Le départ de la première étape de La Solitaire du Figaro 2020 a été donné dimanche en Baie de Saint-Brieuc dans une quinzaine de nœuds de vent de nord et une mer formée. Avant de s’élancer, Gildas Mahé s’est fait une grosse frayeur en déchirant sa grand-voile, tandis que sur l’eau, c’est Loïs Berrehar qui a franchi en tête la bouée de dégagement.

C’est un dimanche animé qu’auront vécu les 35 marins engagés sur la 51e édition de La Solitaire du Figaro. La journée a commencé dans la matinée sur le village de Saint-Quay-Portrieux avec une présentation au public sur la grande scène, l’occasion pour la plupart d’évoquer une dernière fois leur état d’esprit avant de rejoindre leur Figaro Bénéteau 3 sur les pontons du port d’Armor.

« Je commence à bien connaître les choses, donc je ne dirais pas que je ressens de l’anxiété, c’est plus de la concentration, commentait ainsi Adrien Hardy (Ocean Attitude), 10 participations et 5 victoires d’étape au compteur. Ce qui est bien dans notre sport, c’est qu’il y a toujours une part énorme d’aventure, c’est ce côté incertitude et le fait de jouer avec les éléments naturels qui font que je reviens à chaque fois. » A ses côtés, Eric Péron, vainqueur de la dernière étape de La Solitaire 2019 sur French Touch, reconnaissait une part de stress, malgré son expérience (8 participations) : « J’avoue que depuis que j’ai fait mon sac hier, j’ai un peu la boule au ventre, je pense que c’est parce que j’ai vraiment envie de bien faire cette année, ça m’angoisse un peu. »

Et les bizuths, sur le point de faire leurs grands débuts sur La Solitaire ? « J’ai fait ma petite séance de sophrologie juste avant de venir, ça va aller », souriait la benjamine de la course (19 ans), Violette Dorange (Devenir), tandis que Marc Mallaret, avec son physique d’acteur et dans un grand sourire, ajoutait :« Bizarrement, je ne ressens pas du tout de stress, je suis assez détendu, j’ai surtout hâte de partir. »

La présentation terminée sous une légère bruine, les 35 solitaires appareillaient alors vers la ligne de départ mouillée au fond de la Baie de Saint-Brieuc, au large de Pordic, mais premier coup de théâtre à peine une heure plus tard : Gildas Mahé était de retour, grand-voile de Breizh Cola déchirée et une immense détresse dans le regard. « Il a été obligé de faire un empannage en urgence pour éviter un concurrent qui a viré juste devant lui, la voile, qui était choquée, est passée très fort d’un côté à l’autre et s’est déchirée », commentait son frère et préparateur, Tangi Mahé.

La solidarité des gens de mer n’étant pas un vain mot, Xavier Macaire proposait aussitôt de prêter l’ancienne grand-voile de Groupe SNEF au deuxième de La Solitaire 2019, qui, grâce à la mobilisation des préparateurs d’autres teams, était installée dans un temps record, permettant à Gildas Mahé de rejoindre la ligne de départ dans les temps !

Une ligne franchie à 13 heures précises par les 35 solitaires – un poil trop vite pour l’Anglais Phil Sharp (Oceans Lab), objet d’un rappel individuel (il a dû faire demi-tour pour repasser la ligne) – dans 15 nœuds de vent de nord-nord-est et un clapot d’1,5 mètre pas évident pour s’amariner. Premier objectif : une bouée de dégagement à laisser à bâbord, 3 milles au nord de la ligne, franchie en tête au bout d’environ 40 minutes par Loïs Berrehar (Bretagne CMB Performance) devant Marc Mallaret (CER Occitanie), et l’un des trois régionaux de l’étape, Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours Populaire).

Au programme des premières heures de course ? « On part sur une nuit un peu compliquée avec 24 heures très molles, ça peut être aléatoire et ce n’est pas forcément évident pour attaquer cette première étape. Il faudra être concentré et opportuniste », résumait le double vainqueur de La Solitaire du Figaro, Armel le Cléac’h (Banque Populaire), Eric Péron concluant : « Cette première nuit va nous cueillir à froid, ce sera d’entrée de jeu une belle foire, on verra bien demain matin ce qu’il en sera. »

Paroles de départ :

Robin Follin (Ville de Sainte-Maxime) :

« Cette nuit, j’ai un peu fait des rêves prémonitoires, mais je ne vais pas les dévoiler ! Je me sens d’attaque, je n’ai pas trop eu le temps d’être stressé parce que j’ai eu beaucoup de choses à faire, j’essaie de prendre cette journée comme un jour départ de course classique. »

Erwan Le Draoulec (Skipper Macif 2020) :

« Je ressens un peu de stress, mais plus de ma première Solitaire que de cette étape, parce que c’est quand même un parcours qu’on a fait souvent. Les conditions de la première nuit ne sont pas mes phases préférées, mais tout ne va pas se jouer là. »

Martin Le Pape (Fondation Stargardt) :

« Il faut gérer le stress du départ au mieux pour éviter que ça tétanise, mais quand on a déjà fait six fois La Solitaire comme moi, on sait à quoi s’attendre. Et une fois que la ligne est passée, il n’y a plus de stress, il n’y a que la compétition. »

Nils Palmieri (TeamWork) :

« Même si c’est ma première Solitaire, je n’ai pas l’impression d’être dans l’inconnu total, parce que ça ressemble au Tour de France à la voile que j’ai fait par le passé, parce que le bateau ressemble beaucoup au Class40 d’où je viens, et parce que je suis déjà monté deux fois au Fastnet. »

Alberto Bona (Sebago) :

« Le début d’étape ne sera pas très facile avec une grosse pétole après les Héaux de Bréhat, le jeu va être ouvert d’entrée, après, on sait bien que La Solitaire est très très longue, il peut se passer beaucoup de choses. Tout le monde a fait un boulot énorme pour qu’on puisse courir cette Solitaire, je voudrais vraiment les remercier, parce qu’on a de la chance d’être là. »

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