au nord du Havre. En quittant dimanche à 9 heures le port d’Armor de Saint-Quay-Portrieux pour faire route vers la ligne, la plupart s’accordaient sur le fait de jouer gros lors des 24 premières heures.
Avec son sens de la formule, le triple vainqueur de La Solitaire du Figaro (2012, 2013 et 2015), Yann Eliès, 12e de la première étape sur Quéguiner Matériaux-Leucémie Espoir, résumait ainsi : « Je pense que demain après-midi, on aura le classement de l’étape. La physionomie générale semble assez simple, mais quand on regarde dans les petits détails, il y a moyen qu’elle crée des écarts, notamment en allant vers Eddystone. Tous les ingrédients sont réunis pour éventuellement créer un passage à niveau. »
Même son de cloche chez le double lauréat de la course (2003 et 2010), Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), 4e du parcours inaugural, à seulement 10 minutes du leader, Xavier Macaire (Groupe SNEF) : « La météo s’annonce un peu compliquée jusqu’à Eddystone, avec des variations de vent à négocier, il va falloir être bon pour être bien placé. Une bonne partie du classement sera mise en place lundi, parce que je pense que derrière, avec le grand bord de portant vers Dunkerque, ça sera plus compliqué de revenir. »
Quant à Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019, 7e de la première étape à un quart d’heure du vainqueur), il empruntait au vélo pour insister sur l’importance des 100 premiers milles : « Cette deuxième étape a l’air assez simple, on peut presque parler d’étape de ralliement, mais on a vu cette semaine sur le Tour de France cycliste que sur des étapes où on pense qu’il va y avoir peu d’écarts, il peut finalement se passer des choses. Je pense que ça peut être pareil ici, avec un peu de « mistoufle » qui peut permettre à un mec de partir devant et d’y rester jusqu’à l’arrivée. »
Les jeux seront-ils pour autant faits une fois Eddystone puis la pointe de Startpoint parés ? « C’est clair que le moment-clé est ce bord de près vers Eddystone puis un passage de molle juste après le phare, mais la fin ne sera pas facile non plus, à tirer des bords dans du vent soutenu dans une bande assez étroite sous le DST (dispositif de séparation du trafic, interdit à la navigation) de Calais », estimait Achille Nebout (Be Green Ocean), 17e de la première étape.
Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours Populaire) se méfiait également de la fin de parcours sur un terrain de jeu que la plupart des Figaristes connaissent peu : « Je ne pense pas que ce sera l’étape cruciale de cette Solitaire, par contre, il y a moyen de faire pas mal de bêtises et de prendre cher, notamment de se prendre des pénalités en rentrant dans les zones interdites ou de s’échouer sur des bancs de sable vers Dunkerque. »
Dans ces conditions, tous s’accordent sur un point : ils ne vont quasiment pas dormir en deux jours et demi, entre stratégie sur la première partie, conduite sous spi et positionnement dans la seconde. « C’est clair qu’on ne va pas beaucoup dormir, mais il va quand même falloir trouver des plages de repos, peut-être en entame du bord de près quand le vent sera assez calé, expliquait Achille Nebout. Ce n’est pas facile de dormir en début de course, mais il faudra se forcer un peu, parce qu’à la fin, ce sera impossible avec le DST de Calais, ça va vraiment être chaud. » Et passionnant à suivre…