Cette première étape de la Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix (197 milles au départ et à l’arrivée des Sables d’Olonne, via Rochebonne et Les Birvideaux) s’annonçait délicate, la faute à un vaste anticyclone planté au milieu du golfe de Gascogne. Le fait est qu’elle a mis les nerfs des concurrents à vif. Ces derniers ont, en effet, dû composer au mieux avec des petits airs erratiques mais aussi des grosses zones de pétole lors des phases de transition. A la clé : d’importants passages à niveau mais aussi de nombreux coups d’élastiques qui ont eu, pour avantage ou inconvénient selon les points de vue, de maintenir sous tension les Ministes jusque dans les derniers milles. Pour preuve, si Tanguy Bouroullec (969 – Cerfrance) et Léo Debiesse (966 – Kelyfos) vainqueurs dans leur catégorie respective, ont réussi à faire un petit break sur la concurrence, derrière, le suspense est resté entier jusqu’au passage de ligne. Au final, chez les Proto, la Russe Irina Gracheva (800 – Canopus) a grillé sur le fil Antoine Perrin (850 – Hydroprocess), le devançant alors de 47 minuscules secondes, tandis que chez les bateaux de Série, Lennart Bürke (943 – Vorpommern) a pris l’avantage sur Fabrice Sorin (968 – Jules) peu après le passage de l’île d’Yeu pour finir avec une marge de dix minutes sur son adversaire. De quoi garantir de la belle bagarre à nouveau sur les étapes 2 et 3 à venir !

« Cette première course a été dure nerveusement, surtout cette nuit après Belle-Ile où le vent s’est littéralement arrêté. Je ne sais pas combien de temps on est resté planté. Il y avait à peine un nœud de vent et du clapot. Ça a été une phase compliquée parce qu’on ne pouvait même pas aller dormir. Le vent était très irrégulier en pression et en direction. Il fallait rester hyper concentré et être sur les réglages en permanence », a commenté Tanguy Bouroullec qui a impeccablement tiré son épingle du jeu lors de ce premier round de la Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix, menant pratiquement de bout en bout les débats. « Cette première place, je n’ai l’ai pas volée. A plusieurs reprises, c’est revenu par derrière. Au final, ça l’a fait et c’est cool », a détaillé le skipper de Cerfrance qui a prouvé que son Pogo foiler était étonnamment à l’aise dans les petits airs. « On a réussi à faire un bateau polyvalent et on arrive, par conséquent, à quand même gagner des courses dans le petit temps. C’était ce qu’on voulait et c’est une satisfaction », a ajouté le Concarnois qui signe aujourd’hui sa première victoire sur le circuit avec ce bateau, et qui ne compte évidemment pas s’arrêter là. En ce sens, il va sans dire que son avance de 48 minutes au classement ce soir sera un atout non négligeable pour la suite de l’épreuve, même si ses concurrents n’ont assurément pas dit leur dernier mot, à commencer par la Russe Irina Gracheva (800 – Canopus). Cette dernière n’a jamais rien lâché, et Antoine Perrin (850 – Hydroprocess) en a fait les frais dans les derniers milles, laissant ainsi échapper la deuxième place pour 47 petites secondes après 2 jours et 4 heures de course. « Entre Yeu et l’arrivée, Irina (Gracheva) m’a repris mille par mille. C’était hyper dur. En fait, j’avais des algues dans la quille, mais je m’en suis rendu compte trop tard. C’est évidemment frustrant de se faire doubler de cette manière, juste à la fin, mais bon, je vais digérer et relativiser car c’est quand même une troisième place à l’arrivée. C’est déjà super de finir sur le podium » a commenté le skipper, 14e de la dernière Mini Transat dans cette même catégorie des Proto. De son côté, la navigatrice Russe ne boudait visiblement pas son plaisir en arrivant au ponton Vendée Globe, en fin d’après-midi. « J’ai compris à peu près dix milles avant l’arrivée que je pouvais aller chercher la deuxième place. Je voyais que j’étais constamment un peu plus rapide qu’Antoine dans cette phase alors j’ai cravaché et ça a payé », a expliqué Irina qui confirme les capacités qu’elle avait déjà montré à la barre de son ancien (au propre comme au figuré) Mini 6.50 en bateaux de Série. « J’ai quand même fait de nombreuses erreurs mais mon but premier sur cette Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix et plus encore sur cette première étape, était d’apprendre et de découvrir le bateau. Ma saison, l’an dernier avec mon bateau Tip-Top, s’était terminée par un abandon dans la Mini Transat après la casse de mon mât. Aujourd’hui, c’est une sorte de revanche et ça me fait plaisir. Cela étant dit, je ne veux pas être trop optimiste car c’est la première des trois étapes, et celle-ci s’est déroulée dans des conditions de vents très légères, plutôt inhabituelles ».

