Intègre, authentique, entier, Thomas Ruyant masquait mal mardi 14 juillet dernier sa déception à l’arrivée de la Vendée – Arctique – Les Sables. Souvent au commandement de l’épreuve, auteur de jolis coups tactiques et dans le tempo de ces deux prédécesseurs au classement final, le skipper de LinkedOut, le voiler engagé dans une course au changement sociétal, ne se sent guère payé de retour avec cette troisième place. A l’heure des bilans et autres débriefings techniques, il ne retient pourtant que le meilleur, heureux d’avoir pu disputer non seulement une épreuve exceptionnelle par maints aspects, mais aussi d’avoir pu se confronter de la plus intense des manières à ses principaux rivaux de l’automne prochain. Son bateau, sa course, son comportement personnel sont sources de multiples satisfactions, et son capital confiance ne va cesser d’augmenter ces prochaines semaines quand, à l’issue de vacances bien méritées, il va doter sa monture des version 2 de son jeu de voiles et surtout, de ses foils.

Totalement rassuré…

« Nous avons encore une énorme marge de progression devant nous » assure Thomas Ruyant. « Je suis déçu du résultat de la course, car je pouvais rêver mieux faire, et parce que j’ai aussi fait pas mal de bêtises. » Thomas n’en dira pas plus, et préfère souligner les caractéristiques totalement nouvelles qui entourent désormais l’appréhension et l’analyse des performances et trajectoires de ces Imoca de l’ère nouvelle. « La subite et immense capacité d’accélération de nos bateaux révolutionnent l’analyse des classements de la course au large. A vent quasiment égal, deux voiliers aux réglages radicalement différents peuvent en un clin d’oeil afficher des deltas de vitesse de 4 ou 5 noeuds. Les combinaisons de voiles sont plus que jamais primordiales et peuvent être sanctionnées par d’importants écarts, à l’image de ce qui m’est arrivé lors du sprint final à quelque 100 milles des Sables d’Olonne. La combinaison de voilure, associée à un bon angle de vent, qui m’a permis depuis la marque Gallimard de revenir dans le tableau arrière de Jérémie (Beyou- Charal ndlr), suite à une légère adonnante, n’était plus adaptée pour le final. Un changement de toile sur nos bateaux coûte cher en temps, et je n’ai pas voulu prendre ce risque. Au final, je n’étais plus suffisamment performant pour jouer la gagne ou défendre une deuxième place. » La Vendée-Arctique-Les Sables, avec ses innombrables changements de systèmes météos dus à son parcours Sud-Nord puis Nord-Sud, n’est en réalité guère représentative de ce que les postulants au Vendée Globe vont rencontrer sur tous les océans de la planète. « Je ne suis donc pas inquiet mais au contraire totalement rassuré sur les biens fondés de nos choix de voilure » insiste Ruyant. « On a été dans le match, au contact et on a prouvé la justesse de nos choix en matière d’ergonomie notamment. »

Une nouvelle façon de naviguer

« Nos bateaux sont d’une exigence extrême » poursuit Thomas. « S’amariner n’a pas été facile, mais il est étonnant de constater qu’on s’habitue très vite à tout, au bruit, aux chocs, à la survitesse. On entre relativement vite dans la performance, et c’est grisant. Dès qu’on établit les bons réglages, le bateau accélère avec une violence inouïe. Un coup de pied au cul. La Vendée-Arctique-Les Sables a été usante car personne n’a rien voulu lâcher ! Une véritable étape de Figaro, sans répit, au contact permanent. Mais c’est aussi là que réside le vrai plaisir, quand on est dans la performance, que le bateau réagit parfaitement, et qu’on navigue au plus haut niveau. Pour être prêt mentalement à encaisser ce stress, il faut beaucoup naviguer. C’est ce que je vais m’attacher à faire à partir du 10 août. D’ici là, le bateau va être inspecté sous toutes ses coutures, à sec et en chantier. De nouvelles voiles arrivent, couplées avec la V2 de nos foils. Rien de révolutionnaire de ce côté là, juste des améliorations qu’il faudra valider en mer. »

Source

Articles connexes