Déjà les étapes deux et trois en ligne de mire

Chez les bateaux de Série, à l’image de Tanguy Bouroullec, Léo Debiesse (966 – Kelyfos) a parfaitement joué son jeu dans le petit temps, signant une victoire avec une avance de plus d’une heure sur son poursuivant le plus proche. « Ce bonus sera un bel avantage pour la suite mais je ne perds pas de vue que ce n’était que la première étape et qu’en plus, c’était la plus courte des trois. Rien n’est fait encore. En tous les cas, c’était une super course. J’ai pris les commandes au début mais je ne les ai pas gardées tout le temps. Je me suis fait doubler à un moment par Fabrice (Sorin, ndlr) qui va très vite, mais j’ai réussi à repasser devant. J’ai tout donné jusqu’au bout parce que je savais que les distances en milles, dans le petit temps, font beaucoup de minutes. Je savais aussi que c’était une phase où c’était tentant d’aller dormir mais qu’il y avait beaucoup à perdre en allant de reposer et beaucoup à gagner en se donnant à fond », a souligné le marin qui ne s’attendait pas à un tel résultat. « J’avais des attentes de performance mais pas de victoire, j’avoue. Je m’étais fixé pour objectif de finir dans le Top 10 de toutes les courses de l’année. Terminer dans le Top 5, ça aurait déjà été inespéré. Je ne pouvais pas rêver mieux ! », a détaillé le navigateur, anciennement moniteur à l’école de voile des Glénans, que l’on avait aperçu déjà la saison dernière sur le circuit Mini 6.50 à l’occasion des courses d’avant-saison. Même satisfaction ou presque pour Lennart Bürke (943 – Vorpommern) qui signe, pour sa part, une prometteuse deuxième place sur sa première course en Mini à la barre de l’ex bateau d’Ambrogio Beccaria, vainqueur de la dernière Mini Transat. « Franchement, ça a été dur nerveusement mais je suis super content de terminer deuxième de ma première course en Mini 6.50. Je ne pouvais pas imaginer un tel résultat pour une première. J’espérais raisonnablement terminer dans le Top 10 alors monter sur le podium, pour moi, c’est une vraie satisfaction. Ça a été une très belle bagarre. A certains endroits, on a bataillé sur une mer d’huile mais c’était impossible de profiter de ces phases pour aller dormir car il fallait rester focus sur les réglages pour tenter de grappiller le moindre mille et surtout éviter de faire des tours sur soi-même », a relaté l’Allemand qui a doublé Fabrice Sorin juste après le passage de l’île d’Yeu, sans doute légèrement avantagé, dans les conditions légères, par la carène de son Pogo 3 par rapport à celle de type scow de son adversaire. « Je savais dès le départ que je ne serai pas avantagé dans le petit temps avec mon Maxi 6.50. J’ai essayé de faire du mieux possible mais Lennart allait peut-être 0,10 nœud plus vite que moi. Je ne pouvais vraiment rien faire A présent, je prie pour que sur les prochaines étapes, il y ait beaucoup de vent pour que je puisse faire décoller cette carène et rattraper le temps perdu », termine le skipper de Jules qui s’alignera, comme les autres, au départ du deuxième acte de la course lundi prochain, à 13 heures.

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